Voici venu le temps du Calendrier de l’Avent. Cette période va être l’occasion de vous présenter les Montanier de mon ascendance et les conflits qu’ils vont rencontrer…

Mon passage aux A.D. de l’Ain à Bourg-en-Bresse a été plus que fructueux ces dernières vacances ! Je n’y suis restée qu’un jour 1/2 mais j’ai ramené des photos d’actes notariés de Seyssel concernant mes ancêtres Montanier. Je peux enfin reconstituer ma généalogie de cette famille avec certitude.

Je vais donc commencer aujourd’hui par une présentation de mon ascendance Montanier sur 5 génération pour situer un peu la famille avant d’entrer demain dans le vif du sujet : du rififi chez les Montanier !


1ère génération – Charlotte Montagny

La première est Charlotte Montanier plus connue durant sa vie d’épouse à Vulbens (au sud de Genève) dans le duché de Savoie, sous le nom de Charlotte Montagny. Elle est née et a été baptisée le 9 octobre 1665 vers minuit puis a été baptisée le même jour à l’église de Chessenaz plus au sud et à l’ouest d’Annecy.

Vulbens, Chessenaz et Seyssel au Duché de Savoie

Charlotte Montanier a ensuite reçu les cérémonies baptismales à l’église le 29 août 1666.

R.P. de Chessenaz

L’acte porte le nom de Montannier mais il s’écrit habituellement avec un seul n. Sa marraine est une autre Charlotte Montannier, une cousine peut-être ?

Elle s’est mariée le 8 juin 1686 à Chessenaz avec Jean Aymé Gay, un notaire de Vulbens.

R.P. de Chessenaz

Son père Jean Montanier était décédé depuis le 9 mars précédent. C’est logiquement sa mère, Jacqueline Bojat qui fournit la dot.

Charlotte Montagny et son mari ont 7 enfants et meurent en 1702, laissant 5 enfants mineurs, les filles âgées de 15, 13, 5 et 1 ans et le garçon âgé de 8 ans. Une tutelle a dû être mise en place mais je ne l’ai pas encore retrouvée.

R.P. de Vulbens

2e génération – Jean Montanier

Jehan Montanier est né le 18 novembre 1618 à Seyssel. Cette paroisse a la particularité d’avoir une histoire assez mouvementée entre royaume de France et duché de Savoie, j’y reviendrai.

R.P. de Seyssel

Il y a vécu jusqu’à son mariage le 14 février 1649, à Chessenaz, avec Jacqueline Bojat.

Jehan Montanier était bourgeois de Seyssel ce qui n’est pas un simple titre.

En effet, contrairement aux simples habitants non bourgeois et aux habitants des hameaux, les bourgeois jouissaient de privilèges importants :

  • le droit de vendre leur vin aux hôteliers et cabaretiers de fin octobre à fin avril,
  • le privilège de ne payer la dime en vin au curé qu’à la cote 60 (1 litre sur 60) au lieu de la cote 30.
  • exemption du paiement de la leyde (au profit du prince) sur les grains vendus au marché.

Les bourgeois étaient reçus par les syndics au nombre de 2 et le conseil composé de 14 membre. Ils recevaient des lettres de bourgeoisie après avoir payé un droit d’entrée de 80 livres. Au XVIe siècle, ils se réunissaient dans un hôtel-de-ville sur la rive droite sous la présidence du châtelain nommé par le prince.

D’après Histoire de la ville de Seyssel (Ain et Haute-Savoie), depuis son origine jusqu’à nos jours, par F. Fenouillet

Ce n’est sans doute pas par hasard si Jehan Montanier originaire de Seyssel épouse Jacqueline Bojat et vient s’installer dans son village de Chessenaz. Il a dû la connaitre par le biais de Messire François Bojat qui est l’oncle de la future et son tuteur mais qui est surtout le curé de Seyssel depuis 50 ans. Le père de Jacqueline Bojat était un chirurgien établi à Chessenaz et mort depuis quelques années sans doute. Or Jehan Montanier est justement chirurgien ! Ce n’est sans doute pas une coïncidence non plus…

Le couple a au moins 10 enfants, peut-être 11. Dans le registre de Chessenaz, on trouve un début de recensement de population sans doute en 1669 après le mois d’avril et la première famille indiquée est justement les Montanier. Le foyer est ainsi constitué :

  • Mr Montanier le père Jean
  • Madame Montanier la mère honorable Jacqueline Bojat
  • 1 le fils ainé
  • 2 honorable Blaise
  • 3 François
  • 4 (en blanc)
  • les filles
    • 1 Jacqueline
    • 2 Charlotte
R.P. de Chessenaz

Jehan Montanier décède le 9 mars 1686 et est inhumé dans l’église de Chessenaz.

R.P. de Chessenaz

Ses héritiers et sa veuve seront longtemps en conflit comme je l’expliquerai bientôt.


3e génération – Claude Montanier

Spectable Claude Montanier était bourgeois de Seyssel et même syndic en 1618 (sources: R.P. de Seyssel, archives municipales de Seyssel ici), il est donc l’équivalent d’un maire aujourd’hui. Il exerçait la profession de docteur en médecine. Il est probablement né dans les années 1585 et il est décédé le 18 septembre 1641.

R.P. de Seyssel

Il a épousé Antide Gay en 1613, avant le 19 août car il est alors question de son contrat de mariage dans un acte avec son père Philibert Montanier. Antide Gay est la fille d’un apothicaire François Gay et son grand-père maternel, Claude Cabod (ca 1530-1593 Nantua) était barbier. Ce sont de bonnes relations pour un médecin !

Distinguons les professions :

Création générée par l’IA
  • Les chirurgiens se divisent en deux sous-groupes :
    • chirurgiens-barbiers dits « de robe courte » qui se contentent d’effectuer de petites interventions comme le soin de clous ou la mises de ventouses et qui n’ont qu’une formation empirique ;
    • les maîtres chirurgiens dits « de robe longue » qui portent la même longue soutane noire que les médecins et passent un examen auprès de leurs pairs avant d’exercer.
  • Les docteurs en médecine obtiennent le plus haut grade dans la formation universitaire. Une vingtaine de facultés délivrent les trois grades traditionnels (baccalauréat, licence et doctorat) et leurs docteurs exercent sur leur territoire régional sauf ceux de Paris et Montpellier qui peuvent exercer dans tout le royaume.
  • Les apothicaires apprennent leur savoir à leurs apprentis au sein même « de la boutique » ; transmission empirique et traditionnelle, parfois la faculté contrôle l’enseignement.

La chirurgie était florissante surtout à l’époque de la Renaissance, époque à laquelle beaucoup de chirurgiens pratiquent aussi la médecine. Ce qui semble encore le cas pour son fils Jehan Montanier, puisque des actes le donnent médecin et chirurgien..

Claude Montanier est devenu médecin au tout début du XVIIe siècle. Peut-être a-t-il été formé à Lyon où le Collège de Médecine passe pour avoir été fondé en 1500 ?

Claude Montanier et Antide Gay ont 4 enfants :

  • Marie (12.1613-av. 1645) s.p.
  • Hector (1616-1656) qui sera docteur en médecine comme son père et s’établira à Évian-les-Bains
  • Jehan (1618-1686) mon ancêtre
  • Jeanne Gasparde (1621-1627) s.p.

Claude Montanier se remarie vers 1625 à Suzanne Jacquinod qui décède le 19 janvier 1640 ayant eu 9 enfants :

  • Claude François (1626-av. 1645) s.p.
  • Andrianne (1627-1639) s.p.
  • Claude (1628-ap. 1645)
  • Victor (1629-av. 1645) s.p.
  • Péronne (1631-ap. 1645)
  • Charles François (1632-1671) marchand et syndic de Seyssel
  • Daniel (1634-av. 1645) s.p.
  • Gabriel (vers 1636-1636) s.p.
  • Françoise (vers 1638-ap. 1645)

Je ne vois pas d’autre Claude Montanier en 1626 qui pourraient correspondre au châtelain de Seyssel cité dans Histoire de la ville de Seyssel (Ain et Haute-Savoie), depuis son origine jusqu’à nos jours, par F. Fenouillet

Le 8 juin 1645, Hector (docteur en médecine), Claude et Péronne Montanier agissent en leur nom et aux noms de leur frère et sœur absents François Charles et Françoise Montanier (ils n’ont que 13 et 7 ans) pour donner leur accord et plein pouvoir à leur frère, mon ancêtre, Jehan Montanier (maitre chirurgien) pour poursuivre un procès en cours.


4e génération – Philibert Montanier

Philibert Montanier fait son testament le 15 août 1600 puis il le complète par un codicille le 24 juillet 1613. Il demande à être inhumé dans le tombeau de son feu père Me Claude Montanier dans l’église de Seyssel. On y apprend qu’il a passé son contrat de mariage avec sa femme Anthoine Martinel le 26 janvier 1564 et que son feu père avait reçu 300 florins monnaie de Savoie de droits dotaux et que, lui, a reçu 200 florins de complément de 500 florins de la constitution de la dot faite par son feu père Me François Martinel. Elle a encore reçu 150 florins de légat au testament de son feu père. On apprend aussi que les frères de Philibert Montanier, Me Claude et Jacques et leurs enfants, ne lui ont pas encore restitué les 2/3 de l’hoirie de leur père. Il est très précis sur ce qu’il donne à son épouse bien aimée, il fait des légats à ses deux filles Peronne non encore mariée et Pernette déjà mariée et il nomme ses héritiers universels par moitié ses deux fils François et Claude.

En 1588 il est châtelain de Seyssel.

R.P. de Seyssel

De quoi s’agit-il ?

Le châtelain de Seyssel est nommé par le Prince pour un an. Ses attributions sont civiles, judiciaires, financières et militaires. C’est une sorte de juge de pays de tout le mandement soit une 20e de paroisses. Il préside les assemblées du conseil de la ville de Seyssel et commande la milice communale en tant que Capitaine de Seyssel. Il perçoit toutes les taxes et droits seigneuriaux

En 1594, il est notaire ducal alors qu’il est témoin d’un acte notarié.

Notariat de Seyssel

En janvier 1606, il est assujettit à la taille pour le roi de France puisqu’il vit côté français pour 10 sols 6 deniers. Il ne fait pas partie des plus taxés !

C 655 aux A.D. de l’Ain

Il demeure près de l’église côté français ce qui est confirmé dans son testament même si on y apprend qu’il possède aussi une maison à Charagnier du côté de la Savoie.

Un aparté s’impose pour expliquer ce qui est arrivé à la ville de Seyssel…

En 1536, comme une grande partie du duché de Savoie, Seyssel devient française mais elle est rendue au duc de Savoie en 1559. Seyssel redevient française en 1601 dans sa totalité créant une enclave française sur la rive gauche du Rhône. Cette anomalie est réglée en 1760, faisant du Rhône la frontière naturelle entre les deux États. Dès ce jour, la ville est coupée en 2 : Seyssel-France et Seyssel-Savoie reliées par un pont.

La partie sur la rive droite, française, conserva l’administration communale, la partie savoyarde dû s’édifier en commune et se doter de toute l’organisation nécessaire.
Pour autant, l’église érigée en Savoie resta l’unique lieu de culte pour les 2 communautés !

Outre leur fils Claude Montanier (ca 1585-1641) pré-cité, ils ont un fils François Montanier (ca 1565-1630) notaire de Seyssel comme sa descendance.


5e génération – Claude Montanier

Qualifié d’égrège, terme employé pour les professions du droit telles que les notaires, il aurait été notaire ducal, selon quelques sources, comme son fils, bien que je n’en ai pas encore trouvé mention.

Sa femme s’appelait Janna ou Janeta et je ne connais pas son nom de famille mais elle est marraine pas moins de 18 fois entre 1555 et 1562 !

R.P. de Seyssel

Outre de Philibert Montanier, ils sont les parent du Grand Jacques Montanier (ca 1540-<1591) et de Claude Montanier (ca 1550-<1592) procureur de Gex. Ils sont aussi sans doute les parents de Bernarda Montanier (ca 1550-1627) épouse de Jacques Ducrest.

Dans la descendance du Grand Jacques Montanier il y a son fils Claude Montanier (ca 1570-1630) chirurgien, son fils François Montanier (ca 1580->1653) officier du grenier à sel de Seyssel lui-même père d’un autre François Montanier (1620-<1668) capitaine-châtelain de Seyssel, et son fils Anselme Montanier (ca 1580-<1618) syndic de Seyssel qui donnera la descendance anoblie.


Générations précédentes

Les générations précédentes seront peut-être trouvées dans les archives communales de Seyssel déposées aux A.D. de l’Ain et qui devraient être mises en ligne prochainement…

Car la famille Montanier semble être présente à Seyssel dès le XIVe siècle !

200 J 78 – AD01

Notons aussi une chapelle dont les Montanier sont les patrons dans l’église de Seyssel, la Chapelle de Saint Philippe et Saint Jacques. Elle est mentionnée dans les diverses visites pastorales comme ici .


Préparez-vous, demain nous commencerons à cerner les Montanier de Chessenaz…

À suivre…

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