Voici venue l’heure du #RDVAncestral. Comme bien des 3e samedis du mois, je me plonge dans ce projet d’écriture.

J’ai beaucoup écrit ces derniers jours alors de quoi vais-je parler ? Peut-être d’autres voyageurs ? J’ai regardé ce fils d’ancêtres parti à Charleston au XVIIe siècle, mais n’ai rien trouvé de nouveau.

Alors je me suis penchée sur un parent, Gédéon Malherbe que je pense être parti au Cap, en Afrique du Sud.

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, le regard posé sur un cahier d’un bleu intense posé devant moi sur la table basse, je me suis sentie sombrer. Pas d’éblouissement, aujourd’hui, comme j’en ai l’habitude. Et pourtant, en reprenant mes esprits je me suis retrouvée à voguer sur les flots.

J’étais sur le pont d’un 3 mâts, au milieu d’un groupe de quelques hommes et femmes. Je n’ai même pas eu le temps de parler avec eux, que déjà je me précipitais vers le bastingage pour rendre mon repas ! Je n’ai jamais eu le pied marin, c’est le moins que l’on puisse dire !

Un jeune homme, plein de sollicitude est venu me tendre un mouchoir. Je lui ai rendu un piètre sourire. Il m’a invitée à le suivre vers un groupe de femmes qui m’ont vite entourée et il est reparti vers les hommes. Une jeune fille le regardait avec des yeux brillants et sa compagne lui a chuchoté quelques mots à l’oreille, dont quelques bribes me sont parvenues et un mot m’a mise en émoi : Gédéon.

Serais-je sur le trois-mâts qui mena Gédéon Malherbe vers l’Afrique du Sud ? J’ai alors regardé autour de moi, mais je n’ai vu que des cordages, des marins et l’océan. Une étendue bleue à perte de vue !

Je n’en revenais pas. Oh oui, je devais être sur le Voorschooten, ce navire hollandais parti le 31 décembre 1687 du port de Delft. Étant toujours à voguer, nous n’étions pas encore en avril. Je me souvenais très bien avoir lu la date de son arrivée dans la baie de Saldanha, non loin du Cap où il avait été contraint de faire escale. À l’initiative de la Compagnie des Indes, il transportait à son bord des Huguenots, 22 je crois, partis “peupler et développer l’agriculture” de ce comptoir établi en 1652 tout au bout de l’Afrique. Le contrat stipulait que, s’ils n’étaient pas satisfaits, ils avaient la possibilité de rentrer après cinq ans de séjour. Mais comment rentrer, quand en France il faut renier sa foi ? Non, tous ces gens autour de moi ont quitté leur pays pour toujours, plein d’espoir en une vie nouvelle où ils pourront croire selon leur convictions sans crainte du pouvoir royal. Dans cet exil, la révocation de l’édit de Nantes promulgué le 17 octobre 1685, par Louis XIV, n’aura aucun effet. Ces huguenots ne sont que quelques âmes parmi le demi-million qui a quitté la France. Pour autant ils ne seront que deux centaines tout au plus à tenter l’aventure en Afrique du Sud.

Et c’est dans ce premier voyage d’exil que “mon” Gédéon Malherbe serait parti ? En tout cas ce jeune homme serviable, même pas la trentaine sans doute, s’appelle Gédéon. Vais-je arriver à l’approcher ? Cela semble mal parti, hommes et femmes ne se mêlent pas.

Malgré tout je me dirige vers lui, je vais aller le remercier et tenter d’engager la conversation. Un cri subi détourne mon attention. Un grand cordage me heurte et j’ai à peine le temps de comprendre ce qui m’arrive que je m’écroule assommée.

Quand je rouvre les yeux, je suis confortablement installée dans mon salon. Oh non, je n’ai rien pu demander !

Je me jette alors sur mon ordinateur et vais consulter la fiche de Gédéon Malherbe. Je m’attèle à la lourde tâche de reconstituer cette famille protestante. Et plus je cherche, plus je me rends compte que “mon” Gédéon Malherbe, s’il disparait des registres en novembre 1687, il ne correspond pas au Gédéon partit de Delft en décembre 1687.

J’ai en effet trouvé son mariage avec Suzanne Barrier le 19 juillet 1683 à Sancerre (Cher). Ils sont tous les deux âgés de 30 ans. Je trouve ensuite le baptême de 6 enfants en 1684, 1685, 1686 (trois fois) et 1687. Les deux premiers au temple protestant de L’Aigle (Orne) où vivaient sa probable tante Louise Malherbe (mon ancêtre) épouse de Siméon Galopin dont un fils a émigré à Charleston en 1685.

Et puis non ce n’est pas lui ! Le voilà parrain en mars 1688 à Pontgouin d’une petite-fille d’Eleonor Malherbe (aussi mon ancêtre), une autre de ses tantes.

R.P. de Pontgouin (A.D. d’Eure-et-Loir)

Il ne peut voguer sur les flots en direction du Cap au même moment ! Qui est donc le Gédéon Malherbe qui s’est exilé ? En relisant les sources disponibles sur internet, il semblerait qu’il avait la vingtaine, il était donc plus jeune de 10 ans que “le mien”. Et le seul autre Gédéon que j’ai trouvé est un oncle de “mon” Gédéon Malherbe baptisé à Favières en 1630, donc bien plus vieux mais je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Il est très difficile de suivre les familles protestantes dans les archives. Pour l’instant je ne peux établir de lien entre cet exilé à la nombreuse descendance afrikaner et mes 2 Gédéon Malherbe.

Donc pas de cousins au Cap en Afrique du Sud.

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