Recensements militaires des  XVIIIe et XIXe siècles

Après 15 jours d’écriture pour ce #ChallengeAZ 2019 sur la Savoie et ses spécificités , dire qu’elle n’était pas française serait vraiment redondant ! Dire qu’on y trouve des sources spécifiques aussi !

Mais je vais encore le faire pour vous parler de 2 sources de recensements militaires !

1) Recensements militaires : Consigne des mâles

Avant le XVIe siècle, la Savoie n’a pas d’armée permanente, donc pas de recrutement régulier. Jusqu’au début du XVIIe siècle, c’est une armée de métier formée de mercenaires. Pour la seconde moitié du XVIIe siècle, il existe des registres d’assentement, registres d’engagement des soldats volontaires (Série C). N’en ayant pas consulté, je ne pourrai pas en parler aujourd’hui plus que cet article ancien retrouver sur Gallica.

Les ducs de Savoie font ensuite réaliser des recensements d’hommes capables de porter les armes. La consigne des Mâles de 1713 est la plus importante de toutes. Elle résulte d’une ordonnance de Victor-Amédée II, du 24 septembre 1713, prescrivant le recensement des Mâles de ses États pour la formation des régiments provinciaux. Alors qu’ils auraient dû être effectués tous les 6 ans, les seuls parvenus jusqu’à nous sont celui de 1726 pour la Haute-Savoie.

Chaque communauté doit dresser la liste des hommes en âge de servir et désigner des recrues au nombre fixé par les autorités pour chacune d’elle, nombre variable selon les années, mais toujours faible. Si ces jeunes gens sont acceptés lors d’une visite médicale subie à Chambéry, ils touchent dix-huit livres par an, sont exemptés de l’obligation du logement des gens de guerre, des corvées et des impôts locaux, possèdent un équipement renouvelé tous les quatre ans, en échange de quoi ils sont astreints à suivre deux périodes annuelles d’entraînement et naturellement, à servir en cas de guerre. Ce qui ne se produira qu’une fois entre 1713 et 1792 !

Quel est l’intérêt généalogique de ce recensement à but militaire ? Il est multiple puisqu’on a la liste complète des hommes par foyer : reconstitution familiale, migrations, … et toutes les statistiques qu’on peut en tirer …

Voici un exemple pour Viuz-en-Sallaz tiré de la Consigne des mâles de 1726 coté IV C 78 mais qui est incommunicable (le haut de toutes les pages a disparu mangé par les champignons ?), heureusement un microfilm a été effectué, coté 2 Mi 212 (communes de N à V).
La cote IV C 77 – 2 Mi 211 pour le début de l’alphabet (A à M) est en bien meilleur état !

Source : page de la Consigne des mâles de Viuz-en-Sallaz – 2 Mi 212 (colorisé)

2) Registres militaires sardes (1815-1859)

Après l’occupation française, c’est le retour sous le gouvernement du roi de Piémont-Sardaigne. Le recrutement militaire durant la période 1814-1860 est régi par plusieurs lois successives : l’édit du 16 février 1816, le règlement général du 19 juin 1824, les lois d’octobre 1831, juin 1832, 16 décembre 1837, 20 mars 1854, 13 juillet 1857. Tenus par l’administration militaire du royaume, les registres fournissent des informations moins nombreuses et moins détaillées que celles du XXe siècle mais néanmoins utiles.

Ces documents sont classés en série 9 FS aux A.D. de la Haute-Savoie et se composent :

  • des registres matricules au complet des levées successives sur le territoire de l’actuel département de Haute-Savoie, classés par province et dans le registre par mandement ;
  • d’un ensemble de dossiers provenant essentiellement des archives de l’ancienne intendance générale d’Annecy, concernant divers aspects matériels (casernes, fournitures) ou humains (modalités de recrutement, corps spécifiques) de l’organisation militaire de la province.

Atteindre ces registres matricules sans connaitre les cotes est un peu compliqué, voici les étapes y menant :

étape 1 Vous cliquez sur “consulter l’inventaire”
étape 2 Vous arrivez ici et en bas de page vous cliquez sur “Recrutement”
étape 3 Vous arrivez ici et vous cliquez sur “Levées”
étape 4 Vous arrivez ici et vous cliquez sur “Listes de tirage au sort” ou vous conservez ce lien précieusement http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a011400141565dqpHyQ
étape 5 Vous arrivez ici et vous cliquez sur la province de votre choix (il faut connaitre sa géographie historique de la Savoie)
étape 6 Vous arrivez ici et vous cliquez sur l’année de votre choix

Attention : à la différence de la France, la classe est celle de l’année de naissance.
Exemple : un homme né en 1828 est de la classe 1828 !

étape 7 Vous y êtes presque, cliquez sur l’image !
étape 8 Cherchez, en feuilletant, le mandement du village de votre ancêtre…

Maintenant il faudra trouver votre ancêtre ou collatéral ou … dans toutes ces pages !


Aujourd’hui, pour écrire cet article j’ai trouvé mon 4e aïeul Pierre Frarin né en 1807.

Source : 9 FS 62 A.D. de Haute-Savoie

Qu’est-je appris sur lui ? Pas grand chose, son état civil que je connaissais déjà, son aptitude au service mais surtout sa taille ! 37 onces de Piémont 3/4 …

Pour être apte la taille doit être supérieure à 36 onces de Piémont, soit quasiment 1,55 m puisqu’une once équivaut à 0,043 m. J’imagine donc qu’il mesurait 1 m 59. Il est dans la norme de sa fratrie puisque :

  • son frère François né en 1804 mesure 38 onces (1 m 63) ;
  • son frère Claude né en 1811 mesure 38 onces 1/4 (1 m 64) ;
  • son frère Antoine né en 1813 n’a pas été mesuré, il est absent ;
  • son frère Pierre né en 1816 mesure 38 onces de Piémont 3/4 (1m 66).

Et surprise, son frère Claude Frarin est sourd ! Ce que l’état civil ne dit pas…

Source : 9 FS 66 A.D. de Haute-Savoie

Et son frère Antoine a fui le service !

Source : 9 FS 68 A.D. de Haute-Savoie

Pour ses fils recensés après 1860, c’est la France ! Les informations sont plus nombreuses… Et on apprend que ses fils Mathieu et Marie mesurent 1 m 62 et 1 m 61.

Et je vois l’occasion de chercher la cause des reflets roux et des tâches de rousseurs chez mes proches… Mon arrière-grand-père Joseph Pellet-Langlais était châtain-roux, son oncle maternel Marie Frarin a comme marques particulières “rousseurs“. Il faudrait étudier l’ensemble des descriptions des hommes de la famille dans la seconde moitié du siècle pour peut-être retrouver d’autres mentions…

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