Histoire : la petite et la grande à Fontaine-Simon

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Fontaine-Simon apparaît dans l’arbre de mes enfants, dans leur ascendance maternelle – la mienne donc – avec Jean Bougrain qui y est décédé en 1695. Grand-père de François visible dans cette roue :

Jean Bougrain était tailleur d’habits comme l’était avant lui son père qui fut aussi tabellion du Mage (Orne). Jean Bougrain était donc né au Mage en 1616, il s’était marié en 1640 non loin à Rémalard où ils avaient eu 8 enfants. C’est leur fils Claude Bougrain qui va m’intéresser aujourd’hui. Pour ma part je descends de son frère cadet François Bougrain.

Claude Bougrain est né à Rémalard en 1651. Il est mentionné “prêtre vicaire chapelain de la charité de Rémalard” en 1678. Il est ensuite curé de Tripleville (Loir-et-Cher) de 1679 à 1683 puis de Moutiers-au-Perche (Orne) de 1683 à 1694 mais c’est à Fontaine-Simon (Eure-et-Loir) qu’il transmet des écrits formidables ! Il y est curé de 1694 jusqu’à sa mort en 1721.

Le 22 mars 1694 l’écriture change dans le registre, Claude Bougrain est alors chapelain et le dimanche 27 juin 1694 il rédige sa prise de possession de la cure suite à sa nomination le 22 juin par l’évêque de Chartres. Il relate sa carrière en quelques mots et donne son village d’origine et son âge, 43 ans 2 mois et demi. Le décès de son prédécesseur est en vis à vis, Nicolas Dareau prêtre et curé de Fontaine-Simon est décédé le 13 juin 1694 à minuit, âgé de 70 ans, curé de la paroisse depuis 26 ans et auparavant curé pendant 19 ans de celle de Bretoncelles.

Parmi toutes les anecdotes que relate le curé Claude Bougrain, 2 intéressent particulièrement sa famille :

• 1699 : J’ai fait poser cette année la chaire à prescher qui ma cosuté 80 livres de mes deniers au suict de quoy on fait la priere de feu Jean Bougrain mon père et de Jacqueline Lochon ma mère comme il se voit par le compte de François Hébert gager rendu cette année
• 1709 : Il y avait chez feu mon père 4 enfants don un garcon est mort a 32 ans et n’a laissé que deux enfans point mariez, cependant j’ay 56 neveux et nièces vivants, sans ce qu’il en viendra

Effectivement son père est décédé à Fontaine-Simon, sans doute chez son fils le curé.

La deuxième information m’interpelle car les 4 enfants de son père sont son frère François Bougrain (mon ancêtre), deux filles et le curé. Il ne compte donc que ceux qui ont vécu car je connais 5 autres enfants à ses parents. Son frère comme indiqué n’a eu que 2 enfants qui ont vécu Nicolas (mon ancêtre) et Françoise Bougrain. Alors comment compte-t-il 56 neveux et nièces ? Ce ne sont pas ses 2 sœurs qui ont pu avoir autant d’enfants ! Je pense qu’il compte ses petits-neveux et petites-nièces.

Il raconte les faits divers de son village et des environs :

• il parle des intempéries : pluies diluviennes, neige en juin, chaleur excessive, froid glacial…
• il évoque la cherté du grain,
• il cite les condamnations comme “Le jeudy 4 décembre a été pendue et bruslée à La Ferté Vidame Aubert femme de st André de la ville aux Nonains qui avoient volé et pillé l’église de Mossonité“.

Il raconte aussi l’Histoire de France avec :

• la naissance d’un enfant de France ;
• la visite de l’ambassadeur pour le roi de Perse, Hussein ;
• la mort de Louis XIV avec sa parenté détaillée de son successeur Louis XV ;
• les guerres ;
• mais aussi chanson (Law) et poésie !

Je suis le Ciel, je suis en terre,
Je suis la paix, je suis en guerre,
A Dieu je ne puis convenir,
Je sais pourtant vivre et mourir.

Pour en savoir plus sur l’ambassade du roi de Perse, voici un beau document du Château de Versailles : ici et un petit ouvrage sur Gallica là.

Et pour finir sur ce bon curé amoureux de l’Histoire, il était vraiment touche à tout… Je n’ai pas les finances pour acheter cet ouvrage qu’il a possédé et annoté sur les premières pages mais il était en vente en 11/2021 pour 950€ :

J’ai les photos sur mon ancien portable, mais impossible de remettre la main dessus ! Grrrr

J’en ai informé les archives départementales au cas-où…

Possédait-il une grande bibliothèque aujourd’hui dispersée ? Un peu chauvin, il s’enorgueillit que les curés qui l’ont précédé à Fontaine-Simon soient “tous percherons, point de normans” !

Il portait un blason que voici :