Hier je vous parlais d’Anne Catherine MAMY fille de mon ancêtre Louis Pierre MAMY. En recherchant ses enfants j’ai découvert que l’un d’eux est décédé loin de Paris en nourrice. J’ai alors poursuivi mes recherches et découvert qu’un autre petit-enfant de Louis Pierre MAMY, une fille de son fils Jean François MAMY est décédée de même en nourrice. Voyons cela de plus près.
Jean Pierre LAIGNELET décède à Égry (Loiret) le 16 novembre 1836 âgé de 4 mois 6 jours. Ses parents sont bien identifiés, il s’agit de Louis Zozime LAIGNELET menuisier et de Anne MAMY demeurant Rue Rochechouart n°14 à Paris. La déclaration est faite par son “père nourissier” Ambroise Tondu vigneron de 60 ans. Il était remarié depuis peu avec Elizabeth Victoire DESFORGES de 30 ans sa cadette avec qui il eut plusieurs enfants dont un fils né et décédé le 30 août précédent d’où sans doute la prise en nourrice de cet enfant.
C’est en recherchant les enfants potentiels du couple LAIGNELET / MAMY sur un site généraliste, FILAE, que j’ai découvert cet enfant. Sans cet acte de décès je n’en connaitrais même pas l’existence vu que son acte de naissance n’a pas été reconstitué.
J’ai donc cherché d’autres enfants de la famille pouvant être décédé en nourrice de la même façon et j’en ai découvert plusieurs !
Toujours dans le Loiret, à Estouy, Victor Jules MAMY décédé le 21 août 1839 âgé de 2 mois, est donné né à Paris le 22 juin de la même année. Il était fils de Louis Auguste MAMY menuisier et de Barbe BOUGARELLE demeurant Rue Neuve Saint-Paul n°3 à Paris. Il était en nourrice chez Jean TONDU terrassier de 36 ans.
Puis c’est en Seine-et-Marne, à Bassevelle, le 9 avril 1838 que j’ai trouvé le décès d’Adelphine Eugénie TURMINE âgée de 9 mois. Elle était fille de Louis Pierre TURMINE et de Marie JUY. Louis Pierre TURMINE était le neveu de mon Louis Pierre MAMY et peut-être son filleul ?
J’ai également trouvé le décès d’Anne Julie MAMY au Hamel (Oise) le 28 janvier 1833 chez Ferdinand MORTIER domestique charretier de 34 ans. Elle était âgée de 10 mois et fille de mes ancêtres Jean François MAMY serrurier et Marie Jeanne SOILS demeurant Rue des Ballets n°3 à Paris. 10 mois plus tard sa famille nourricière a un nouvel enfant. Elle même était arrivée après François Uscart MORTIER né fin 1830 dudit Ferdinand MORTIER et de Marie Anne Florence Esther LEVEILLE.
Je cherche encore 3 enfants du couple qui ont dû décéder en nourrice : Léonore née en 1833, Louis Jean né en 1835 et Gustave François né en 1838 mais tous trois décédés avant 1861 et semble-t-il pas à Paris.
À nouveau je trouve deux enfants morts en nourrice, filles de Louis Charles MAMY et de Joséphine Elise LESUEUR :
- Joséphine Julie MAMY décédée le 7 décembre 1859 à Marines (Val-d’Oise) née du 20 novembre précédent.
- Augustine Irma MAMY décédée le 20 janvier 1868 à Coulonges-les-Sablons dans l’Orne née du 2 décembre précédent.
Les jumelles Henriette Catherine et Julie Caroline CHOULIAC sont mises en nourrice en 1869 dans l’Oise. Filles d’Antoine Louis Alphonse CHOULIAC et de Catherine Caroline MAMY, nées le 7 mars 1869 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), elles décèdent respectivement les 17 et 19 mars 1869 à Dargies (Oise) chez Cléophas BRETON, âgées de 10 et 12 jours. On se demande comment il comptait les nourrir, sa femme étant bien enceinte puisqu’elle accouche d’une petite fille Marie Uranie BRETON qui nait et décède le 30 avril 1869 !
Au XIXe siècle, la mise en nourrice est une pratique très répandue, particulièrement dans les grandes villes. Elle ne concerne pas seulement les bourgeois mais aussi les petites gens du peuple. Dans les milieux aisés, l’allaitement est considéré comme une pratique dégradante et animale qui en outre pose des soucis du point de vue des relations entre époux. Une femme ne peut allaiter et accomplir son devoir conjugal. Dans les milieux populaires, ce sont des motifs d’ordre financier qui sont pris en compte. L’allaitement est un obstacle à la reprise du travail tout simplement tout comme la garde de l’enfant. La mise en nourrice à la campagne est alors la solution idéale même si l’éloignement peut être très important. Des bureaux des nourrices régissent l’offre et la demande.
Les parisiens doivent chercher de plus en plus loin des nourrices dont les tarifs correspondent à leur bourse. Les enfants y restent jusqu’au sevrage voir jusqu’à 3 ans ou plus. Leur avenir est incertain, nombreux sont ceux qui décèdent dans ces familles souvent pauvres où ils sont peu soignés. Ils sont avant tout une source de revenus.
Les enfants morts en nourrice traduisent les mœurs de la société de l’époque et l’on peut donc penser sans trop d’erreur que nombre de nos ancêtres parisiens ont été mis en nourrice même si nous n’en avons aucune trace ! Ils ont survécu…
Sources :