Un métier de l’Audomarois
Pour le généathème du mois du mai, Généatech propose de nous faire découvrir des métiers rares et/ou anciens. Pour l’occasion j’ai sorti le Broucaillier de ma besace !
Broucaillier qui es-tu ? En vérité j’ai eu bien du mal à trouver une explication bien concrète… C’est dans un ouvrage sur Saint-Omer, où vivait justement mon ancêtre, que j’ai trouvé finalement une explication. Le brouckailler est un maraîcher !
L’explication correspond bien à la réalité de mon ancêtre Jean Deplet car la mention de broucaillier date de 1702, et en 1698 et 1704 il est indiqué maresquier.
Or le maresquier n’est autre qu’un maraîcher dans son sens originel : un jardinier cultivant un marais à l’intérieur ou à proximité de l’enceinte d’une ville.
Il existe à Saint-Omer un musée appelé La Maison du Marais (site) que j’ai eu la chance de visiter en 2015 et de compléter par une balade dans le marais. La vie dans le marais y est très bien expliquée avec des maquettes, vieux outils, témoignages…
Deux faubourgs principaux se sont développés de part et d’autre du canal de l’Aa : Lyzel et le Haut-Pont. Le nom de Haut-Pont provient d’un pont médiéval assez haut pour permettre le passage de bateaux tandis que Lyzel vient du flamand Yzel qui signifie île.
Une multitude de maquettes présentent l’histoire du marais comme cette représentation des faubourgs avec petites maisons et jardins semblables au plan de 1796.
Malheureusement les maisons actuelles ne dépassent pas le XIXe siècle. Les bâtiments d’exploitation comprenaient une cuisine à légumes, une remise pour les outils, une grange, une écurie, des couches et des châssis pour les semis et un jardin potager entouré d’arbres fruitiers.
Au Doulac et au Marabout on trouvait des maisons d’ouvriers agricoles plus simples, en torchis couvertes de chaume, basses et serrées les unes contre les autres.
La présence du marais nécessitait l’utilisation de bateaux tels le bacôve pour le transport des productions et l’escute pour les déplacements.
En exploitant les photographies que j’ai faites au fil de ma visite du musée, j’ai découvert une citation du “brouckailler” dans la vitrine “Le travail de la terre” ! Il n’y a donc plus aucun doute sur le sens du mot.
La culture des choux-fleurs, poireaux et artichauts nécessitait l’utilisation d’un plantoir, d’une serpette et d’autres outils présentés dans plusieurs autres vitrines que je vous laisse aller y découvrir.
On ne peut quitter le brouckailler et Saint-Omer sans un détour par le marais lui-même et la vie qui si épanouit…
Que sais-je sur Jean Deplet mon brouckailler de 1702 ? Il est né en 1655 et a été baptisé en l’église Saint-Martin de Saint-Omer. Ses père, grand-père et arrière-grand-père étaient maraîcher ou maresquier en Lyzel.
Mathieu DE PLETZ maresquier
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Pierre DE PLETZ maresquier
x1626 Marie REAM
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Marand DE PLETZ (1626-<1696) maresquier
x1654 Jeanne FLANDRIN
x1668 Marie REAM
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Jean DEPLET (1655-1724) maresquier, brouckailler
x1696 Marie Jeanne BERNARD
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Jacques DEPLET (1700-1736) jardinier
x1733 Marie Christine BERNARD
Jean Deplet a épousé une cousine issue de germain, Marie Jeanne Bernard. Ils ont eu 6 garçons qui ont tous vécu. Il est mort en 1724 et son épouse lui a survécu jusqu’en 1733. Je descends de leur 3e fils Jacques Deplet qui a épousé sa cousine germaine Marie Christine Bernard. Ces mariages consanguins sont assez fréquents dans le faubourg, sans doute pour regrouper les héritages de terres maresques… Son propre père, Marand De Pletz, avait épousé en secondes noces également une cousine germaine !
Lors de son contrat de mariage en 1696, on apprend que Jean Deplet apporte en héritage la succession de ses père et mère qui consiste en terres au « Haut Pré » sans doute situées à Lyzel où la famille était déjà établie au temps de Mathieu De Pletz, lequel est présent dans la liste des bourgeois de Saint-Omer en 1616-1617.
J’ai aussi trouvé une mention du grand-père de Jean Deplet, Pierre De Pletz, dans le rôle du guet de 1651 au faubourg de Lyzel.
Les fils de Jean Deplet sont inscrits sur la liste des bourgeois en 1712, 1715 et 1724 alors qu’ils sont encore bien jeunes. Effectivement en analysant la liste on voit les inscriptions avec des âges dès 8 ou 9 ans !
Si Jean Deplet fait une belle marque plutôt qu’une signature, son fils Jacques signe et le nom devient alors Depledt, orthographe qui prévaut par la suite.
La famille ne s’est pas éteinte et les Depledt sont encore présents aujourd’hui à Saint-Omer !
Si vos pas vous mènent à Saint-Omer, le marais est incontournable :
Voilà un geneathème bien documenté qui a enrichi mon vocabulaire d’un nouveau métier.
Merci 🙂
Superbe article … Agréable à lire et instructif
Merci 🙂