Après les présentations, aujourd’hui, nous allons entrer dans le vif du sujet…

D’après Jacqueline Bojat, si elle s’est remariée c’est pour se préserver des exactions de ses fils. En effet, elle accuse ses fils Hector et François Montanier de lui causer des troubles, lui voler de grosses sommes d’argent et certains papiers.

Ses fils, eux, l’accusent d’avoir voulu simuler des contrats pour fondre les biens de son premier mari avec les siens propres et les vendre à son futur époux, quelques jours avant leur mariage en 1695. Dans cette période, elle aurait également jeté ses enfants hors de la maison paternelle à 22 heures à l’aide de 8 gendarmes, sans doute des amis de son nouvel époux justement gendarme. L’un des garçons aurait été gravement battu. Jacqueline Bojat a gardé tout l’argent ainsi que les papiers leur revenant. Ils auraient immédiatement intenté un procès civil pour récupérer les biens de leur père.

Voyons ces fils qui ne sont pas n’importe qui !

Illustration générée par l’IA
  • Spectable Hector Montanier est avocat au souverain Sénat de Savoie. C’est donc un juriste autorisé à plaider devant la plus haute cour de justice du duché, siégeant à Chambéry.
  • Maitre François Montanier, bourgeois d’Annecy, est commissaire d’extentes. C’est un expert judiciaire et fiscal, équivalent à un commissaire aux terriers. J’ai même retrouvé un contrat avec l’un de ses employeurs à voir ici .
  • Maitre Blaise Montanier est chirurgien comme l’était son père.

Tous trois sont donc bien établis professionnellement parlant. Ajoutons qu’Hector Montanier est père de deux filles, François Montanier n’est pas encore marié et Blaise Montanier ne se mariera pas. Ils ont eu un frère Joseph Montanier qui est décédé entre 1689 et 1697 âgé de 17-25 ans.

Les filles Péronne, Charlotte et Marie Montanier sont mariées depuis 1669 et 1686 pour les deux dernières. Elles ne sont guère impliquées dans la suite des événements.

Enfin, pas directement. Mais je constate que Jacqueline Bojat s’est pourvue par requête au souverain Sénat de Savoie le 15 mars 1697 contre son gendre le notaire Claude Aymé Gay (mon ancêtre). Elle a exposé qu’il lui a fait 2 quittances de main privée pour la dot de sa fille Charlotte Montanier : elle aurait versé 35 croisats le 24 juin 1686 et 200 croisats le 25 septembre 1686. Mais la 2e quittance indique qu’elle est sans préjudice de la somme de 450 florins pour le troussel qu’elle a constitué à sa fille dans le contrat de mariage passé devant Me Derobert. Jacqueline Bojat a produit un « rôle de livrances » contenant diverses sommes versées à sa fille Charlotte Montanier et à son gendre Claude Aymé Gay mais il conteste avoir rien reçu du troussel.

Le 8 juin 1699, ils s’entendent finalement à l’amiable pour éteindre le procès : elle promet de verser 700 florins monnaie de Savoie pour les 450 florins du troussel et le surplus pour tous droits sur son hoirie. Les 450 florins seront payés de ce jour en 3 ans et le reste après son décès (tabellion de Chaumont 1699 – 6 C 662).

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Vu l’accord qui est tout à son détriment, on peut penser qu’elle a effectivement essayé de ne pas payer la dot de sa fille ! D’ailleurs l’a-t-elle vraiment payée ? Son gendre et sa fille meurent tout juste 3 ans plus tard et elle-même décède l’année d’après…

Elle sera bien moins conciliante avec ses fils, mais ils seront aussi bien moins délicats sans aucun doute.

À suivre…

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