Si les choses s’en étaient arrêtées à l’arbitrage de l’évêque, cela aurait été trop beau !
François Montanier dépose une requête contre Jacques Eudé devant le juge du Marquisat de Chaumont qui est enregistrée à Annecy le 25 septembre 1701.
Il explique que le 22 août 1701 il s’est rendu de chez lui à Annecy, à Chessenaz chez son beau-père. Arrivé vers 18 heures, il est entré dans la cour de la maison et a appelé Jacques Eudé. C’est sa mère Jacqueline Bojat qui se présente à la fenêtre pour savoir de quoi il s’agit.
Après lui avoir présenté ses respects, il lui demande si son mari ne serait pas d’accord de terminer amiablement le procès qu’ils ont avec son frère Blaise Montanier dont il est le procureur et s’il accepterait de payer les frais et dépens auxquels il a été condamné par arrêt. Sa mère nie pouvoir payer et refuse de faire des efforts. Il lui répond alors que c’est à contrecœur qu’il fait les démarches mais que Jacques Eudé a tort de s’en prendre au bien de son frère. C’est pendant cette discussion que Jacques Eudé l’a attaqué par derrière lui donnant un grand coup de barre sur la tête qui l’a fait tombé de cheval. Il lui a dit « Par Dieu, bougre de chien, ta lévation je te la baillerais bien ta levation et il faut que je te tue« . Ensuite de quoi il lui donne un autre coup sur les épaules, lui marche sur l’estomac, l’attrape par les cheveux et lui cogne à plusieurs reprises la tête au sol contre une pierre sur laquelle il était tombé. Il y ajoute des coups de poing tant et si bien que François Montanier crie miséricorde et au secours « je suis mort« . Alors Jacques Eudé lui assène encore deux coups de pied en lui disant « bougre lève toi tu n’as pas encore tout ce qu’il te faut ! Viens dans la maison pour me faire quittance de tout le passé et une promesse de ne faire aucune poursuite de ce procès. Je te tuerai.« . Comme François Montanier ne bouge plus, il lui fait les poches (ou sacoches de voyage) sans vergogne, lui prend cinq écus et cinq florins en pièces de monnaie, un écritoire, une flasque, une tabatière avec ses ornements d’argent, son couteau, son livre de prières et son chapelet.
À cause de tout ce bruit, le Sr Delachapelle survient empêchant Jacques Eudé de le tuer mais le voyant en si pauvre état, il prend la fuite à cheval avec un autre qui l’accompagne. Il en est alité pendant 15 jours et réclame des réparations d’autant qu’il a obtenu des inhibitions contre Jacques Eudé.
Quelques mois plus tôt, les deux parties ont soumis leur différend à l’arbitrage de l’évêque de Genève qui a rendu sa décision arbitrale. La partie qui s’est sentie lésée a donc obtenu des inhibitions c’est-à-dire une défense formelle de la troubler dans ses droits. Ainsi l’autre partie est empêchée d’agir contre la sentence arbitrale, ou de relancer une procédure contraire.
Ces inhibitions portent de ne pas l’attaquer directement ou indirectement à peine d’amande. Aussi François Montanier le fait bien évidemment valoir.
Dit-il bien toute la vérité ?
À suivre …


