J’ai récemment parler de mon arrière-arrière-grand-mère Jeanne Blanche Marie Guincêtre, à présent j’ai décidé de mettre à l’honneur mon arrière-arrière-grand-père, son époux : Jean-Baptiste Biron.
Mon grand-père l’aimait profondément et me transmit une certaine affection pour ce trisaïeul que je ne connus pas. C’était un bel homme ayant un certain charme et de la prestance. Il aima plusieurs femmes mais aussi jouer aux courses, ce qui le démunit…
Une enfant aimé
Les parents de Jean-Baptiste, Pierre Biron et Suzanne Boussuge sont originaires l’un de la Lozère, l’autre du Cantal voisin, ils se marient en 1880 à Espinasse, commune de la mariée, alors qu’ils ont 30 et 17 ans. C’est sans doute un mariage d’amour qui a uni ces deux jeunes gens sans fortune. Si ce n’est le cas, l’amour a dû venir au cours de leur vie commune. Un discret geste d’affection se cache sur une photo de 1903 :
Sept mois après leur mariage, Pierre part s’installer à Paris alors que sa jeune épouse est enceinte d’à peine 2 mois. Son frère cadet Jean-Baptiste Biron l’y a précédé depuis un peu plus d’un an. L’un de leurs jeunes frères, Etienne Prosper Biron, les rejoindra 5 ans plus tard après son mariage en Lozère, où ils reviendra d’ailleurs finir ses jours à la fin de sa vie.
Pierre Biron ne sera donc pas présent à la naissance de son fils Jean-Baptiste à Espinasse le 13 décembre 1881; c’est sa belle-mère, Marie-Jeanne Coste qui a déclaré la naissance. Peu après, son épouse le rejoint à Paris sans doute avec le bébé. Ils habitent 5 rue des poissonniers où s’était installé Pierre à son arrivée l’année précédente ou bien déjà 5 rue de Chartres, 500 mètres plus loin .
Car c’est là qu’ils vivent un an plus tard lors de la naissance de la petite Marie, en janvier 1883 à l’Hôpital Lariboisière. Puis ils auront encore deux garçons en 1884 et 1886 qui ne vivront que 4 mois pour le premier et 15 mois pour le second. Ils restent dans les environs du Quartier de la Goutte d’Or, à la naissance du premier petit frère, ils habitent à presque 2 km de là au 83 rue de La Chapelle toujours dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ils y restent au moins jusqu’en 1887.
En Lozère puis dans le Cantal, Pierre Biron avait exercé les professions d’agriculteur et fermier. Arrivé à Paris, il est journalier comme son épouse en 1883. Entre 1884 et 1887, ils sont frotteur et concierge. Au moment du décès du petit Alphonse Emile, ils sont dits domestiques, l’enfant avait été confié à sa grand-mère sans doute puisqu’il meurt “en son domicile” à Espinasse dans le Cantal.
En 1884, Pierre Biron est frotteur, métier difficile mais qui peut rapporter, fréquemment exercé par les auvergnats.
En 1893, il est marchand de vin, autre profession spécifique des auvergnats. Je les retrouve 21 rue des Maronites dans un tout autre quartier, dans le XXe arrondissement de Paris. Jean-Baptiste Biron a alors 12 ans.
Je viens de découvrir une part de la scolarité de Jean-Baptiste Biron grâce à la mise en ligne des registres d’admission d’élèves des écoles maternelles et élémentaires parisiennes (1848-1973) aux Archives de Paris.
Il est inscrit le 8 octobre 1894 à l’école de garçons 16 rue Julien Lacroix dans le XXe arrondissement de Paris. Il arrive de l’école paroissiale et est inscrit en cours moyen 1ère division 3e classe. Il quitte l’école le 4 août 1895 “s’étant bien amélioré”. Il avait obtenu son certificat d’études le 24 juin précédent.
C’est dans ce milieu que grandit Jean-Baptiste Biron. En 1901, il a 20 ans et vit avec ses parents quelques mètres plus loin, 1 rue du Liban où ses parents vivent encore en 1910. Son père est alors toujours frotteur.
Un mariage d’amour ?
Mais entre temps, Jean-Baptiste est sans doute tombé amoureux d’une orpheline, employée de commerce qui vit de l’autre côté de Paris. Comment se sont-ils rencontrés ? C’est un mystère pour moi à moins qu’elle ne travaillait dans une boutique près de lui. Sur cette photo de mariage on le voit avec à ses côtés sa mère et son père et peut-être sa grand-mère maternelle. Il tient sa jeune épousée par la taille.
L’année suivante, c’est au tour de sa sœur Marie de se marier. Témoin, il est prénommé Louis, qu’il préférait à Jean-Baptiste. Peut-être pour le différentier de son oncle et de son cousin germain homonymes… Et nous retrouvons notre couple :
Un père aimant qui transmet son savoir
Jean-Baptiste Biron exerçait déjà la profession de gantier en 1901, lors de son recensement militaire, mais comment l’était-il devenu ? Cela est bien mystérieux.
Je ne connais pas bien les conditions de sa formation mais je pense qu’il a appris auprès de Henri Jacques Trépier. En effet, deux ans plus tard, à son mariage le 20 juin 1903, l’un de ses témoins est Henri Trépier, 45 ans, fabricant de gants, 23 rue Montaigne à Paris. Et j’ai découvert que cet homme, était officier d’Académie, distinction bien souvent attribuée à des enseignants ou toutes personnes ayant apporté un concours efficace au développement de l’enseignement, à tous les degrés et sous toutes ses formes, ainsi qu’aux membres des Sociétés savantes.
Au moment de la naissance de leurs fils André Pierre Biron le 18 mai 1904, ils vivent 41 rue du Château-d’eau dans le Xe arrondissement et y vivent encore en juillet lors du mariage de la sœur de Jean-Baptiste Biron. Ils sont alors parents depuis 2 mois et ont envoyé leur fils, André Pierre Biron, en nourrice au “pays”, à Saint-Chély-d’Apcher, en Lozère, ou tout près. Peut-être chez son oncle, Etienne Prosper Biron, à Chauchailles ?
Quelques rares photographies de l’époque montre en partie le 41 rue du Château-d’eau car il côtoie la plus petite maison de Paris, le numéro 39. Et deux d’entre elles semble montrer une ganterie, au moins la 2e photographie !
Mais ils ont dû quitter cette adresse peu après car sur les photographies familiales, la boutique semble déjà être celle du 15 avenue Victoria dans le IVe arrondissement. Au vu de l’âge de André Pierre Biron avec sa brouette, 4 ans peut-être, la photographie doit être de 1908 approximativement.
Le magasin se situait sur le flanc gauche du Théâtre Sarah Bernhardt, face à la Tour Saint-Jacques.
Jean-Baptiste Biron y est domicilié de façon certaine depuis son retour de la Grande Guerre en 1919. Une carte d’électeur de 1921 le donne aussi à cette adresse.
On retrouve toute la famille ici, heureuse. Le petit garçon à la chemise et à la cravate blanches est le fils André.
Jean-Baptiste Biron aimait profondément son fils, comme il aimera plus tard son petit-fils et filleul André Baptiste-Jean Biron, mon grand-père. Il transmet sa passion du métier à son fils.
D’ailleurs mon grand-père m’avait montré un petit mot de Sarah Bernhardt qui accompagnait des étrennes qu’elle remettait à mon trisaïeul chez qui elle achetait des gants… Sa boutique était encore à cette adresse bien des années plus tard. Sur cette photographie Jean-Baptiste Biron est avec un ami et son petit-fils et filleul André Biron (1925-2014), mon grand-père.
Vue actuelle de l’emplacement de la boutique devant laquelle a été prise la photo.
Voici son papier à en-tête dont je possède un certain nombre de feuillets.
Pour en savoir plus sur la profession et mes deux aïeux gantiers voir ici .
Un soldat
Le bonheur du couple est mis à mal par la Première Guerre Mondiale, Jean-Baptiste Biron part au combat malgré sa mauvaise vue. J’ai ainsi découvert qu’il était myope avec anisométrie en 1902 avec un œil droit dont je ne comprends pas bien le niveau et un œil gauche avec une acuité inférieure à 1/10. L’examen de 1916 a donné une myopie avec une acuité de OD 4/10 et OG 3/10. Pour en savoir plus sur sa vue voir ici . Il sera blessé à l’Hilsenfirst (Alsace) le 20 juillet 1915 mais reviendra entier.
Il envoie une photo à son fils et à sa femme où il les assure de son affection :
Plusieurs amours
Après son retour de la guerre, entre 1919 et 1924, sa femme est atteinte de troubles qui mènent à son hospitalisation. Elle finira sa vie dans le Lot dans un hôpital spécialisé (voir ici ).
Jean-Baptiste Biron devint proche d’une femme, Mme Gabit et à la fin de sa vie il eut une autre bonne amie Blanche Ernestine Marie Huard qui mourut un an avant lui en 1960. Il leur offrit appartement, boutique… Il avait le cœur sur la main… Et assuma les funérailles de Blanche.
Un aïeul aimant
Jean-Baptiste Biron aimait ses petits enfants qu’il gâta. Mon grand-père me racontait que son grand-père l’emmenait en bateau-mouche, lui offrait des cadeaux, faisait faire des photos à ses frais…
Il vécut une longue vie avant de s’éteindre à 79 ans alors que son fils avait presque 55 ans, son petit fils 30 ans et son dernier arrière-petit-fils 9 ans
Si vous êtes très attentif vous le reconnaitrez dans le bandeau principal de mon site où il est présent avec sa femme, son fils, sa sœur, son beau-frère, son neveu et 3 inconnus…
52 ancêtres en 52 semaines : Semaine 7 – Amour
Lors de la semaine 4 du défi, j’avais choisi de parler de mon arrière-arrière-grand-mère Jeanne Blanche Marie Guincêtre, cette semaine j’ai décidé de mettre à l’honneur mon arrière-arrière-grand-père, son époux : Jean-Baptiste Biron.
Récit très touchant et plein de tendresse.