Victoire Adélaïde Noblet est née le 3 juillet 1787 à Bassevelle (Seine-et-Marne). Elle est la fille de Jean Charles Noblet, issu d’une dynastie de charrons de La Ferté-sous-Jouarre, et de Geneviève Constance Bagreau. À sa naissance, ses parents sont déjà les heureux parents d’un fils de presque 6 ans et de trois filles de 4 ans, presque 3 ans et d’1 an et demi. Un tout premier garçon n’avait vécu que 4 jours. Après elle, ses parents auront encore trois enfants qui ne vivront pas plus de 2 mois.
Son père décède à 69 ans en l’an X de la République, chez la sœur de sa femme, Marie Charlotte Nicole Bagreau épouse Delahaye, à La Ferté-sous-Jouarre. Elle a 14 ans.
Ses aînés se marient en l’an XII, l’an XIII, 1808 et 1810. Victoire Adélaïde Noblet travaille comme domestique et c’est son tour de convoler le 22 janvier 1817. Elle se marie à Hondevilliers où elle habite alors avec sa mère. Son époux, Louis Victor Remy, est un berger, de 10 ans son cadet. Il est issu d’une dynastie de bergers.
Exactement 9 mois et 6 jours plus tard, le 28 octobre 1817, elle met au monde une petite fille, Victoire Esméry (Ismérie) Remy. Troisans plus tard, elle a un fils, Charles Victor Remy.
Que se passe-t-il entre ce 11 juillet 1820 et le 10 août 1824 ? Je n’en ai pas la moindre idée. Mais ce qui est sûr, c’est que le 10 août 1824 elle décède à 10 heures du matin à l’hôpital de la Maison Centrale de détention de Clairvaux
Comme tous les détenus décédés à Clairvaux elle est désignée “la nommée…” mais pour autant je ne l’ai pas trouvée dans le registre d’écrou…
Je me suis donc lancée aujourd’hui dans une grande recherche et l’ai finalement trouvée dans le registre d’écrou de la Maison d’arrêt de Meaux où elle a été incarcérée par mandat de dépôt. Elle est conduite à la maison de justice de Melun en vertu d’un réquisitoire de Monsieur le procureur du roi le 27 juillet 1822. Elle est détenue à la Maison d’arrêt de Melun du 29 juillet 1822 au 11 août 1822.
Elle est condamnée à 6 années de travaux forcés le 2 août 1822 par la cour d’assises de Melun pour vol à l’aide de fausses clefs ! Exposée le 10 août, elle est transférée à la Maison de détention de Melun le 11 août.
Elle quittera donc cette prison entre le 11 août 1822 et le 10 août 1824 pour être incarcérée à Clairvaux. Mais étrangement elle est absente du registre à moins qu’une double page ait été omise de la numérisation…
Je ne connais pas les maisons d’arrêt de Meaux et Melun, mais le centre de détention de Melun est connu. C’était l’ancien couvent, hôtel-Dieu Saint-Nicolas, construit au Moyen-âge, sur l’île Saint-Étienne qui est transformé en prison en 1808. Ses bâtiments disparaissent, trois corps de bâtiments sont édifiés autour de l’église Notre-Dame : les dortoirs sur 5 niveaux au sud, les ateliers au nord, la chapelle et le réfectoire à l’est, l’infirmerie et la pharmacie à la pointe de l’île.
Comme nombre de couvents et abbayes devenus bien nationaux avec la Révolution, l’abbaye de Clairvaux se voit elle aussi convertie en établissement pénitentiaire en 1804. Le bâtiment des convers devient la prison des femmes, puis les ateliers de travail, et le grand cloître celle des hommes. Après la vente en 1812 de l’église abbatiale comme carrière de pierres, l’ancien réfectoire des moines est transformé en chapelle des prisonniers.
Un magnifique site qui explique toute l’histoire de l’abbaye au centre pénitentiaire est consultable ici : CLIC.
C’est donc là que Victoire Adélaïde Noblet finit sa vie le 10 août 1824.
Son veuf, Louis Victor Remy, père de deux enfants de 7 et 4 ans, ne tarde pas à refaire sa vie. Deux mois plus tard, le 14 octobre 1824, il se remarie avec Magdeleine Charlotte Fontaine. Il en a 3 enfants dont seule la troisième vivra et aura une descendance.
C’est de l’ainée de Victoire Adélaïde Noblet, Victoire Esméry (Ismérie) Remy que je descends. Elle n’avait que 4 ans et demi au moment de l’incarcération de sa mère et presque 7 ans au moment de son décès. A-t-elle conservé le souvenir de sa maman ?…
Voici fini ce Généathème de janvier 2024 où le 24 est mis à l’honneur ! Cela a été l’occasion d’éclaircir la vie de cette ancêtre. Quelques recherches aux A.D. 77 pourraient être fructueuses… Le jugement reste à trouver ! Qui a-t-elle volé ? A-t-elle été prise sur le fait ? Beaucoup de questions me viennent maintenant mais restent en suspens.