Au XVIIIe siècle, la « guerre des Cévennes » est le nom donné depuis à la guerre des Camisards. C’est une véritable guérilla qui ravage les Cévennes pour lutter contre la révocation de l’édit de Nantes. Nombre de nouveaux convertis continuent à se réunir clandestinement. Ils se réunissent en cachette dans la campagne pour pratiquer leur foi en écoutant des prédicants et prophètes populaires, ce sont les assemblées du Désert.
Louis XIV réagit par la répression (envois aux galères, exécutions, emprisonnements) ce qui appelle à la révolte. L’assassinat de l’abbé du Chaila le 24 juillet 1702 déclencha une accélération des hostilités. Mais qui est cet homme ?
Nicolas de Lamoignon de Bâville est nommé intendant du Languedoc et l’abbé François du Chaila, inspecteur de missions des Cévennes du diocèse de Mende. L’évêque est alors François Placide de Piencourt qui est peu énergique. Le nouvel intendant crée en Gévaudan un régiment provincial d’infanterie dont il confie le commandement au vicomte du Chaila frère aîné de l’abbé. Après 15 années passées dans les Cévennes, du Chaila qui doit convertir les protestants cévenols est devenu l’ennemi juré des Nouveau Convertis car il mène une répression sans merci, cumulant les pouvoirs civils et religieux.
François Langlade du Chayla, dit l’abbé du Chaila, mourut le soir du 24 juillet 1702 assassiné par des camisards venus libérés des prisonniers retenus dans sa maison au Pont-de-Montvert. Devant son refus de les libérer, ils incendient et s’emparent de l’abbé qu’ils transpercent de plusieurs coups sur le pont Guillou. Puis les jours suivants ils tuent des curés des environs et massacrent des habitants.
Les mois qui suivent transforme ces soulèvements en guérilla permanente. Les camisards ont le soutien des populations locales et la très bonne connaissance du terrain. Quant aux troupes royales, elles sont composées de 300 miquelets (soldats venus du Roussillon), de 33 « compagnies franches » (près de 1 500 hommes) et de 4 compagnies de dragons. L’année 1703 voit se succéder escarmouches et évènements militaires. Rien n’y faisant, le Roi permet le 14 octobre 1703 le « brûlement des Cévennes ». 466 villages, bourgs ou hameaux de 31 paroisses sont anéantis et leurs habitants déplacés dans des lieux particulièrement catholiques.
C’est dans ce contexte que Jacques Chirac (1664-1746), ancêtre de mes enfants, est dans l’armée royale. Il est devenu capitaine dans le régiment de Conti cavalerie en 1680. Son jeune frère est cadet dans le royal marine en 1690. Leur père fut d’ailleurs commissaire d’artillerie. En tant qu’ancien capitaine, on le trouve dès 1703 dans les milices du Gévaudan dans le camp royal face aux Camisards. Plusieurs documents familiaux le prouvent.
D’après le livre de la famille Chirac, Jacques Chirac et sa compagnie participent activement. Et ce d’autant que Jacques Chirac est le cousin germain d’un frère de l’abbé du Chaila par leurs épouses respectives, et il est aussi un neveu d’un cousin de l’abbé encore par sa femme de ce fameux abbé assassiné en 1702.
Le 19 septembre 1703, il est envoyé avec sa compagnie de Florac, là où il sera indiqué. Il participe sans doute au “brûlement des Cévennes”.
Le 20 octobre 1703, Jacques Chirac doit emmener sa compagnie de Florac à Mende, il doit être à Saint-Chély le 22 et le 23 à la Garde d’où il la renverra chacun chez chez soi le 24.
Mais ces mesures extrêmes n’ont pas les effets escomptés : en 1704 tout reste encore possible car les camisards sont maîtres du pays. Mais ils sont largement défaits en cette année 1704 et petit à petit les choses se tassent.
Dans l’état de la compagnie de Mr Chirac du 3 septembre 1706, il est capitaine et son fils est son lieutenant, ils sont sous les ordres du colonel de Beaumont.
Il est fait major en chef des milices du Gévaudan “contre les fanatiques” par un brevet du roi Louis XIV le 1er novembre 1707.
Il est toujours major des milices du Gévaudan en 1710 d’après deux courriers que l’évêque de Mende lui adresse. Et dans le 2e, il est question de son rôle dans les dernières campagnes contre les fanatiques !
Il reste dans la milice quelques années avant de devenir lieutenant du gouverneur du duché de Mercoeur puis en 1726 capitaine des chasses du duché de Mercoeur.
J’avais déjà parlé de Jacques de Chirac pour son second mariage dans un article ici. Voici son portrait :
Un laisser-passer de 1722 donne sa description physique alors qu’il a 58 ans :
- 5 pieds 10 pouces et demi, proportionné
- visage plein et beau un signal à côté de l’œil droit
- cheveux châtains et blancs.
Jacques de Chirac ou Jacques Chirac ? Bien qu’il ait tenté d’être reconnu noble, il dû abandonner ses prétentions mais c’est un autre sujet…
Pour en savoir plus sur ce thème, je vous recommande une magnifique exposition virtuelle du musée protestant CLIC.
Sources : tous les documents Chirac présentés proviennent d’ici : http://www.archives43.fr/article.php?larub=153&titre=les-chirac-du-gevaudan
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