Succession du couple Denis François GIROUX et Marie Madeleine RONDEAU

Le 6 février 1841 à 11 heures du matin, se sont réunis avec Me Haelig, notaire parisien, les héritiers du couple Denis François Giroux et Marie Madeleine Rondeau, mes ancêtres à la 9e génération. Qui sont-ils ? Découvrons-les …


Il y a tout d’abord leur fille aînée, Antoinette Thérèse Giroux qui était née à Versailles en 1786 et qui demeure depuis quelques années à Saint-Amans-la-Bastide (Tarn) où son mari est jardinier du château du Maréchal Soult, duc de Dalmatie, Ministre de la Guerre et Président du Conseil des ministres. C’est son mari qui va la représenter dans la succession.

Pour une raison inconnue, Jean Louis Prosper Huguenin est de passage à Paris et il est logé par son employeur, le Maréchal Soult à l’Hôtel du Ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique-Saint-Germain.

Source : MC/ET/XXXV/1147 (Archives Nationales)
Hôtel de Brienne, Ministère de la Guerre

Est-il monté à la capitale pour une raison professionnelle ou bien est-il venu spécialement pour le règlement de la succession de ses beaux-parents ?

Le 18 janvier 1841, il rédige une autorisation sous seing privé à son épouse pour constituer un mandataire spécial qui sera chargé de la représenter dans le partage de la succession de sa mère Marie Madeleine Rondeau.

Source : MC/ET/XXXV/1147 (Archives Nationales)

Le document est enregistré à Saint-Amans-la-Bastide le 22 janvier suivant. La poste est bien efficace ! Et Antoinette Thérèse Giroux s’empresse de constituer son mandataire spécial en la personne de son mari, bien sûr ! Elle l’autorise à réaliser toutes les démarches possibles et imaginables dans le cas d’une succession. La signature du notaire sur la procuration est légalisée par le président du tribunal de première instance de Castres le 23 janvier.


Marie Madeleine Giroux, une autre fille du couple née vers 1797 à Paris, se présente autorisée par son mari Philippe Gilbert Lardière. Ce dernier est garçon d’appartement au Château des Tuileries.

Les Tuileries et et Le Louvre vers 1860

Ils demeurent 15 rue de Lille, de l’autre côté de la Seine, juste en face. Mais elle demeure de fait au 12 rue du Croissant, plus au nord. Son mari est assisté de M. Louis Armand Berthier avoué près le tribunal civil de première instance du département de la Seine.

Pour l’anecdote, Marie Madeleine Giroux est hospitalisée aux Incurables le 8 août 1864 et elle y décède le 25 janvier 1865.

L’hôpital Laennec, 1839. Huile sur toile de Corars (Musée Carnavalet)

Une troisième fille, Hélène Giroux, née en l’an II à Versailles, est assistée de son époux Jean Philippe Tétard qui l’autorise à agir pour la succession. Ils demeurent barrière de la Gare, au bureau de l’octroi car il y est employé.


La quatrième héritière, Marie Jeanne Giroux, née en 1799 à Paris, est l’épouse de Pierre Lebon, ouvrier tourneur en bois. Elle est domiciliée de droit avec son mari mais elle ignore son domicile ! Aussi elle est demeure de fait au 5 rue du Pont de Lodi, leur domicile avant sa disparition. Du fait de la défection de son époux, elle est autorisée expressément par jugement de la première chambre du tribunal civil de première instance du département de la Seine rendu par défaut contre son mari en date du 23 janvier 1841, enregistré le 27 janvier. Le domicile de Pierre Lebon étant inconnu, une copie du jugement a été affichée à la principale porte d’entrée de l’auditoire du tribunal civil de première instance de la Seine et une autre copie a été délivrée au procureur du roi au palais de justice.


La présentation des quatre héritières permet d’avoir un aperçu des capacités juridiques de la femme à cette époque.

– Le Code civil organise l’incapacité juridique de la femme mariée. Quels que soient son statut et son régime matrimonial, elle ne peut ester en justice sans l’accord de son mari, sauf si elle est elle-même poursuivie pénalement ou sauf autorisation expresse du juge. Elle ne peut passer aucun contrat (sauf un testament), sans le consentement de son mari, sauf si elle est marchande publique autonome, exclusivement pour les actes de son négoce.
– Le domicile de la femme mariée est obligatoirement celui de son mari. Elle a l’obligation de résider avec lui dans le domicile qu’il aura choisi et de le suivre s’il décide de déménager. Le mari est obligé de la recevoir à son domicile et de l’entretenir.
– Une femme ne peut accepter une succession qu’avec l’accord de son mari, sauf à y être autorisée par un juge. Le mari administre seul les biens de la communauté. Il peut les aliéner, les hypothéquer et les vendre sans le consentement de sa femme.

Criminocorpus

Après cette présentation, voyons leurs parents… (à suivre).

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