Aujourd’hui, revenons à Jehan Montanier (1618-1686) présenté hier avec sa famille
. Et nous allons surtout nous intéresser à sa femme Jacqueline Bojat…
Quand Jehan Montanier décède, il laisse sa veuve Jacqueline Bojat âgée de 59 ans en charge de leurs enfants. Leurs ainés sont déjà à l’âge adulte et mènent leur vie. Il reste deux filles à marier, Charlotte et Marie, qui seront mariées avant la fin de l’année.
Jacqueline Bojat est semble-t-il une femme de caractère. Elle gère ses biens propres et a géré ceux de son mari aussi bien que les gains de sa profession tandis que lui se consacrait à son métier de médecin et chirurgien. C’est explicitement dit dans des actes judiciaires que je vais bientôt vous présenter.
Jacqueline Bojat est l’une des dernières nées de ses parents et sans doute la seule a atteindre l’âge adulte.
Son père est Pierre Bojact, un maître chirurgien de Chessenaz. Il semble avoir exercé auparavant à Thônes où il est cité en 1605 :
Étrangement ou non, un certain Michel Burnet y est à son tour chirurgien en 1637 alors que la femme de Pierre Bojact est justement une Burnet. Peut-être sont-ils apparentés ? Pierre Bojact se serait marié dans une famille de chirurgien de la région de Thônes ? Ou est-ce simplement un hasard et c’est une Burnet de Chessenaz ou de ses environs ? Mystère.
Un autre mystère demeure. Pierre Bojact et son épouse Loyse Burnet ont des enfants dès avant 1611 et peut-être même avant 1600 alors il semble peu probable que Jacqueline Bojat soit la fille de Loyse Burnet. Pierre Bojact s’est peut-être marié une seconde fois après 1616 et avant 1631 avec une femme dont le nom ne nous est pas connu… En effet, d’après des actes plus tardifs, on sait que Jacqueline Bojat a dû naitre en 1627 ce qui donnerait une fécondité à Loyse Burnet un peu trop longue. À moins que les premiers enfants soient ceux d’une première femme inconnue encore et que Loyse Burnet ait été mère de 1612 à 1627 ?
Pierre Bojact se remarie finalement une dernière fois le 24 janvier 1631 à Clermont avec Clauda Mottaz fille de Claude.
À cause des manques dans le registre de Chessenaz entre 1619 et 1629 et de 1632 à 1660 je ne peux retrouver ni la naissance de Jacqueline Bojat ni le décès de son père Pierre Bojact. À ce jour, je ne connais donc pas sa mère.
Par contre si c’est bien cette Clauda Mottaz qui se remarie en 1635 avec un autre maitre chirurgien, Claude Honneste de Rumilly, on peut établir le décès de Pierre entre 1631 et 1635 ! Claude Honneste habite toujours Chessenaz en 1650 et son épouse décède le 15 octobre 1650.
Lors de la visite pastorale de Mgr de Sales évêque de Genève le 22 juin 1633, il est question des hoirs de Pierre Bojat, il est donc déjà décédé et l’on peut donc dire qu’il est décédé entre janvier 1631 et juin 1633.

Jacqueline Bojat n’avait donc tout au plus que 6 ans voire seulement 4 ans au décès de son père et moins de 4 ans à celui de sa mère. Son mariage avec Jehan Montanier nous apprend que son père Pierre Bojact avait nommé son frère François Bojact pour l’administration de la personne de Jacqueline Bojat et de ses biens. Jehan Montanier est cité lors de la visite pastorale de 1666 comme possesseur des bien du feu Pierre Bojact, ce qui est logique puisqu’il épouse l’héritière des terres. Elle semble être la seule enfant de son père.
Révérend messire François Bojact est protonotaire du Saint-Siège et curé de Seyssel de 1598 au 20 août 1651. Avant de résigner sa cure, François Bojact décline comme le montre cette signature très malhabile de janvier 1651.
Il meurt finalement à Seyssel en juillet 1652 fort âgé. En 1592, on sait qu’il n’était que clerc de Seyssel. Il est probablement né dans les années 1570.
Il a élevé plusieurs de ses neveux et nièces, outre Jacqueline Bojat, je relève Claudine Bojact (1604- ?) religieuse du monastère de Notre-Dame de Compassion de Seyssel, sa nièce et fille de son frère Claude Bojact décédé entre 1606 et 1608. Il a aussi été tuteur de son neveu François Bojact (1606-1628) fils du même.
À l’âge de 68 ans, Jacqueline Bojat, veuve de Jehan Montanier, convole en secondes noces avec un gendarme étranger, Jacques Eudé, le 4 juin 1695. Ils font rédiger leur contrat de mariage le même jour. Jacqueline Bojat se constitue en dot la totalité de ses biens et en outre elle donne à son futur époux 3000 florins. Jacques Eudé fait rédiger son testament dès le lendemain. Il lègue à son épouse tous les fruits et usufruits de ses biens. Il choisit pour son héritier universel noble et puissant seigneur messire Mauris Amédée de Bailliand seigneur de Moisier.
Non seulement Jacques Eudé n’a pas de biens, mais en plus il a quelques 35 ans de moins que son épouse ! Il est même plus jeune que les fils ainés de celle-ci !
Tout est réuni pour que la mésentente familiale éclate !
À suivre…







