François Louis Gervais est un de ces petits parisiens conçu dans des conditions inconnues, mais que sa mère n’a pu gardé. Elle est entrée à la Maternité de Port-Royal (en donnant son lieu d’origine, Douai dans le Nord) pour le mettre au monde le 16 août 1827 et il est né à terme le 27. Elle quitte la maternité le 30 et disparait…

Source: Gallica

François Louis Gervais est baptisé le jour-même de sa naissance par l’aumônier de la maternité, sa mère décide aussi ce jour de l’abandonner. Le 30 août il est envoyé à la campagne. Il faut imaginer le trajet de ce nourrisson âgé de 3 jours dans une charrette chargée d’autres petits malheureux en partance pour une autre vie, ou la mort … car beaucoup ne survivaient pas au trajet ou au manque de soin dans les familles qui les accueillaient. Les registres sont plein de ces pauvres enfants qui meurent en bas âge…

C’est la femme Reine Maratrat qui doit l’accueillir à Arleuf (Nièvre). Qui est-elle ? Une jeune veuve, mariée depuis seulement 2 ans à Pierre Coppin de 20 ans son aîné qui est décédé depuis quelques mois. Elle, elle a 30 ans en 1827 et est mère de Jeanne née en 1826. L’arrivée de ce petit “Paris” dans ce foyer de Montignon doit l’aider à vivre avec le peu qu’elle touchera pour l’accueillir. Mais elle décède en 1830. Il restera placé dans les environs puis il épouse une fille du lieu en 1858, Jeanne Buteau, de Montignon.

Jeanne Buteau à la fin de sa vie.

Ils ont 5 enfants dont seulement 2 vécurent. Ils accueillent des enfants de l’assistance qu’on découvre dans les recensements de population :

  • Charles Jean Federspield né à Paris en 1860 et abandonné la même année, il est présent au foyer Gervais depuis au moins 1872 jusqu’à 1881 ;
  • Suzanne Pellé née vers 1851, de l’hôpital de Nevers, présente au foyer en 1872 et 1886  ;
  • Augustine Gille née à Paris en 1867, de l’hôpital de Nevers, présente au foyer en 1872 et 1876  ;
  • Félix Chaumont, né à Paris en 1875, il est présent au foyer Gervais de 1876 à 1891.
  • Jeanne Pellé née vers 1882, présente au foyer en 1891.

Leur fille Marie Gervais épouse un de ces “Petits Paris” arrivé de Paris à Arleuf en 1861, Georges Gontier.

 

Georges Gontier et Marie Gervais

Georges Gontier est le fils de Omérine Eloïse Joseph Loire. Il est le 2e enfant naturel de sa mère, né sous le nom de Georges Loire. Il est né à Paris le 10 décembre 1861, la décision d’abandon est du 17 et il part pour Château-Chinon (Nièvre) le 19 avec une douzaine d’autres enfants. C’est la femme Collin qui va l’accueillir. Ses parents le reconnaissent lors de leur mariage deux mois après mais ne le récupèrent pas. Une lettre échangée plusieurs année après avec sa famille paternelle confirme l’ascendance. Il n’aura connaissance de sa légitimation que bien après, après son mariage et après la naissance de son aînée, il prend alors le patronyme de Gontier.

Entre temps il vit à Arleuf dans la famille Trinquet au moins de 1872 à 1876. Puis il est domestique à Montsauche-les-Settons en 1881 et revient à Arleuf en 1886 où il se marie donc avec Marie Gervais.

Ils ont à leur tour des enfants de l’assistance à leur foyer :

  • Alice Barbet née vers 1895, présente de 1896 à 1911 ;
  • André Avizard né en 1899, présent en 1901 ;
  • Jeanne Pellé née vers 1882, de retour au foyer en 1911.

Son plus jeune frère Fernand Octave Julien Gontier est lui aussi abandonné en 1867 à l’âge de 16 mois et envoyé à l’hôpital d’Autun, à moins de 30 km de son frère !


Réputées pour être de bonnes allaitantes, les femmes morvandelles apportèrent leurs services dès le XIXe siècle, soit chez elles dans le Morvan en accueillant des enfants placés par l’Assistance Publique (Nourrices sur place), soit à domicile dans de riches familles à Paris (Nourrice sur lieu).

Sources :

http://archives.cg58.fr/?id=181_254

http://bernard.lecomte.pagesperso-orange.fr/lormes/morvan/textes/nourrice.htm

http://lemorvandiaupat.free.fr/nourrices.html#parisiens


52 ancêtres en 52 semaines : Semaine 19 – Nourrir

Nourrice, nourrisson… Voilà c’est sous cet angle que j’ai décidé de traiter cette semaine 19.

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