Oui oui, je sais, je me mets à l’allemand maintenant. Mais vraiment avec la fin de l’alphabet, on arrive à des lettres compliquées. Un peu de ruse pour parler des fables de Jean de La Fontaine ne fait pas de mal et est bien à propos !
C’est Jean Marie Loire qui me vient à l’esprit quand on parle d’homme mal marié.
Jean Marie Loire est né le 14 mars 1815 à une heure du matin au bourg de Chambost dans le département du Rhône. Ses parents, propriétaires cultivateurs, s’appellent Joseph Loire et Jeanne Marie Blein. Ils se sont mariés en 1812 et ont l’année suivante une petite fille, Charlotte. 7 frères et soeurs les rejoignent les années suivantes, tous nés à Chambost-Longessaigne (Rhône) ou à Panissières (Loire).
Il vit encore à Panissières avec ses parents en 1841. Mais il n’est plus avec eux en 1846. Est-il déjà à Paris ?
Le 18 novembre 1848, il épouse Marie Joséphine Bailly à La Villette (près de Paris). Depuis quand était-il arrivé dans la capitale ? Je n’en sais rien. Comment a-t-il rencontré son épouse ? C’est un autre mystère.
Penchons-nous sur celle-ci.
Marie Joséphine Bailly est née le 24 septembre 1821 à Wizernes dans le Pas-de-Calais. Elle a un frère naturel du côté de son père qui a déjà 18 ans et qui est élevé par sa mère mais qui garde des relations avec son père. Celui-ci s’appelle Jacques Joseph Bailly, il est simple manouvrier, cordonnier aussi. Il a épousé en 1814 Sophie Henriette Barbier, sa cousine issue de germain. Ils ont déjà 2 filles et 1 garçon quand arrive Marie Joséphine. Une autre fille et 2 garçons suivront encore ainsi qu’un enfant mort-né.
Sa sœur ainée Marie Sophie Josèphe s’est mariée en 1834 et est allée s’installer à Esquermes (partie actuelle de Lille). Son frère ainé Florentin Joseph s’est marié en 1841 et vivait déjà à Esquermes. Y sont-ils partis travailler tous les 3 ? Dans tous les cas, tout comme eux, Marie Joséphine Bailly disparait du foyer familial dès le recensement de 1836. Elle a alors 15 ans.
Âgée de 22 ans, exerçant la profession de repasseuse, elle revient chez ses parents accoucher d’une petite fille le 8 janvier 1844. Elle s’appelera Omérine Eloïse Joseph. Deux ans plus tard, lors du recensement de 1846 Marie Joséphine Bailly ne vit pas chez ses parents mais elle leur a laissé sa fille.
À partir de là, deux histoires se dessinent…
Marie Joséphine Bailly est tombée enceinte sur son lieu de travail près de chez ses parents. Après son accouchement elle part à Paris où on ne la connait pas. Elle y rencontre Jean Marie Loire qui non seulement l’épouse mais en plus accepte et reconnait la petite fille de 4 ans comme la sienne.
Marie Joséphine Bailly est partie travailler à Paris où elle est tombée enceinte des œuvres de Jean Marie Loire. Elle rentre chez elle accoucher, confie sa fille à ses parents et rentre à Paris. Quatre ans plus tard, ils se marient et Jean Marie Loire reconnait sa fille.
Quelle que soit la bonne version, Jean Marie Loire reconnait la petite Omérine Eloïse Joseph Bailly et lui donne son nom. Les informations proviennent des mentions marginales de l’acte de naissance de l’enfant
Le jeune couple n’aura pas d’autre enfant, du moins aucun qui ait vécu pour que les actes aient été reconstitués après les destructions parisiennes.
C’est dans l’acte de mariage de Omérine Eloïse Joseph Loire que s’esquisse une éventuelle séparation. La future vit chez son père et sa mère est absente. Et on n’en apprend pas plus si ce n’est qu’il y a eu un acte de notoriété devant le juge de paix. Serait-il trouvable aux archives de Paris ? On pourrait y apprendre depuis quand elle est partie au moins…
Jean Marie Loire vit avec sa fille Ruelle Pelée n°12 en janvier 1862, avec sa fille, son gendre et leur enfant en novembre 1862 Petite Rue Saint-Pierre Amelot n°30, encore avec eux en 1864 Rue du Grenier-Saint-Lazare n°7.
Il est fabricant de vernis et cirage d’après plusieurs sources comme l’Annuaire-almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers : Firmin Didot et Bottin réunis. Il fait faillite le 6 novembre 1862 (sources 1 et 2).
La vie de sa fille bascule ensuite, elle quitte son mari et ses enfants… En 1867, elle n’a que 23 ans et a déjà eu 6 grossesses. Que s’est-il passé ? Peut-être trop d’enfants en peu d’années… Pour en savoir plus c’est par ici – – à la lettre E et dans mon dernier RDVAncestral !
Deux ans plus tard, le 24 juin 1869 Jean Marie Loire meurt Rue Jacob n°47. Il s’agit de l’adresse de La Charité, un ancien hôpital parisien fondé au début du XVIIe siècle. Il est fermé et détruit vers 1935 pour faire place à la nouvelle faculté de médecine.
Un petit tour dans les registres de l’AP-HP me font découvrir qu’il est hospitalisé le 24 avril 1869 pour fièvre. Il est hospitalisé 11 jours pour une bronchite et ressort le 5 mai. Il est à nouveau hospitalisé le mois suivant, il entre le 11 juin toujours pour fièvre. Malheureusement, cette fois-ci, il ne ressortira pas. Il décède le 24 juin d’une phtisie pulmonaire.
J’ai l’idée de remonter le temps pour peut-être trouver une autre hospitalisation et bingo… Il avait été hospitalisé toujours à la Charité du 10 au 20 juin 1867 pour un cancer de la langue ! Si c’était un cancer dans le sens où on l’entend aujourd’hui, il a dû métastaser entre autres vers les poumons (compléments ) d’où peut-être sa bronchite ou phtisie pulmonaire mortelle. Car la phtisie pulmonaire peut aussi bien désigner la tuberculose qu’un cancer à cette époque.
Jean Marie Loire est indiqué veuf lors de son décès en 1869 mais pas en 1867. J’ai longtemps cherché le décès de sa femme Marie Joséphine Bailly à Paris et dans le Pas-de-Calais mais sans réussite.
C’est Filae qui m’a donné la clé avec l’indexation de son décès … et pas du tout avant 1869. Marie Joséphine Bailly est décédée au Havre (Seine-Maritime) le 28 octobre 1897 ! Elle y vivait déjà en 1891 car elle y est recensée gouvernante de Alfred Eugène Rousseau de neuf ans son cadet. Il décède un an après elle.
Jean Marie Loire se pensait ou se considérait comme veuf. Sa femme l’a quitté dès avant 1862 et a vécu plus de 30 ans au loin. Comment a-t-elle vécu pendant ces 30 années ? Mystère… Sa fille Omérine n’est peut-être pas sa fille et donc il n’est sans doute pas mon ancêtre… mais il l’a élevée et a vécu avec elle jusqu’à ce qu’à son tour elle quitte son foyer…
Ce qui est sûr, c’est que le mariage de Jean Marie Loire n’était guère réussi ! Il s’est bien mal marié !