Je suis un peu – beaucoup – en retard pour le #Geneatheme de mai, finalement le voici !

Dans mon dernier article, je vous parlais de Claude Toquane maitre d’hôtel chez un seigneur près de Fontainebleau, marié 4 fois. Sa fille ainée, enfant de sa seconde union, est ma double aïeule à la 11e et 12e génération. Elle s’appelait Anne Tocquane (1658 Vernou-sur-Seine – 1708 Moret-sur-Loing).

L’acte de son mariage avec Guillaume Ferre est important car il corrige des erreurs présentes sur nombre de généalogies sur Geneanet pour l’ascendance des mères des deux époux !

Alors non, Anne Tocquane n’est pas la fille de Germaine Loquin et non son mari Guillaume Ferré n’est pas le fils de Louise Joly ! Désolée !

R.P. de Vernou-sur-Seine

Anne Tocquanne est fille de Magdeleine Bonnouvrier et Guillaume Ferré est fils de Françoise Rossignol !

Ceci étant réglé, je vais m’intéresser à la famille Ferré. La bien nommée puisque comme nous allons le voir cette famille dont le nom signifie celui qui travaille le fer est une famille de … serruriers !

De tous les actes de baptêmes et sépultures de ses enfants, c’est seulement dans celui de son fils Jacques en 1699 que la profession de Guillaume Ferré est indiquée. On y apprend donc qu’il est serrurier.

Je n’ai pas encore pu consulter les actes de mariage de son père Benjamin Ferré avec sa mère Françoise Rossignol à Avon le 26 novembre 1645 ni celui avec sa seconde épouse Louise Joly à Avon le 4 novembre 1652. Donc je ne peux dire ce qu’il en est dans ces actes.

C’est dans Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV. Colbert, 1664-1680. Tome premier (1881) que j’ai découvert une mention concernant Benjamin Ferré. Il est cité pour le Château de Fontainebleau dans la catégorie “Serrurerie et gros fer” à la date du 11 août 1664 :

Voilà une étrange mention qu’il serait intéressante d’éclaircir !

S’arrête ici l’ascendance de Benjamin Ferré, je n’ai pas encore d’acte filiatif le concernant. Certains sur internet le donne fils de Thibault Ferré, fils d’un poète, qui malheureusement est connu pour ne pas avoir eu de descendance ! Peut-être sont-ils apparentés…C’est dans l’ascendance de sa première épouse que l’on retrouve la serrurerie !

L’ascendance de son épouse Françoise Rossignol n’a pas été trop difficile à trouver. Guillaume Ferré signe l’acte de sépulture de Jeansienne Berthier en 1670 à Fontainebleau, veuve de Jean Rossignol, serrurier du Roi. Il est témoin de la sépulture de Pierre Rossignol en 1669 en qualité de neveu. Or Pierre Rossignol est le fils de Jean Rossignol et de Gentienne Berthier et a été baptisé à Fontainebleau en 1639. C’est d’ailleurs le dernier enfant du couple. Le premier étant mon ancêtre Françoise Rossignol née en 1626. Guillaume Ferré est donc le gendre de Jeansienne Berthier même si ce n’est pas précisé.

Jean Rossignol avait épousé en premières noces Marie de Voltigem, fille d’un peintre né en Flandre. Ils ont eu un fils Jacques Rossignol qui a été comme son père serrurier du Roi. Il est d’ailleurs également mentionné en 1664 avec un Benoit qui doit-être son cousin germain, fils de Michelle Rossignol, pour des ouvrages de serrurerie au château de Fontainebleau.

Lors de son contrat de mariage en 1648, Jacques Rossignol a, parmi ses témoins, son beau-frère Benjamin Ferré maitre serrurier et sa sœur Françoise Rossignol. Mais on trouve également un autre serrurier, Jean Michel époux de sa tante Marie Rossignol.

Jean Rossignol est bien confirmé serrurier du Roi dans ses deux contrats de mariage en 1617 et 1625. Il est fils d’un autre serrurier du Roi, Edme Rossignol.

Grâce au journal L’abeille de Fontainebleau présent sur Gallica, on apprend où vivaient ces Rossignol !

Edme Rossignol avait acquis avec sa seconde épouse Anne Masurier un logis Rue Basse à la Porte de la Cour des Office à l’enseigne de l’écrevisse en 1610. C’est sans doute là qu’est décédée sa belle-fille Gentienne Berthier en 1670 (source & source). J’apprends qu’il a fait la serrurerie de l’Hôtel de Bellièvre à sa construction en 1613 grâce à une affaire judiciaire (source).

D’ailleurs cet aïeul avait, apprend-on, vendu un logis au Roi lui même avant 1615 !

Cette famille est citée dans le 25e volume des Annales de la Société historique & archéologique du Gâtinais:

Un petit arbre généalogique pour retrouver tout ce monde n’est pas superflu. Le voici donc :

Attention, n’importe qui ne peut pas s’instituer serrurier du Roi ! Il s’agit d’un office royal attribué par un brevet. Nous apprenons ainsi la date à laquelle Jean Rossignol et son fils Jacques Rossignol l’ont obtenu ou renouvelé ?

9e volume des Annales de la Société historique & archéologique du Gâtinais :

Qui eut cru que j’allais trouver autant d’informations sur le net sur ces petits ancêtres qui côtoyaient la royauté ? Car j’ai poursuivi mes recherches et ai trouvé d’autres mentions.

En particulier celle-ci qui m’informe que mon ancêtre Jean Rossignol était logé dans le château-même !

Il semble même impossible de parler de Fontainebleau et de son château sans citer les serruriers Rossignol. Les voilà dans Le château de Fontainebleau au XVIIe siècle : d’après des documents inédits / par Eugène Müntz et Em. Molinier. Les Comptes des bâtiments du Palais de Fontainebleau comportent 1655 feuillets qui couvrent les année 1639 à 1642 pour la construction, couverture, serrurerie… Donc seulement quelques exemples sont donnés mais suffisamment pour mentionner le descriptif de pièces confectionnées par mon ancêtre Jean Rossignol !

On voit ainsi la diversité des ouvrages réalisés ! Il est question de :

  • diverses parties du puits du palais,
  • chandeliers placés à divers endroits,
  • un prototype de gouttière,
  • une grille à 6 barreaux pour un cachot,
  • une grille pour une fenêtre,
  • crochets pour l’entretien de pierres ornementales,
  • la serrure de le première porte de l’entrée de la geôle et de sa clef,
  • 2 gros marteaux polis pour battre les boules du Roi quand il veut jouer au mail et 4 repoussoirs pour emmancher et démancher les mails
  • ferrures d’une porte neuve à la cloison de la petite chapelle d’Albret pour faire passer le Cardinal de Richelieu en sa chambre.

Le jeu du mail était un jeu très à la mode et particulièrement apprécié du Roi Louis XIII. Si je comprends bien à quoi peuvent ressembler et servir les 4 repoussoirs (outils en forme de tige métallique servant à faire sortir des chevilles) j’ai du mal à comprendre l’usage des 2 gros marteaux. Les boules de ce jeu étant en buis comment un marteau pourrait-il les préparer avant la partie ? À moins que tout bêtement ce soit les maillets ?

Si vous voulez connaitre toutes les règles, pas de souci ! Voilà de quoi vous instruire !

J’apprends aussi que ce cher ancêtre réalisa des girouettes d’importance !

Bien sûr on le retrouve dans le notariat comme pour cet achat :

Les citations continuent par la suite avec les descendants, puisqu’il s’agit d’une véritable dynastie. J’en retrouve par exemple dans les Comptes des bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV (IIIIIIIVV).

L’un d’eux fut même aide-serrurier de Louis XVI qui comme chacun sait était passionné de serrurerie.

Pour finir sur cette dynastie de Rossignol, notons qu’une fois encore ils étaient bien nommés !

Un “rossignol” est un outil qui sert à crocheter les serrures : c’est le complice des serruriers et des cambrioleurs !

Son nom provient d’Antoine Rossignol, cryptologue du XVIIe siècle et non pas à cause de l’oiseau. Ce chercheur, amoureux des chiffres et autres codes cryptés, est devenu l’un des meilleurs experts en codage et chiffrement de données mais aussi un spécialiste en décryptage de communications sécurisées.

L’histoire relate, mais sans véritable preuve, que la toute première clef passe-partout, appelée « clé squelette », aurait était inventée par Antoine Rossignol afin d’ouvrir toutes les serrures du royaume de Louis XIV.

Par glissement sémantique, un « rossignol de serrurier » est un ensemble de clés passe-partout : une combinaison de clés pour ouvrir tout type de serrure, ce qui permet d’ouvrir toutes les portes !

Le rossignol prend la forme d’un jeu de plusieurs fausses clefs dont les formes des pannetons sont assez particulières, chacune étant unique.

Celles-ci se caractérisent par des pannetons simples et complexes, dotées de divers crans plus ou moins travaillés, permettant de débloquer différents types de cylindres.

L’ensemble de ces clés est regroupé sur un anneau qui s’appelle une « volière ».

Attention à bien noter cette précision : une clé passe-partout est seule, un rossignol est en ensemble de clés simples et complémentaires.

Source : https://www.objetsdhier.com/rossignol-de-serrurier-1503

Et si plutôt que ce cryptographe, c’était un serrurier du roi du nom de Rossignol qui avait inventé ces clés passe-partout ? Pourquoi pas !

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