11 décembre

En ce 11 décembre, j’ai décidé de parler d’un collatéral Pierre Auguste Traisnel. Pourquoi ? Parce qu’il a eu une vie un peu différente de ce que je rencontre habituellement…Pierre Auguste Traisnel est né à Montgardon dans le Cotentin en 1849. Ses parents, tous deux de jeunes journaliers, lui âgé de 19 ans et elle de 24 ans, ne sont pas mariés. C’est son père qui déclare sa naissance et se reconnait pour père. Il est aussi présent à son baptême et c’est son propre frère qui est le parrain. Il n’y a donc aucun doute sur sa paternité contrairement à son frère aîné maternel, Frédéric Buhot, né 4 ans avant lui de père inconnu.

Source: Familysearch

8 frères et sœurs viendront régulièrement agrandir sa famille mais seulement 3 d’entre eux atteindront l’âge adulte.

Suite à sa conscription, Pierre Auguste Traisnel est insoumis. Il a été jugé apte, il mesure 1 mètre 57. Mais le 1er février 1871, il est signalé insoumis. Il ne s’est donc pas présenté pour son incorporation dans l’armée en août 1870 comme ses camarades. Il a sans doute voulu éviter de participer au conflit en cours, la guerre de 1870 contre les Prussiens. L’a-t-on aidé à se cacher, à fuir ?


Source : A.D. de la Manche

Le Cotentin n’est pas loin de Jersey, une île anglaise à quelques heures de chez lui, à moins de 30 km. Ses grands parents y sont morts et enterrés en 1843 et 1844. Son oncle Jacques Pierre Traisnel y vit peut-être déjà à moins qu’ils soient partis ensemble ? Il décèdera là-bas en 1894. Un autre de ses oncle y vit peut-être encore, il y a eu un fils en 1856.

Pierre Auguste Traisnel est amnistié le 15 mai 1880 en vertu de l’article 3 de la loi du 16 mars 1880 relative à l’amnistie pour les déserteurs et les insoumis des armées de terre et de mer, et est passé dans l’armée territoriale selon ce même article. Il est résidant de Jersey. Il sera libéré définitivement le 1er juillet 1895 mais ne reviendra pas en France. Il est marié à Jersey depuis 1871 et a au moins 8 enfants. Veuf depuis 3 ans, il meurt à Saint-Hélier le 11 décembre 1931 à 82 ans.

Une photo nous est parvenue grâce aux archives de Jersey de la 1ère Guerre mondiale :

Photographie de Pierre Auguste Traisnel

Je lui trouve un certain air de ressemblance avec son frère Bienaimé Jean Traisnel mon 4e aïeul que j’ai présenté le 5 décembre dernier dans cet article là.

Je me suis intéressée à la migration de leurs parents à Jersey entre 1842 et 1843. J’ai trouvé très peu de choses sur internet sur les migrations de cette période à Jersey, juste une petite explication très succincte qui revient régulièrement : Normands et Bretons se rendaient à Jersey pour un travail saisonnier dans l’agriculture et parfois ils s’installaient définitivement et devenaient propriétaires.

Enfin j’ai fini par découvrir une thèse de 2001 de Michel Monteil, Les relations entre la France et les îles anglo-normandes de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Un épisode majeur : l’immigration française à Jersey de 1850 à 1950.

N’ayant pu la consulter dans son intégralité, ayant juste trouvé la présentation ici, j’ai trouvé ensuite et lu sur Wikipédia qu’on y apprend que le travail principal était le ramassage des pommes de terre, dans des conditions de logement très rudimentaires puisqu’on dormait souvent à même le sol et l’on devait faire sa cuisine sur un feu de camp. Ils partaient officiellement pour les 6 à 7 semaines de la saison et les plus entreprenants trouvaient aussi du travail pour l’été et l’automne avec les foins ou la récolte des tomates, puis pour l’hiver pour s’occuper du bétail, ils pouvaient ensuite régulariser leur situation en demandant un visa au consulat de Saint-Hélier. Les plus chanceux sont ainsi devenus agriculteurs avec leur lopin de terre.

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