Les Chouliac apparaissent à Paris pendant la Révolution Française. Grâce à un cousin, Philippe Braun, qui possède les archives familiales et qui a bien voulu me les numériser, je dresse l’histoire de cette famille : voici le petit-fils !

III) Antoine Louis Alphonse CHOULIAC

I. Son enfance

Il nait le 1er décembre 1832 au 13 Rue Neuve Saint-Martin dans l’ancien 6e arrondissement de Paris. Ses parents présentés dans cet article précédent ne sont mariés que depuis 3 mois et 1 semaine mais se fréquentaient depuis au moins 15 mois. Il est baptisé 2 jours plus tard, le 3 décembre dans l’église Saint-Nicolas-des-Champs. Son parrain est son grand-père paternel, Antoine Chauliac et sa marraine est une de ses tantes maternelles, Marie-Madeleine Manière, homonyme de sa mère et qui demeure alors à Versailles.

Source : Extrait de son acte de baptême alors qu’il avait 10 ans – Archives Braun

Nous possédons aussi le récépissé de sa demande de reconstitution de son acte de naissance  en 1874 suite à la destruction de l’État civil de Paris pendant la Commune.

Source : Archives Braun

Et nous retrouvons sur le site des mormons son acte reconstitué et apprenons qu’il l’a été à partir de son acte de mariage.

Il a 1 an et demi quand nait sa petite sœur Victorine Célestine Octavie le 10 avril 1834. Ils habitent au 20 Rue Montmartre.

À ses 23 mois, ils ont encore déménagés puisqu’ils habitent au 9 rue de La Lingerie. Il est alors vacciné le 18 novembre 1834 par 8 piqûres. Le 25 novembre les médecins constatent 8 boutons, la vaccination est réussie !

Source : Archives Braun

Cette vaccination contre la variole, autrefois appelée petite vérole, était récente mais très importante face à cette terrible maladie !

Vaccination contre la variole (extrait), de Constant Joseph Desbordes (1820)

La sœur de son père, Marie-Hélène Chauliac, était décédée en 1807 à 26 mois de fièvre lente suite de petite vérole après deux mois. Était-ce suite à la vaccination ou au contraire n’avait-elle pas été vaccinée ? Pour en savoir plus sur cette maladie et sa vaccination un bon article à lire par ici.

Il a 3 ans lorsqu’un petite frère, Ernest Edmond, vient agrandir la famille. Ils sont alors domiciliés à Saint-Mandé une ville toute proche de Paris. Mais ils n’y restent pas longtemps et Alphonse Chouliac qui n’a que 8 ans connait déjà son 5e déménagement ! Ils s’installent au 159 rue de Charonne et une nouvelle petite sœur, Victoire Marie, les rejoint le 29 mars 1840 à cette adresse.

Le 25 juillet 1842, Alphonse va sur ses 10 ans, il est l’ainé de 5 enfants avec l’arrivée de la petite dernière, Eulalie Octavie ! Resteront-ils plus longtemps au 47 rue de Charonne ? Toujours pas, les voilà de l’autre côté de la Seine au 11 rue de Lourcine lorsque l’aînée des filles, Victorine Célestine Octavie, décède le 2 octobre 1845.

Il habite toujours, à la veille de ses 20 ans, avec son père et sa belle-mère mais au 87 rue de Montreuil.

II. Ses métiers

Le 29 juillet 1852, il n’a pas 20 ans quand il sollicite un passeport à l’intérieur pour aller de Paris à Versailles comme commis-voyageur.

Source : Archives Braun

En quoi cela consiste-t-il ? Il faut y voir une sorte de commercial actuel, quelqu’un qui voyage pour vendre des produits.

Sept ans plus tard il est ouvrier zingueur. Il exercera cette profession pour le reste de sa vie. Un jour appelé ouvrier zingueur, un autre plombier-zingueur ou encore couvreur ou chaudronnier zingueur mais de quoi s’agit-il ?

Le métier de couvreur parisien est un métier ancien ayant évolué tout au long des siècles. La corporation des couvreurs est mentionnée en 1268, dans le Livre des métiers d’Étienne Boileau, prévôt de Paris, sous saint Louis. En 1327, la généralisation de l’emploi de la tuile puis de l’ardoise amène les couvreurs à avoir leurs propres statuts et traditions. Il faut attendre 1549 pour que les couvreurs plombiers forment une corporation reconnue. Jusqu’au début du XIXe siècle, le plomb, la tuile et l’ardoise restent les matériaux traditionnels des couvreurs parisiens. L’utilisation du zinc sur les toits de Paris commence vers 1830. Son emploi se généralise à partir des années 1850 pour couvrir les toits dits “à la Mansart” des dizaines de milliers de nouveaux immeubles haussmanniens. La conjonction entre la découverte du laminage du zinc, d’une part, et la volonté de Napoléon III et d’Haussmann de reconstruire Paris, d’autre part, a donné naissance au métier très parisien de couvreur zingueur qui œuvre à :

  • la couverture à tasseaux ;
  • la pose d’une gouttière anglaise, qui malgré son nom est parisienne ;
  • la pose des ornements en zinc (dômes, lucarnes, épis, frises, campaniles…).

C’est un métier physique qui demande beaucoup de prudence, d’équilibre, et le respect de nombreuses mesures de sécurité. Les chutes des couvreurs étaient fréquentes. Une chambre syndicale gère cette profession. Elle prend en charge les apprentis à qui elle enseigne la géométrie, le dessin, le métré et les exercices pratiques. Le couvreur-zingueur possède la maîtrise des procédés de fixation, de pliage, de soudure et de jonction du zinc avec d’autres matériaux constitutifs de la couverture parisienne, la tuile, l’ardoise et le plomb. Il a recours à des outils spécifiques : la règle, le compas, le cordeau tinté, la griffe, la batte, les tracettes, les pinces à border, la plieuse ou ourleuse, la planche à border, la patte à ourlet, le crochet rouennais, le moignon… Émile Zola le met à l’honneur dans L’Assommoir en 1877.

Source : « Les savoir-faire du couvreur zingueur Parisien »

III. Son physique

Son passeport de 1852 nous fournit sa description physique alors qu’il a 19 ans.

1852
19 ans
Taille1m55
Cheveuxchâtains
Frontordinaire
Sourcilschâtains
Yeuxchâtains
Nezgros
Bouchemoyenne
Barbenaissante
Mentonrond
Visageovale
Teintordinaire
Signe particulierestropié du petit doigt de la main droite

Nous avons une unique photographie de lui prise peu avant sa mort en 1907. Depuis, une photo d’un inconnu lui a été attribuée ! Voir ici CLIC !

IV. Sa famille

À 26 ans, le 1er mai 1852, Antoine Louis Alphonse Chouliac épouse dans l’ancien 7e arrondissement de Paris, une veuve de 2 ans son ainée, Catherine Caroline Mamy. Elle était née le 18 février 1831 dans ce même arrondissement au 3 Rue des Ballets.

Source : Extrait d’un plan de Paris pendant la Révolution

Elle est fille de Jean-François Mamy, serrurier, et de Marie Jeanne Soels dont nous avons l’immense chance de posséder un tableau dans la famille.

Source : Archives Braun

Son grand-père maternel était un belge installé à Paris dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Jean Baptiste Soels (ou Suls, 1744-1817) était arrivé de Grammont (Geraardsbergen) en Flandres (Belgique) à Paris. Apprenti tailleur d’habits, il avait épousé en 1774 la fille de son maitre puis s’en était séparé en 1781 avant d’en divorcer pendant la Révolution française le 19 germinal an III. Il s’était remarié le 8 nivôse an IV avec Marie-Louise Gérard pour finalement épouser avant 1809 Monique Blandin la grand-mère de Catherine Caroline Mamy.

Catherine Caroline Mamy est la seconde enfant des sept qu’ont eu ses parents. Elle a été baptisée le 20 février 1831 en la paroisse Saint-Paul-Saint-Louis et a eu pour parrain et marraine ses oncle et tante Louis Charles Flary et Catherine Anne Mamy.

Source : Archives Braun

Elle s’est mariée à 21 ans le 1er mai 1852 avec Auguste Vigreux, un facteur d’instruments en cuivre, autrement dit un fabriquant d’instruments de musique en cuivre. Ils ont eu une fille Antoinette Jeanne le 15 avril 1854 qui n’a malheureusement vécu que jusqu’au 14 janvier 1856. Et le 5 octobre 1857 c’était au tour d’Auguste Vigreux de décéder. Catherine Caroline Mamy ne reste pas veuve longtemps, elle épouse à Saint-Maur-des-Fossés le 11 juin 1859 notre Antoine Louis Alphonse Chouliac. Ils ont 26 et 28 ans et auront de nombreux enfants : 11 au total mais seulement 3 qui vivront !

Il y a :

  • Georgette Rose Chouliac 23.01.1860  Saint-Maur-des-Fossés –  29.06.1937 Paris
  • Louise Elize Chouliac 07.05.1862 Saint-Maur-des-Fossés – après 1922
  • Henri Jules Chouliac 04.05.1864 Saint-Maur-des-Fossés – 07.09.1865 Saint-Maur-des-Fossés
  • Marie Alphonsine Chouliac 25.02.1866 Saint-Maur-des-Fossés – 28.09.1941 Bagnolet
  • Louis Eugène Chouliac 28.07.1867 Saint-Maur-des-Fossés – 19.11.1868 Saint-Maur-des-Fossés
  • Henriette Catherine Chouliac 07.03.1869 Saint-Maur-des-Fossés – 17.03.1869 Dargies
  • Julie Caroline Chouliac 07.03.1869 Saint-Maur-des-Fossés – 19.03.1869 Dargies
  • Alphonse Alexandre Chouliac 05.06.1870 Saint-Maur-des-Fossés – 06.07.1871 Saint-Maur-des-Fossés
  • Joséphine Mathilde Chouliac 31.03.1872 Saint-Maur-des-Fossés – 08.07.1872 Saint-Maur-des-Fossés
  • Ferdinand Joseph Chouliac ???

Pourquoi ces ??? pour Ferdinand Joseph Chouliac ? Tout simplement parce que je n’ai ni son acte de naissance ni son acte de décès ! Je vous entends déjà vous demander d’où je le sors alors ?! Eh bien d’un document funéraire trouvé dans le papiers de famille…

Concession de terrain – Source : archives Braun

Outre cette concession en 1880, nous avons les frais d’exhumation, il avait donc été enterré à titre provisoire…

Source : archives Braun

Le 5 juillet 1878, Catherine Caroline Mamy meurt le laissant seul avec ses trois filles de 18 ans, 16 ans et  12 ans.

L’année suivante, le 19 août 1879, il convole en secondes noces avec Marie Henriette Cailletet, une couturière âgée de 41 ans habitant le XXe arrondissement de Paris. Outre les actes nous avons son livret de famille de cette seconde union !

Deux ans plus tard, lors du recensement de 1881, ses trois filles sont absentes du domicile familial. Sont-elles en apprentissage ? En 1886, elles sont de retour Impasse de l’Ormeau à Saint-Maur-des-Fossés avec leur père et belle-mère.

Source : recensement de 1881 (A.D. 94)
Source : recensement de 1886 (A.D. 94)

En 1891, elles sont toutes 3 mariées d’où leur absence à cette adresse.

Source : recensement de 1891 (A.D. 94)

V. La fin de sa vie

Avec sa nouvelle épouse, ils vont s’installer entre 1894 et 1896 à La Houssaye-en-Brie.

Après 1894 parce que j’ai découvert une petite annonce qu’ils avaient fait paraitre dans le Radical du 2 octobre 1894 ! Et à cette date ils habitaient toujours rue de l’Ormeau à Saint-Maur-des-Fossés.

Source : Journal le Radical (dernière page)

Mais ils déménagent avant 1896 car ils sont recensés cette année-là à La Houssaye-en-Brie ainsi qu’en 1901.

Source : recensement de 1896 (A.D. 77)

Vous remarquerez la présence au domicile d’un de ses nombreux petits-fils…

Source : recensement de 1901 (A.D. 77)

Nous avons la carte d’électeur d’Antoine Louis Alphonse Chouliac pour les élections municipales de 1900 à La Houssaye-en-Brie !

Source : archives Braun

En 1903, le 14 septembre, Marie Henriette Cailletet décède âgée de 65 ans en leur demeure au Hameau de La Houssiette.

Antoine Louis Alphonse Chouliac a presque 71 ans. Il part s’installer au Lilas où il décède le 16 février 1907 en sa demeure rue du Château Neuf en présence de ses trois filles.

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