Les Chouliac apparaissent à Paris pendant la Révolution Française. Grâce à un cousin, Philippe Braun, qui possède les archives familiales et qui a bien voulu me les numériser, je dresse l’histoire de cette famille : après le père, le fils !

II) Guillaume CHAULIAC

I. Sa naissance

Il est baptisé à Saint-Germain-l’Auxerrois le 23 août 1807. Malheureusement je n’ai pas encore pu récupéré cet acte, je ne connais donc pas les détails. Il a dû naitre au 10 rue des Prêtre Saint-Germain-l’Auxerrois.

Source : Plan de Turgot – Gallica

II. Ses parents

Tous les détails sur ses parents Antoine Chauliac et Marie Anne Chastang sont par ici dans la première partie.

III. Sa profession

Comme son père, Guillaume Chauliac est porteur de charbon et déclaré tel dans son permis de séjour de 1823 alors qu’il n’a pas 16 ans.

Source : archives familiales de P. Braun

Il est même précisé “porteur de charbon médaillé”. De quoi s’agit-il ? Cette médaille qu’on aperçoit sur cette gravure est la preuve de l’autorisation d’exercer la profession.

Source : Estampe de Vernet, Musée Carnavalet

Nous avons aussi sa commission de porteur de charbon de 1832, alors qu’il a 25 ans, qui indique que sa médaille porte le n°1034. On y apprend que les porteurs de charbon ne peuvent déménager sans en avertir l’inspecteur général. On découvre aussi qu’il est surnommé “Julien jeune”.

Le 29 mai 1835, son employeur Faudrin (64 rue Saint-Antoine) lui délivre un certificat de travail qui vente son travail pendant les 3 années passées à son service comme “garçon de pelle à la manutention du charbon” et qui vente aussi sa moralité.

En 1846, il ne travaille plus comme porteur de charbon, il est employé aux ports. C’est une permission de travailler sur les ports qui nous l’apprend, la médaille qui l’identifie porte le n°1846. Il porte alors le prénom de Julien, son surnom déjà rencontré en 1832.

Source : archives familiales de P. Braun

Cerise sur le gâteau, la voici !

Source : archives familiales de P. Braun

Mais en 1852 il est à nouveau charbonnier.

IV. Ses adresses

Il demeure chez ses parents 10 rue des Prêtres Saint-Germain-l’Auxerrois, au moins jusqu’à ses 16 ans. Ensuite il déménage très souvent !

  • le 25 août 1832, au moment de son mariage, il a quitté le domicile parental et demeure 17 Place du Marché Saint-Jean
  • le 1er décembre 1832, il demeure avec son épouse 13 rue Neuve Saint-Martin
  • deux ans plus tard, le 11 avril 1834, ils habitent 20 rue Montmartre
  • le 18 novembre suivant ils sont au 9 rue de La Lingerie
  • le 17 août 1837, ils ont quitté Paris pour Saint-Mandé, 5 Chemin du Rendez-Vous
  • le 29 mars 1840, ils sont  retournés à Paris, au 159 rue de Charonne
  • le 25 juillet 1842, ils ont déménagé au 47 rue de Charonne
  • le 2 octobre 1845, ils demeurent 11 rue de Lourcine
  • le 30 octobre 1848, ils sont aux 1 rue des Étroites Ruelles
  • le 6 janvier 1852 alors qu’il se remarie, il demeure 57 rue de Montreuil
  • au mariage de son fils en 1859, lors du décès de sa seconde épouse le 11 septembre 1864 et encore à son propre décès le 6 avril 1865 il est domicilié 38 rue des Cendriers.

Que de déménagements !!!

V. Son portrait

Nous avons 3 descriptions physiques le concernant, à 16 ans, 25 ans et 41 ans. Voici leur comparaison avec les 3 symboles suivants :

caractéristique identique
caractéristique différente
caractéristique différente mais ayant pu évoluer avec l’âge, ou petite nuance comme la teinte des cheveux

181618321848
16 ans25 ans41 ans
Taille1m521m651m70
Cheveuxchâtainsbrunschâtains
Frontbasbasbas
Sourcilschâtainsbrunschâtains
Yeuxgrisbrunsgris
Nezépatéordinaireordinaire
Bouchepetitemoyennemoyenne
Barbebrunechâtain
Mentonrondrondrond
Visageovaleovaleovale
Teintpalecoloré

VI. Sa famille

En 1832, il épouse Marie Madeleine Manière mais ils ont rencontré un problème de taille ! Alors qu’ils étaient sur le point de se marier en 1831, Marie Madeleine Manière qui est domestique à Saint-Mandé a été confrontée à un souci de taille, elle n’existe pas à l’état civil ! Née pendant la période révolutionnaire, l’officier d’état civil de sa commune de naissance, Marolles-les-Buis (28), a oublié de transcrire son acte de naissance. Il est créé par un acte du tribunal de Première instance de Nogent-le-Rotrou en date du 4 août 1831 (transcrit dans sa commune) et est donné pour le 30 août 1801. Le mariage ne sera célébré que le 25 août 1832 à la mairie du 7e arrondissement (ancien) de Paris.

Ils ont attendu pour se marier mais ils demeurent alors à la même adresse, elle n’est plus domestique mais ouvrière en schals, orthographe de la première moitié du XIXe siècle de notre actuel mot châle. Et surtout elle est déjà enceinte de 5 mois 1/2 !

3 mois plus tard elle accouche donc de leur fils ainé Antoine Louis Alphonse Chouliac, suivront 4 autres enfants :

  • Victorine Célestine Octavie Chouliac née le 10 avril 1834 et baptisée le 25 mai 1834 paroisse Saint-Eustache qui décède à 11 ans le 2 octobre 1845 ;
  • Ernest Edmond Chouliac né le 17 août 1837 à Saint-Mandé (94) qui aura une descendance et mourra le 12 juillet 1904 au Kremlin-Bicêtre (94) ;
  • Victoire Marie Chouliac née le 29 mars 1840 et baptisée le 19 avril suivant paroisse Sainte-Marguerite qui aura une postérité ;
  • Eulalie Octavie Chouliac née le 25 juillet 1842 et baptisée le surlendemain paroisse Sainte-Marguerite, mourra assez jeune, mariée, mais semble-t-il sans descendance.

Nous avons deux lettres que Guillaume écrivit à sa fille Eulalie. L’une d’elle porte un tampon du 19 avril 1863 et l’adresse indique qu’elle demeurait alors dans la maison de l’œuvre des Saints Anges, passage Dulac n°5 près de la rue Vaugirard.

Une petite recherche m’a permis de découvrir que cette institution avait été créée en 1844 par Madame Dubois, afin de recueillir des petites filles pauvres, orphelines ou délaissées. Le but de l’institution était de les éduquer, de les instruire et de les intégrer au monde du travail. Conformément aux statuts, outre son devoir d’assistance et d’éducation, l’Œuvre se devait d’assurer à ses protégées:

  • instruction primaire
  • formation professionnelle
  • travail convenable
  • patronage à vie
  • hébergement en cas de chômage.

En 1861, par décret impérial du 25 décembre, Napoléon III reconnut l’Œuvre des Saints Anges comme établissement d’utilité publique1. À cette époque déjà, l’institution assurait l’hébergement, l’éducation et la formation de 80 enfants. L’institution existe toujours : Œuvre des Saints Anges.

Il est probable qu’en tant que petite dernière d’une famille peu fortunée, orpheline de mère depuis l’âge de 7 ans 1/2 , elle ait été confiée à cette institution. Dans sa lettre son père évoque les visites mensuelles qu’il lui rend, elle a alors 20 ans et peut-être y est-elle alors employée ?

Devenu veuf le 7 avril 1850 avec le décès de son épouse Marie Madeleine Manière, il se retrouve avec la charge de 4 enfants âgés de 18 et 12 ans pour les garçons et 10 et 7 ans pour les filles.

Il se remarie, 1 an 1/2 plus tard, le 10 janvier 1852. Il a 44 ans et sa nouvelle épouse Marie-Jeanne Gallié, une veuve comme lui, a déjà 64 ans ! Leur mariage dura plus de 12 ans et il devint veuf pour la seconde fois à 57 ans.

VI. Sa mort

Dans cette fameuse lettre, Guillaume Chouliac évoque sa mauvaise santé. Il y fait référence pour expliquer à sa fille qu’il ne lui a pas rendu visite depuis plus d’un mois. Ce 18 avril 1863, il souffre depuis 12 jours de la jambe gauche ce qui l’empêche de se tenir debout et de marcher. Il était déjà malade le mois précédent. Son épouse, “maman” (en réalité la belle-mère), ne peut pas plus lui rendre visite car elle a une mauvaise santé et des étourdissements. Effectivement elle décède l’année suivante le 11 septembre 1864 et il ne lui survit que 6 mois. Il s’éteint le 6 avril 1865 à l’Hôpital Saint-Louis après 2 mois d’hospitalisation. Il souffrait de pneumonie.

Source : 1Q2/136 – AP-HP
Source : 3Q2/31 – AP-HP

Sa succession a été déclarée, mais il laisse une bien faible succession : 660 francs de mobilier…

Source : DQ7 – A.D. de Paris
Source : archives familiales de P. Braun

J’ai enfin pu consulter la déclaration de succession de Guillaume Chouliac. Elle confirme sa faible succession (le document ci-dessus y fait en fait référence) et ses 4 héritiers qui sont ses deux fils et ses deux filles :

  1. Antoine Louis Alphonse Chouliac (1832-1907)
  2. Ernest Edmond Chouliac (1837-1904)
  3. Victoire Marie Chouliac (1840- ?)
  4. Eulalie Octavie Chouliac (1842- ?)

Et voilà une jolie surprise, Eulalie Octavie avec qui Guillaume Chouliac échangeait des lettres en 1863 réside en 1865 en Suisse ! Plus précisément dans le Valais à Choëx. Mais qu’est-ce qui a pu attirer là cette jeune fille de 23 ans ?

Choëx, Valais, Suisse

À la fin du XIXe siècle, les hauts de Monthey ont accueilli nombre de visiteurs illustres venus y chercher air pur et tranquillité. Parmi eux, Gustave Eiffel et Frédéric-Auguste Bartholdi. C’est dès les années 1850-1860 que l’attrait touristique du Valais s’est fortement développé justement ! Le Tout-Paris débarquait à Choëx qui avait su tirer parti de sa situation géographique pour attirer le beau monde qui voulait voir ce fameux massif montagneux. La vue était exceptionnelle. Eulalie Octavie Chouliac accompagnait-elle une famille comme servante, demoiselle de compagnie ou que sais-je ?

VII. Son patronyme

Je finis cette présentation de Guillaume Chouliac avec des remarques sur son patronyme. Son père est né CHAULLIAC, mort CHAULIAC mais sans doute marié CHOULIAC. Il signait CHAULIAC.

Signature d’Antoine Chauliac

Guillaume est baptisé CHAULIAC semble-t-il, mais quand est-il à l’état civil ? Il se marie CHOULIAC et meurt CHOULIAC.

Mais à 16 ans, il signait CHAULIAC avant d’adopter définitivement l’orthographe CHOULIAC dès 1837 !

En 1823, à 15 ans
En 1837, à 30 ans
En 1863, à 55 ans
Date inconnue

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