Chacun a son défaut, où toujours il revient
Jean de La Fontaine cherche à démontrer qu’il ne sert à rien de vouloir détourner l’Homme de ses vices puisqu’il y reviendra quoiqu’il arrive.
Un vice est un mauvais penchant, un défaut grave que réprouve la morale sociale. Que considère-t-on comme un vice dans la religion chrétienne ? Les vices sont les mauvaises habitudes qui mènent au péché mais il est souvent confondu avec le péché lui-même. Il existe sept vices capitaux : l’orgueil, l’avarice, la luxure, la colère, la gourmandise, l’envie et la paresse.
Quel vice vais-je trouver parmi mes ancêtres mais surtout quelles traces reste-t-il aujourd’hui qui montrerai l’un de ces vices ?
Et bien, ce sera la luxure dans le sens de pratique des plaisirs sexuels sans vocation procréative.
Quel est l’heureux élu de ce jour ? Des hommes, j’en ai plusieurs qui ont eu plusieurs enfants illégitimes avec une ou plusieurs femmes en dehors de leur épouse légitime. Et des femmes ? Je pense particulièrement à la grand-mère de mon arrière-grand-mère. Elle s’appelait Jeanne Marie Le Ramey.
Jeanne Marie Le Ramey est née le 2 mai 1817 à Besneville dans le Cotentin. Elle est baptisée le lendemain dans l’église du village. Ses parents sont Jean Pierre Leramey (1777-1826), présenté ici et là , et Anne Marie Françoise Charlotte Belair (1787-1845). C’est la troisième enfant de ses parents. L’ainée, Marie Jeanne Adélaïde, née à Varenguebec, n’a vécu que 3 semaine. La deuxième, Jeanne Marie Victoire, n’a qu’un an et demi à la naissance de mon ancêtre et mourra à seulement 5 ans. Jeanne Marie Le Ramey se retrouve donc l’ainée. Un petit frère viendra compléter la famille en 1819 : Jean Pierre Auguste Marcel. Il s’éteindra à 77 ans, père de 6 enfants.
Quant à Jeanne Marie Le Ramey, elle devient mère pour la première fois à 28 ans. Premier péché de luxure, elle n’est pas mariée. C’est un petit garçon sans père qui nait le 9 novembre 1845 à Varenguebec. Il est prénommé Louis Ferdinand Jean et nommé Jeanne du prénom de sa mère, comme c’est la coutume dans la région. Ses parrain et marraine sont son oncle et une grande-tante.
Jeanne Marie Le Ramey reconnait son fils le 4 août 1875. En effet, la simple mention du nom de la mère dans l’acte de naissance ne suffisait pas à établir la filiation. Le Code civil disposait originellement qu’en l’absence de reconnaissance maternelle, la filiation d’un enfant naturel n’était pas établie à l’égard de la mère et n’entrainait aucun effet juridique ! Il vit ensuite sous le nom de Jeanne Louis Ferdinand Jean Leramey et meurt le 9 mai 1908 à Neufmesnil, père d’une fille.
L’existence de cet enfant naturel n’empêche pas Jeanne Marie Le Ramey de se marier 5 ans plus tard le 26 juillet 1850 à Varenguebec avec Jean Charles Philippe âgé de 54 ans. Cet homme a eu 3 enfants d’une première alliance alors tous décédés. Jeanne Marie Le Ramey lui donne deux enfants : Rosalie Célestine qui décède à 18 ans et Jean Gustave Athanase qui vécut 80 ans sans laisser d’enfants semble-t-il de son union avec Léonide Hyacinthe Rosalie Buhot.
Jeanne Marie Le Ramey perd son mari le 31 décembre 1854. Ses 3 enfants ont 9, 3 et 2 ans. C’est une simple fileuse, ses revenus ne doivent pas être très élevés. Ses parents sont décédés, ses beaux-parents aussi. Son frère vit dans un autre village et est simple couvreur en paille. Elle ne doit pas avoir beaucoup d’aide !
Elle succombe à nouveau au péché de luxure puisque le 13 juillet 1857 elle met au monde une petite fille Marie Pauline Leramey. Elle a déjà 40 ans et ce sera sa dernière enfant.
Je l’ai présentée ici . Elle la reconnait le 4 août 1875 en même temps que son fils ainé. C’est l’arrière-grand-mère de ma grand-mère maternelle.
Jeanne Marie Le Ramey décède à 73 ans, le 20 janvier 1891.
Comment était-elle perçue au village ?
Avait-elle vraiment péché ou bien avait-elle été abusée ?…
Mystère.
Cette dernière question est celle que je me pose systématiquement dans ce genre de cas. Il est malheureusement impossible d’y répondre.