Claude Pellet est né le 2 décembre 1742 à 21 heures fils de Pierre Pellet et de Françon Bozet. Il est le 5e enfant de ses parents et après lui viendra une petite 6e qui ne vivra pas 24 heures.
Je ne sais pas comment se sont déroulées ses 20 premières années mais à partir de 1764 j’en sais plus. Le 5 septembre 1764 il est émancipé par son père.
La cérémonie est particulièrement intéressante. Le juge étant absent, c’est Pierre Conseil l’avocat au Sénat et lieutenant du mandement de Thiez qui va procéder. Il fait s’asseoir à sa droite le père de famille, Pierre Pellet, avec son chapeau sur la tête. Son fils Claude Pellet s’agenouille devant lui tête nue. Il joint ses mains et son père les prend entre les siennes pour les ouvrir séparément par trois fois. Ce faisant, un échange commence entre le père et le fils :
“Que souhaitez-vous mon fils ?
– Mon père, lui répond-il très humblement, je vous prie de m’émanciper et de me mettre hors des liens de votre puissance paternelle.
– Va en paix mon fils car je t’émancipe, te mets hors des liens de ma puissance paternelle et je te donne tous tes acquis tant faits qu’à faire, avec pouvoir de traiter, transiger, agir, négocier, vendre, aliéner et faire tous actes et contrats à ton propre privé nom, et profit, et disposer à ta volonté tant par testament qu’autrement, et généralement d’agir en tout et partout comme serait ou faire pourrait un bon père de famille à la charge et condition que tu me portes l’honneur et le respect que tu me dois, et que tu me soulageras dans toutes mes maladies, infirmité et vieillesse, en cas de nécessité.“
Claude Pellet, le fils, promet bien sûr.
Dans la coutume savoyarde, malgré la majorité, la puissance paternelle est perpétuelle et ne cesse qu’avec le décès du père, à moins d’avoir recours à l’émancipation. Cette émancipation est très codifiée : la position et les gestes de chacun sont très symboliques.
Le fils témoigne de son respect par sa tête découverte, de sa dépendance et soumission par ses mains jointes dans celles de son père. Un beau rappel de la cérémonie de l’hommage vassalique. Le père, en lui ouvrant les mains, le libère…
Pourquoi certains ont-ils besoin d’être émancipés ? C’est sans doute à mettre en lien avec leur rôle dans le commerce. Et je vais maintenant être amenée à vous parler de son surnom. Claude Pellet reçoit le surnom de l’anglais au cours de sa vie. Je l’ai expliqué dans un précédent article.
Il s’est adonné au commerce dès avant 1763. Un acte notarié du 15 avril 1765 évoque des sommes importantes, des achats de marchandises chez un ancien de Viuz établi à Mirecourt entre 1763 et 1765, dont des caisses entreposées… Il avait dû partir avec l’un de ses frères ainés, Pierre Pellet qui malheureusement meurt à l’Hôpital Civil de Mirecourt le 15 juillet 1760 à l’âge de 23 ans.
Il peut aussi avoir été émanciper afin de recevoir des dons, cessions…
Il est possible qu’il ait continué à voyager jusqu’en 1779 car très peu d’actes notariés le concernent jusqu’à cette date alors qu’ensuite ce sont plusieurs actes par an que l’on retrouve. Pour autant, il est marié depuis 1769 à Josephte Carrier, ils ont 26 et 21 ans. Le couple va avoir régulièrement des enfants, tous les deux ans en moyenne de 1773 à 1788. C’est le décès prématuré de Claude Pellet dit L’anglois le 8 mai 1789 qui arrête l’arrivée de tous ces petits Pellet !
Peu avant de mourir, en 1788, il partage les biens de son père décédé en 1783 avec son frère Joseph Pellet. Ainsi nous avons un aperçu de ses possessions paternelles sachant que nombres de parcelles sont communes avec son frère mais divisées. De plus, il a lui-même fait des achats et ventes en son nom propre depuis son émancipation.
Il y a beaucoup de mouvements dans ses biens au cours de sa vie et j’ai quelques difficultés à les repérer sachant qu’il y a aussi des actes qui font référence aux biens maternels… Voici ceux qui le concerne directement :
- 15 avril 1765 vente en lien avec ses affaires commerciales à Mirecourt et quittance en 1780
- 3 juin 1369 achat de la parcelle 1321
- 12 octobre 1773 achat de la parcelle 892
- 8 mai 1777 achat de la parcelle 891
- 3 septembre 1780 achat sous grâce rédemptive de la parcelle 1217 restituée en 1783
- 3 septembre et 2 octobre 1780 reçoit une cession de biens et une part de ceux-ci sur les parcelle 1090, 1084, 1124, 141, 64, 65, 54, 55, 1184, 1214, 1239, 1156, 1088
- 22 octobre 1780 vente de la parcelle 1090
- 5 novembre 1780 vente de la parcelle 1094
- 2 mai 1785 achat sous grâce rédemptive des parcelles 1332 et moitié des parcelles 1326, 1327 et 1328
- 10 mai 1785 achat des parcelles 1340 et 1341
- 1787 vente d’un mulet
- 1788 prêt à son frère Joseph Pellet
Il reste encore beaucoup de choses à trouver mais voici au moins le contenu de son testament du 1er décembre 1788 qui est suivi d’un codicille le 6 avril 1789 complémentant le legs à sa fille Eustache.
Lien vers l’article Les Pellet (4)
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