Jean François Mamy est un petit parisien typique. Il nait au lendemain de la Révolution, sans doute vers 1803 dans l’ancien IXe arrondissement où il grandit dans un milieu modeste. Son père est cocher, sa mère est blanchisseuse et fille d’un simple marinier.
Il grandit dans les quartiers de l’Hôtel de Ville et de l’Arsenal. Au moment du décès de son père il n’a pas 15 ans et ils habitent rue Gérard Boquet.
Je ne sais ni quand ni comment il devient serrurier…
Il se marie en 1826 à Belleville avec Marie-Jeanne Adèle Soels dont le père était un belge tailleur d’habits et la mère était une couturière dont je n’ai pas encore retrouvé l’ascendance.
Marie-Jeanne Soels n’a que 17 ans et est émailleuse (par ici pour en savoir plus).
Ils ont eu au moins sept enfants dont trois leur ont survécu :
- Louis Charles (1828-1882)
- Caroline Catherine (1831-1878)
- Anne Julie (1832-1833) s.p.
- Léonore (1833- ?) s.p.
- Rose Joséphine Charlotte (1834-1909)
- Louis Joseph (1835- ?) s.p.
- Gustave François (1838- ?) s.p.
Lors de leur mariage ils ne possédaient aucun bien immobilier et n’en ont acquis aucun par héritage. Mais ils ont acquis et revendus différents biens de 1834 à 1854 :
- 1834 : achat d’une maison en construction 76 rue des Amandiers pour 1500F
- 1835 : achat d’un terrain 72 rue des Amandiers
- 1836 : rente annuelle et viagère sur une propriété 43 rue des Cendriers pour 150 puis 350F par an
- 1838 : achat d’une maison 74 rue des Amandiers pour 4000F
- 1847 : achat d’un terrain 76 rue des Amandiers
- 1850 : paiement d’un terrain 38 rue des Cendriers pour 600F
- 1853 : vente du terrain 72 rue des Amandiers
- 1854 : achat d’une maison 38 rue des Cendriers
- 1854 : vente du terrain 72 rue des Amandiers
Lors du décès de Jean-François Mamy, la fortune du couple s’élevait à près de 60 000F, répartis de la façon suivante :
- 50 000F pour les maisons 38 et 43 rue des Cendriers, 74-76 rue des Amandiers à Ménilmontant, quartier du Père Lachaise, Paris XXe.
- ~700F de loyers
- ~3000F de mobilier
- ~ 4500F en obligations sur la Ville de Paris, Piémontaises, Ottomanes et actions de lins Malerby
- 40F en liquide.
Le couple vivait au premier étage de sa maison 43 rue des Cendriers, ainsi faite d’après le descriptif:
On y trouvait:
- dans la cave : 25 bouteilles vides dépareillées
- dans la cuisine : 1 fontaine en pierre et 1 seau en zinc, 1 fourneau en brique et faïence, 2 balais, 1 soufflet, pelles, pincettes, 2 cocottes en fonte, 5 chandeliers en cuivre, 1 grill, 1 poêle à frire, 10 pièces en terre et faïence, 10 pièces en fer blanc et fer battu pour ustensiles de cuisine, 7 casseroles, 1 plat, 1 boussole en cuivre rouge, 1 glace dans un cadre en bois peint
- dans une soupente : 1 vieille table, 1 scie, 1 table en bois blanc, 1 marchepied, divers objets
- dans la salle à manger : 1 poêle rond en faïence avec tuyau en tôle, 1 glace dans son cadre doré, 1 pendule en bronze doré sur socle en acajou et sous cylindre en verre, 2 candélabres en bronze doré à cinq lumières, 2 toiles peintes représentant deux paysages dans leur cadre doré, 2 lithographies, 6 petits coloris, 1 baromètre à cadran, 1 table ronde en noyer et ses 6 chaises en noyer, 1 tapis en jonc, 1 armoire en noyer, 6 rideaux de vitrage en mousseline brochée, dans 1 placard 75 pièces : assiettes, plats, soupières, saladiers en porcelaine blanche et décorée, 12 verres, 1 salière, 2 carafes, 1 moutardier et de l’argenterie (1 cuiller à potage, 4 fourchettes, 4 couteaux, 4 cuillers à soupe, 2 timbales, 12 petites cuillers à café)
- dans la chambre à coucher : 1 glace dans un cadre doré, 1 pendule en bronze doré sous cylindre en verre et sur socle en bois peint, 2 coupe en bronze et bronze doré, 2 candélabres en composition, 1 lampe en zinc, modérateur avec son pied en composition, 1 commode en acajou et marbre, 1 armoire à glace en acajou, 1 table à ouvrage en acajou, 1 table de nuit en acajou et marbre, 1 couchette en acajou avec 4 matelas de laine, 1 lit de plume, 1 traversin, 2 oreillers, 1 couverture en laine, 1 édredon, 1 descente de lit, 2 rideaux de vitrage, 2 rideaux de croisée en coton blanc
- dans un cabinet : 1 glace dans son cadre doré à baguette, 1 toile peinte, 1 vieille commode en bois blanc, 1 bain de siège en zinc, 1 fond sanglé sur deux tasseaux, 1 mauvais matelas, 1 mauvais lit de plumes, 1 oreiller, 1 traversin
- linge de ménage : 17 draps en toile, 12 taies d’oreillers, 1 nappe, 1 napperon, 12 serviettes en toile à liteaux bleus, 6 vieilles nappes, 9 vieilles serviettes en toile, 30 mouchoirs de couleur, 12 mouchoirs blanc, 1 couverture en coton, 30 torchons et tabliers
- garde-robes : 1 paire de souliers ordinaires, 1 autre vernie, des paires de chaussettes, 2 gilets de coton, 12 chemises en calicot en mauvais état, 1 pantalon en drap noir, 1 pantalon gris d’été, 1 gilet en drap noir, 1 paletos à côtes noir, 1 pardessus marron et 12 paires de bas, 2 paires de bottines, 3 jupons blancs, 3 autres en laine, 12 chemises en toile, 1 robe d’Indienne, 3 robes dont une de laine, 1 châle de laine fond rouge, 1 autre en mousseline de laine, 2 bonnets, 2 pattes de manche, 2 cols en lingerie
- bijoux : 1 chaîne collier en or, 1 montre en or, 2 brillants d’oreille en or.
Alors ils n’étaient peut-être pas très riches mais c’était une belle évolution sociale pour ce couple d’origine modeste !
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