François Louis Gervais dit Péraillot
François Louis Gervais dit Péraillot est un de ces petits parisiens conçu dans des conditions inconnues, mais que sa mère n’a pu gardé. Sa mère s’appelait Louise Joseph Gervais (1805-1834).
L’histoire de François Louis Gervais commence avec sa naissance à la Maternité de Port-Royal le 27 août 1827. Sa mère était entrée 11 jours plus tôt et était à terme. Elle quitta la maternité le 30, soit 3 jours après l’accouchement et sans son enfant. La suite de l’histoire de Louise Joseph Gervais a déjà fait l’objet de 2 articles, l’un ici et l’autre là.
Ce certificat trouvé dans son dossier d’admission nous apprend que François Louis Gervais a été baptisé le jour-même de sa naissance par l’aumônier de la maternité. Sa mère a décidé de l’abandonner, il est enregistré à l’Assistance publique sous le numéro de matricule 3678. Toutes les informations d’identité qu’on y trouve proviennent du certificat de naissance de la maternité.
On y apprend également qu’il est arrivé avec pour seul document cette déclaration de naissance et qu’il était vêtu de la layette de la Maison d’accouchement (Port-Royal). Est également indiqué son envoi à la campagne à Arleuf (Nièvre) le 30 août chez Reine Maratrat, femme Coppin.
Il faut imaginer le trajet de ce nourrisson âgé de 3 jours dans une charrette chargée d’autres petits malheureux en partance pour une autre vie, ou la mort … car beaucoup ne survivaient pas au trajet ou au manque de soin dans les familles qui les accueillaient. Les registres sont plein de ces pauvres enfants qui meurent en bas âge… C’est donc la femme Reine Maratrat qui doit l’accueillir à Arleuf (Nièvre). Qui est-elle ? Une jeune veuve, mariée depuis seulement 2 ans à Pierre Coppin de 20 ans son aîné qui est décédé depuis quelques mois. Elle, elle a 30 ans en 1827 et est mère de Jeanne née en 1826. L’arrivée de ce petit “Paris” dans ce foyer de Montignon doit l’aider à vivre avec le peu qu’elle touchera pour l’accueillir. Mais elle décède en 1830. Il restera placé dans les environs puis il épouse une fille du lieu en 1858, Jeanne Buteau, de Montignon.
Pour ce faire, il demande un certificat d’origine qui lui est délivré le 21 janvier 1858. Cela est indiqué dans sa fiche matricule mais il existe aussi un répertoire alphabétique et chronologique des délivrances de certificat d’origine. Ce peut être un très bon moyen de retrouver un enfant assisté dont on ne connait pas la période d’abandon ou le numéro de matricule car ces deux informations y sont présentes !
François Louis Gervais et Jeanne Buteau ont 5 enfants dont seulement 2 vécurent. Ils accueillent des enfants de l’assistance qu’on découvre dans les recensements de population :
- Charles Jean Federspield né à Paris en 1860 et abandonné la même année, il est présent au foyer Gervais depuis au moins 1872 jusqu’à 1881 ;
- Suzanne Pellé née vers 1851, de l’hôpital de Nevers, présente au foyer en 1872 et 1886 ;
- Augustine Gille née à Paris en 1867, de l’hôpital de Nevers, présente au foyer en 1872 et 1876 ;
- Félix Chaumont, né à Paris en 1875, il est présent au foyer Gervais de 1876 à 1891.
- Jeanne Pellé née vers 1882, présente au foyer en 1891.
Mon ancêtre, leur fille Marie Gervais épouse un de ces “Petits Paris” arrivé de Paris à Arleuf en 1861, Georges Gontier (clic).
Vous aurez remarqué le surnom de Péraillot qui accompagne l’identité de François Louis Gervais, c’est un surnom donné par l’Assistance publique. Cette pratique a eu lieu du 1er janvier 1819 jusqu’au 1er avril 1831 et elle avait pour but de garder secret le lieu de placement et d’éviter ainsi que les parents naturels ne retrouvent leur enfant plus tard lorsque celui-ci est en âge de travailler. Ainsi les parents ne peuvent faire porter les frais d’éducation de leur enfant au département !
Il faut que je vous raconte qu’en recherchant toutes ces informations j’ai eu une grosse frayeur. En effet, sur le registre des envois à la campagne j’ai découvert une bien étrange similitude. Voyez plutôt : François Gervais part à la campagne sous le nom de François Péraillot le 30 8 1827 (il est né le 27 8 1827), il est envoyé à Arleuf. Et sur la même page, plus bas, je découvre qu’un François Gervais né le 27 8bre 1827 est envoyé dans le même village d’Arleuf le 31 8 1827 !
Et encore plus troublante correspondance, cet enfant est envoyé chez la femme Buteau, le nom de famille de la future épouse de mon François Louis Gervais dit Péraillot ! Mon sang ne fait qu’un tour, y aurait-il pu avoir mélange entre les deux enfants ? Un premier point rassurant est que les enfants partent de Paris avec un collier numéroté pour les identifier. Un deuxième point rassurant est que François Pierre Pierrot dit Gervais – oui oui la ressemblance va jusqu’au nom de famille – a eu un devenir sous son identité. Ouf ! Il se marie le 11 décembre 1859 à Saint-Sernin-du-Bois avec une autre enfant abandonnée de Paris.
Mais enfin quelle idée d’avoir donné des surnoms proches des noms de familles à deux enfants ayant presque les mêmes prénoms, une date de naissance aussi ressemblante et de les avoir envoyés dans le même village !
Que sais-je sur les 5 enfants qu’ils ont accueilli ?
Charles Jean Federspield
Il est né enfant naturel à Paris en 1860 et a été abandonné la même année, il est présent au foyer Gervais depuis au moins 1872 jusqu’à 1881. Il se marie à Arleuf en 1883 et y meurt en 1930.
Suzanne Pellé
De l’hôpital de Nevers, elle était présente au foyer en 1872 et 1886, et doit-être la Suzanne Pellé née à Clamecy en 1853 fille de Pierre Pellé et dont la mère, Marie Opportune Coquard est morte à la prison de Clairvaux en 1856 surnommée “Lassaseigne” !
Augustine Gille
C’est une enfant naturelle née à Port-Royal à Paris en 1867. Indiquée de l’hôpital de Nevers, elle était présente au foyer en 1872 et 1876. Elle s’est mariée à Arleuf en 1887 avec Jean Louis Pauchard.
Félix Chaumont
C’est un enfant naturel né à Paris en 1875, il est présent au foyer Gervais de 1876 à 1891. Il meurt à seulement 24 ans à l’hospice de Château-Chinon.
Jeanne Pellé
Elle est née en 1882 à Arleuf et est présente au foyer de 1891 à 1906. C’est la fille naturelle de Suzanne Pellé pré-citée.
Des recherches dans les archives de l’Assistance publique aux Archives de Paris pourraient permettre d’être encore plus précise et peut-être trouver d’autres enfants passés par chez eux.
Un commentaire