Cela faisait bien longtemps, 6 mois, que je n’avais pas connu cette étrange sensation ! Mais voilà, hier soir, à presque minuit, le 3e samedi du mois, j’ai connu un nouveau #RDVAncestral !

J’avais envie de faire un peu de généalogie et j’ai eu l’idée amusante de faire choisir un nombre au hasard à mes enfants. C’est le 424 qui a été choisi et leur sosa correspondant est l’un de mes ancêtres du côté de ma grand-mère paternelle : Joseph Frarin la Michellaz.

Commençons par ce que je connais précisément. Joseph Frarin a vu le jour le 28 octobre 1724 vers midi. Il a été baptisé ce même jour à l’église du village, Viuz-en-Sallaz, au duché de Savoie. Ses parents sont des laboureurs Joseph Frarin l’aîné et Jeanne Gaillard. Ils ont choisi pour ses parrain et marraine, un autre Joseph Frarin qui est un frère cadet du père et Perrine Moget une voisine peut-être.

Baptême de Joseph Frarin – R.P. de Viuz-en-Sallaz (A.D. de la Haute-Savoie)

Il a un grand frère Jean Baptiste qui est son aîné de 3 ans. Un autre garçon l’a précédé en 1723 mais il n’a vécu qu’à peine 2 mois. Suivront 4 autres garçons et 2 filles.

Il a vécu une enfance simple dans une ferme savoyarde. C’est dans la consigne des mâles de 1726 que je découvre la composition familiale. Comme souvent c’est une famille polynucléaire.

Consigne des mâles de 1726 de Viuz-en-Sallaz (A.D. de la Haute-Savoie)

Le patriarche est l’aïeul, François Frarin un laboureur âgé de 63 ans, qui vit non seulement avec sa femme mais aussi avec ses fils et leur famille. Son aîné Joseph âgé de 30 ans est marié et a deux fils Jean Baptiste et Joseph (le mien donc !) âgés de 5 ans et 1 an. Son fils cadet, un autre Joseph, est également marié mais n’a pas encore d’enfants. Il est effectivement marié depuis peu, octobre 1725, et sa femme est déjà enceinte. Un autre fils, Pierre, est enregistré au foyer mais il travaille depuis un an à Thonon comme valet. Il ne reviendra au village que pour s’établir dans son propre foyer en 1729, en cédant ses biens paternels et maternels à ses deux frères.

La tabelle de la mappe sarde permet de connaitre un état des possessions mobiliaires de Joseph Frarin l’ainé en 1730-1731. En vert foncé et brun on retrouve ses terres, sa maison et son grenier sur la mappe elle-même. En vert clair ce sont ses terres en partage avec ses frères.

d’après la Mappe sarde de Viuz-en-Sallaz (A.D. de la Haute-Savoie)

Joseph Frarin grandit donc entouré d’une vaste famille : son grand-père paternel qui meurt l’année de ses 4 ans, sa grand-mère, ses parents, ses sept frères et sœurs, et pour un temps seulement son oncle et sa tante, et les aînés de ses neuf cousins. Je dis pour un temps car lors du “recensement suivant”, ils sont identifiés dans un foyer à part, à la suite.

Lors de cette capitation espagnole de 1743, on retrouve cette composition familiale : Joseph Frarin l’ainé et sa femme Jeanne Gaillard, leurs huit enfants et la grand-mère.

Capitation espagnole de 1743 de Viuz-en-Sallaz (A.D. de la Haute-Savoie)

Le dernier de ses frères nait cette même année 1743 et le père de famille meurt en 1749. L’inventaire après décès de Joseph Frarin l’aîné permet de mieux appréhender leur habitation.

Elle est composée :

  • d’une écurie où se trouvent 4 chèvres poils blanc, 1 vache poil châtain blanche sous le ventre, 1 mulet de 2 ans estropié, 1 mule estropié et 4 brebis,
  • d’une grange occupée par 1 vieux charriot avec toutes ses roues et attelage, 1 charrue avec son chardollet aussi presque usée, 1 traineau de bois, 1 tonneau bois de chêne tenant environ 2 chevallés de bonne valeur
  • d’une cuisine où se trouvent 1 petite scie de bonne valeur, 1 bassin d’eau de cuivre de moitié valeur, 1 poêle à frire de peu de valeur, 1 chaudine usée pesant 7 livres compris tous les fers y nécessaire, un pot à feu de fer de peu de valeur, 1 coquenier de fer avec son couvert pesant le tout 5 livres, 1 pot à feu de gi… de moitié valeur tenant environ 3 pots, 1 crémaillère, 5 foss… à moitié usé, 2 haches une petite et une grande
  • dans le poêle ont été trouvés 3 coffres bois de sapin dont l’un qui est de bonne valeur appartenant à la veuve par son contrat de mariage et les 2 autres de valeur médiocre, 1 buffet d’osier à 4 portes de sapin de bonne valeur, 2 bois de lit de sapin, 6 draps de toile de ménage presque usés, une table longue de noyer avec un banc à côté même bois de moitié valeur, un autre banc bois de sapin de l’autre côté de ladite table, sur le dit poêle trouvé un grand coffre bois sapin par forme de grenier tenant environ 8 coupes de blé de moitié valeur

Comme bien souvent, cet inventaire bien complet cite les papiers de famille récents et d’importance, puis arrivent les biens immobiliers :

  • une maison et grange à deux épueds1 avec un jardin contigu,
  • un chenevier2 avec un verger contigu
  • une pièce de pré de deux seytorées3
  • une pièce de terre d’une pose4 et demi dont une pose ensemencée de seigle
  • une pièce de terre de deux jointes
  • deux jointes de terre
  • une jointe de terre
  • deux autres jointes de terre
  • une jointe de terre
  • autre jointe de terre d’un quart de seytorées

Des terres tenues en ascensement sont ensemencées de seigle et froment.

Mais cet acte apporte une information essentielle, une requête a été déposée devant le juge pour s’abstenir de l’hoirie du défunt. Cet inventaire doit donc servir aux droits dotaux de sa veuve. Elle avait apporté 500 florins (333 livres 6 sols 8 deniers), 5 ducatons5 pour un habit, 14 livres pour 1 génisse et 1 brebis, 6 linceuls6 neufs de toile de ménage, deux habits complets l’un de droguet d’Angleterre7 tout neuf et l’autre de pierrelatte8 à tiers usé, plus un corps à manches de sarge9 de Londres, une chemisette de tridaine10, des manches de ratine11 de fraiche couture, un cotillon de toile avec ses autres menus linges et habits quotidiens. Son futur lui avait octroyé 166 livres 13 sols 4 deniers d’accroit et augment.

Après cette date, Joseph Frarin, le fils, est difficile à cerner car il existe des homonymes dans le village. Le premier acte, que j’ai trouvé, le mentionnant avec certitude est une acquisition de 1770. Il y est mentionné comme ancien soldat militaire dans le régiment de Chablais.

Source : tabellion de Viuz-en-Sallaz – A.D. de la Haute-Savoie

Voilà sans doute la raison de son absence des registres. Le Régiment d’Infanterie provinciale de Chablais a été créé en 1714 et regroupe des soldats du Nord de la Savoie.

Il ne faut pas le confondre avec son frère homonyme de 9 ans son cadet qui lui est parti s’établir à Mirecourt dans les Vosges dès 1759 où il a laissé une descendance.

Joseph Frarin acquiert en 1771 la part d’une maison appartenant pour l’autre moitié à ses neveux, contenant un épued et demi ainsi qu’un jardin de 20 toises. On apprend que la maison est dans un état lamentable, les murailles sont à moitié tombées et les bois du bâtiment presque entièrement pourris. Un état détaillé de la maison et de sa juste valeur est rédigé 4 mois plus tard. Puis il achète une vache. Il est en train de s’installer !

Il se marie finalement en 1776 à 51 ans avec une jeune femme de 19 ans, Marie Dufresne. Je sais peu de choses de sa vie d’époux. Il a une fille Marie en 1777 qui meurt en 1782, un fils Pierre en 1778 et un dernier fils François en 1783, mon ancêtre.

Le 17 mars 1784, il fait son testament suivi de l’inventaire de ses biens. Il pense mourir sous peu et veut ainsi éviter à sa femme les scellés sur leurs biens pour qu’elle puisse continuer à élever leurs jeunes enfants. Il lègue à sa femme le réel et formel usufruit de ses avoirs si elle accepte la tutelle de leurs fils. Après son décès, la tutelle est effectivement entérinée devant le juge local.

L’inventaire fourni la mention d’un grand nombre d’actes passés sous seing privé, de cédules12 et de sentences judiciaires. D’ailleurs j’étais en train de déchiffrer cette longue liste quand j’ai eu un éblouissement. Et voilà c’était le moment… le voyage dans le passé !

Et je me retrouve dans mon salon. Je regarde mon logiciel de généalogie sur l’écran de mon ordinateur et je remarque alors que la veuve de Joseph Frarin s’est remariée le 22 juillet 1788 avec un certain Estienne Gaillard-Pallud qui n’est autre qu’un fils d’un cousin germain de son défunt mari. Elle est justement mère de deux garçons de sa première union et au moment de son remariage avec Estienne Gaillard d’un nouveau-né, une petite fille née 12 jours avant le mariage de ses parents.


#RDVAncestral

Ce projet d’écriture, ouvert à tous, mêle littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante : Je me transporte dans son époque et je rencontre un aïeul. Le troisième samedi de chaque mois, retrouvez ainsi les belles rencontres que vous offrent les passionnés d’écriture :


  1. Mot patois signifiant appentis, petit bâtiment attenant à une
    maison. D’autres définitions parlent de l’étage d’une habitation, ou
    d’une grange soutenue par une seule colonne. ↩︎
  2. Terrain planté de chanvre. ↩︎
  3. Surface de pré qu’un « seyteur » peut faucher en un jour. ↩︎
  4. Surface qu’un laboureur peut travailler en un jour et qui varie selon la nature du terrain. ↩︎
  5. Vieille pièce de monnaie, qui pouvait être d’or ou d’argent et dont la valeur changeait suivant les pays mais était toujours équivalente à la moitié d’un ducat. ↩︎
  6. Pièce de toile. ↩︎
  7. Étoffe toute de laine ou moitié laine, moitié fil employée pour les justaucorps, vestes et culottes (source). ↩︎
  8. Nouvelle étoffe plus légère, la serge de Pierrelatte. ↩︎
  9. Tissu de laine proche de la sayette. ↩︎
  10. Étoffe grossière d’autrefois faite de laine mélangée de lin, de coton. ↩︎
  11. Étoffe de laine ou drap croisé dont le poil est, par cardage, tiré en dehors et frisé de manière à former comme de petits grains. ↩︎
  12. Feuillet de déclaration de revenus. ↩︎

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