Le 11 janvier 1698 aux prisons, Hector Montanier fait réponses aux accusations. Il est donc bien toujours emprisonné à Chambéry. Il a environ 45 ans.
Il ne se souvient pas du jour précis des faits mais se souvient être allé chez sa mère à cheval, lequel il a attaché à un arbre du verger puis il est bien entré dans la maison avec ses deux pistolets sous le bras et son manteau sur ses épaules. Il nie avoir fermé la porte, avoir fait du tapage et avoir vu une quelconque servante. Sa mère n’a pas pleuré puisqu’il ne l’a ni insultée ni fâchée, il ne l’a pas non plus menacée et a fait preuve du respect dû à une mère. Il n’est entré que pour lui demandé du blé qui lui a été assigné par ordre du sénateur Chivilliard qu’il n’a jamais pu avoir sa mère refusant tout ce qui est ordonnance et non arrêt du Sénat.
La nuance est importante, une ordonnance est une décision intermédiaire ou préparatoire, rendue par un magistrat isolé, souvent « en la chambre du conseil » tandis qu’un arrêt est une décision finale rendue par la cour, après débats et examen des pièces, jugeant le fond du litige.
D’après l’inventaire des pièces, l’ordonnance du sénateur Chivilliard date du 9 août 1697.
Il nie avoir quitté la cuisine, être allé dans la salle et avoir crié à son frère d’aller voir dans le poêle. Il reconnait avoir dit à sa mère qu’elle ne voulait rien lui laisser mais en parlant du blé. Il nie en bloc toute action dans le poêle ou à propos de coffres ou d’objets volés. Il nie avoir, lui ou son frère, maltraité leur mère la laissant en bonne santé derrière eux. Il nie encore les menaces proférées à l’encontre de leur beau-père absent.
Le même jour et au même lieu, François Montanier fait réponses aux accusations. Il est donc bien aussi emprisonné à Chambéry.
Comme son frère il confesse être entré chez sa mère avec deux pistolets sous le bras. Il a attaché son cheval noir à un pilier de la maison avant cela. Comme lui, il nie toute action néfaste et ne se dit pas assez malheureux pour oublier le respect qu’il doit à sa mère.
Le 13 janvier 1698, ils font savoir en particulier que le couple Eudé a tout intérêt à les faire juger en criminel puisque cela arrête le procès civil qui est en cours (pour leur héritage paternel) alors qu’il lui est particulièrement préjudiciable.
En effet, quand un même fait donne lieu à la fois à une accusation criminelle (délit, injure, violence, vol, etc.) et à une demande civile (réparation, restitution, dommages-intérêts), le procès civil doit être suspendu tant que la justice criminelle n’a pas tranché pour éviter toute contradiction.
Quelle suite sera donnée ?
À suivre …




