Aujourd’hui, l’article va aborder un sujet sensible, malheureusement toujours d’actualité. Âmes sensibles s’abstenir.

Violette Nozière (1915 Neuvy-sur-Loire – 1966 Petit-Quevilly) a défrayé la chronique judiciaire et criminelle dans les années 1930. Empoisonneuse et parricide. Victime d’inceste.

L’histoire de Violette Nozière, dans les années 30, nous rappelle comment étaient alors considérées les victimes de ces crimes.

Violette Nozière cherche à quitter sa condition sociale, elle fréquente le quartier latin, s’émancipe sexuellement. Elle a la réputation d’être une « petite coureuse », elle pose nue pour une revue. Elle est contaminée par la syphilis. Elle mène une double vie car pendant qu’elle se crée une identité de jeune bourgeoise aisée, ses parents la croient au lycée ou chez des amis. Par ailleurs elle les vole régulièrement.

Le 23 mars 1933, à 18 ans, Violette Nozière tente d’empoisonner par ruse ses parents à l’aide de somnifères mais ils sont sauvés. Aucune suite n’est donnée. Elle passe à nouveau à l’acte le 21 août 1933, administrant à ses parents Baptiste et Germaine Nozière une dose létale de somnifère avant d’allumer le gaz pour dissimuler son crime en suicide.

Son père succombe, sa mère survit. Alors que la police s’apprête à la confronter à sa mère hospitalisée, elle prend la fuite signant sa culpabilité. Elle fait la « une » des quotidiens et la presse se déchaîne : « Le monstre en jupons traqué par la police ». Elle est reconnue et dénoncée puis arrêtée le 28 août.

Le parricide est un crime extrême. Son avocat est un ténor du barreau qui a défendu l’assassin de Jean Jaurès et le meurtrier du président de la République Paul Doumer. Violette Nozière reconnait sa culpabilité mais elle dénonce l’inceste paternel. Le commissaire, à la suite de ses recherches, juge sa version crédible : « Il y a des cris de sincérité auxquels on ne peut pas se tromper : c’est un de ces cris que j’ai entendu au cours de la soirée du 28 août, et qui me fait écrire aujourd’hui que, si coupable que fût Violette Nozière, elle méritait du moins d’obtenir les circonstances atténuantes ».

Violette Nozière est condamnée à la peine de mort pour parricide et empoisonnement, sans aucune circonstance atténuante. On considère que c’est un crime crapuleux, l’inceste est considéré invraisemblable.

Le parricide est alors au sommet de la hiérarchie pénale, on ne saurait condamner un père, toujours pilier de la société d’entre-deux-guerres. Qu’il soit bon ou mauvais, penser la sexualité déviante du père de famille reste un tabou dont l’exposition au grand jour trouble l’ordre moral (…) Certains journalistes protestent devant le luxe de détails délivrés au public qui ne saurait supporter les insanités délivrées par une femme à l’esprit dérangé et à la morale douteuse. L’accusation d’inceste portée par Violette Nozière contre son père apparaît plus odieuse que le crime qu’elle nomme.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-l-histoire/quand-parler-d-inceste-etait-intolerable-l-affaire-violette-noziere-7782717

Pendant son emprisonnement, elle se transforme. Elle se rétracte sur l’inceste et se réconcilie avec sa mère qui s’était constituée partie civile contre elle, une première dans les annales judiciaires. Sa conduite exemplaire plaide en sa faveur et le maréchal Pétain réduit sa peine à 12 ans de travaux forcés. Violette Nozière est libérée le 29 août 1945 et le 17 novembre, le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire, lève son interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire français. Elle se marie et a 5 enfants.

Le 13 mars 1963, Violette est réhabilitée par la cour d’appel de Rouen, et retrouve donc le plein exercice de ses droits civiques et un casier judiciaire de nouveau vierge. Elle est la seule condamnée à la peine capitale à avoir été totalement réhabilitée de toute l’histoire de France ! Elle déclare : « Cette réhabilitation, j’y tenais pour mes enfants. Pour moi, ça m’était bien égal. Ma vie est finie. Je suis heureuse que ma mère, à qui j’ai tout dit, ait enfin compris la vérité. Elle sait que j’étais innocente – malgré ce que j’avais fait – et m’a pardonné ».

Compléments : article Gallica et Podcast RTL.


Parenté avec Violette Nozière : par Jean Tranchecoste, XVIe siècle, à Saugues.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *