1) Jeanne de Thorrenc du Lignon
Comme je l’ai déjà dit, Marc de Beaumont de Rochemure épouse par contrat du 26 août 1626 devant Me Beriac Jeanne de Thorrenc du Lignon, fille de Jean seigneur du Lignon et d’Ylaire du Vernet de La Garde. Elle est veuve de Jacques de Fay Seigneur de Sainte-Sigolène.
Cette première alliance est connue principalement par leur contrat de mariage.
Son testament est rédigé dans la chambre basse du Château de Saint-Maurice du Lignon le 3 février 1650. Il en subsiste un extrait qui fournit quelques informations grâce aux legs qu’elle y fait :
- aux églises de Saint-Maurice (sa paroisse), de La Besseyre-Saint-Mary (la paroisse de son époux, de Saint-Thomas-la-Garde (la paroisse de sa mère)
- à sa fille damoiselle Illaire de Beaumont, religieuse au monastère de Saint-Thomas-la-Garde, 1000 livres si elle quitte le monastère
- à sa fille damoiselle Anne de Beaumont, 9 000 livres quand elle se mariera
- à son fils noble Jean Joseph de Beaumont 6 000 livres
- à son mari messire Marc de Beaumont de Rochemure seigneur du Besset Lignon et autres places 3 000 livres pour en disposer en faveur de l’un de leurs enfants, elle lui confie l’administration de ses trois enfants Illaire, Anna et Jean Joseph
- à Sr Claude de Thorrenc dit Blassat pour les services rendus quand il était serviteur domestique 200 livres quand il se mariera
- à Anna Merle sa servante 75 livres
- à sa soeur dame Catherine de Thorrenc religieuse la continuation des 36 livres de pension annuelle
- son fils ainé noble Jacques Gabriel de Beaumont sieur du Lignon est nommé son héritier universel.
Elle doit diverses sommes à :
- à demoiselle de La Rue sa femme de chambre 200 livres de salaires et gages
- aux prêtres de Saint-Maurice 30 livres
- à Clauda sa servante demeurant au château de La Garde 100 livres de salaires et gages
- à Clauda Cholliac sa servante 36 livres de salaires et gages
- à Jeanne Barisson 20 livres de salaires et gages
- à Agnes Biollenc 20 livres de salaires et gages
Nous apprenons ainsi qu’elle a eu 4 enfants de son second époux, à savoir deux fils Jacques Gabriel et Jean Joseph de Beaumont et deux filles qui sont Illaire et Anna de Beaumont. Elle est peut-être décédée peu après, mais avant 1660 c’est certain.
2) Cécile de Thorrenc
Marc de Beaumont de Rochemure eut, nous le savons, une autre union avec Cécile de Thorrenc, d’abord union illégitime, dès avant 1646, avant d’être concrétisée par un mariage tardif en 1661.
Qui est-elle ? Cela est encore une énigme… Alors que sais-je sur elle ?
Lors de son contrat de mariage, elle est présentée comme “Dame Cecille de Torranc du lieu de Laussac paroisse de Saint-Maurice dame de ses droictz nestant en puissance de personne”. Elle serait donc originaire de Saint-Maurice-de-Lignon. Malheureusement il n’y a plus d’anciens registres paroissiaux pouvant nous renseigner sur son ascendance.
Elle s’est constituée en dot un domaine situé aux appartenances des Hontès Bas, 6000 livres que le seigneur du Besset confesse avoir eus et reçus et comme bien paraphénal son domaine des Foyes à Monistrol-sur-Loire.
“Paraphernal” est un adjectif utilisé autrefois pour désigner, sous le régime dotal, les biens personnels de la femme qui étaient laissés à sa jouissance et à son administration par opposition aux biens dotaux qu’administrait le mari.”
Son époux, Marc de Beaumont de Rochemure, lui réserve un douaire viager s’il vient à décéder avant elle, durant tout son veuvage. C’est à savoir la somme de 150 livres annuelles et par avance à prendre sur les domaines de Broussoux et Solliers dont elle pourra jouir comme de celui des Hontès Bas avec le bétail qui s’y trouvera, tant pour le paiement du douaire que pour les intérêts des 6000 livres de la dot mobiliaire après la déduction du domaine des Hontès Bas et encore pour les intérêts de la somme de 300 livres qu’il donne pour bagues et joyaux selon son plaisir et sa volonté
Il lui réserve d’autres avantages comme recevoir ses habits de deuil, demeurer au château du Besset, avoir une fille de chambre et un laquais et être entretenue l’année de son deuil.
Le 4 mars 1670, deux jours avant son la rédaction de son testament, Marc de Beaumont de Rochemure lui fait une donation entre-vifs, devant Me Chabanel de Saugues. Il lui donne l’entier domaine de Broussoux et Solliers avec toutes ses dépendances en toute justice haute, moyenne et basse, consistant en maisons, granges, étables, jardins, prés, champs, bois, paturals, cens et rentes et autres vertus cultes et incultes, sans aucune réserve pour en jouir durant sa vie et en disposer en faveur de qui bon lui semblera.
Il essaie de lui assurer un avenir convenable car il craint des complications après son décès comme il le dit lui même dans son testament.
“Pour la décharge de sa conscience afin que son âme devant Dieu ne soit chargée que le bref qu’il a obtenu de Notre Saint-Père le Pape pour la confirmation de son mariage avec Damoiselle Cecille de Torranc, l’exécution duquel étant renvoyé à Mr l’Official à Saint-Flour il soit poursuivi jusqu’à jugement définitif pour l’établissement de sa dite famille et repos de sa conscience.”
Source: Testament – SAUGUES 3E 488/153 Me CHABANEL
Qui est donc Cécile de Thorrenc ?
Son inhumation le 10 septembre 1677 nous apprend peu de choses.
Elle s’y appelle “Cicille de Torrenc” et vit à Hontès Bas, non au château du Besset. Ce qui est logique, c’est la métairie qu’elle a reçu en douaire.
Cécile de Thorrenc n’est pas Cécile de Thorrenc !
Contrairement à ce que disent certains ouvrages, Cécile de Thorrenc ne peut être la Cécile de Thorrenc, veuve de Nicolas de Clavières, sœur de Jeanne de Thorrenc, la première femme de Marc de Beaumont de Rochemure.
En effet Cécile de Thorrenc épouse par contrat du 2 août 1626 Nicolas de Clavières et ils ont 8 enfants entre leur mariage et 1636 voire après. Nicolas de Clavières est encore vivant en 1645. Tout ceci est incompatible avec une mère d’enfants nés quasiment tous les ans entre 1626 et 1662 ! Qu’elle ait pu être mariée à 13 ans, pourquoi pas, mais qu’elle ait eu une telle fécondité qu’après 40 ans elle ait encore des enfants tous les ans et ce jusqu’à 49 ans ! Non je n’y crois pas !
Cécile de Thorrenc n’est pas Rose de Thorrenc !
On peut aussi trouver des ouvrages qui la donne veuve de Vital de La Borie. Ce n’est pas possible non plus, absolument pas. Vital de La Borie a épousé une Rose, non une Cécile. Et si cela ne suffisait pas, Vital teste en 1610 et cite son épouse et son fils Jean, jeune enfant puisqu’il a une nourrice. Elle ne peut pas être encore mère en 1660 !
Par contre, Rose de Thorrenc est marraine en 1649 à Monistrol et demeure aux Foyes. Or c’est là que vécurent au moins un temps Marc de Beaumont de Rochemure et Cécile de Thorrenc avant leur mariage ! Et c’est la métairie que Cécile de Thorrenc possède en 1661 !
On peut donc penser qu’il y avait une parenté entre Cécile et Rose d’où la confusion dans certains ouvrages…
Qui est donc Cécile de Thorrenc ?
Marc de Beaumont de Rochemure a eu besoin d’un bref du Pape pour faire valider son mariage avec elle, c’est donc qu’il existait un empêchement à leur union. Sans nul doute une parenté puisque ses deux épouses portent le même patronyme…
- Elle est donc sans doute parente avec Cécile et Jeanne de Thorrenc fille de Jean seigneur du Lignon et d’Ylaire du Vernet de La Garde (patronyme et commune d’origine identiques à Saint-Maurice-de-Lignon).
- Elle pourrait être une filleule de Cécile de Thorrenc épouse de Nicolas de Clavière, dont elle aurait reçu le nom…
- Peut-être est-elle une nièce de Rose de Thorrenc dont elle aurait pu hériter les Foyes ?
Comment a-t-elle connu son amant puis mari ? On peut imaginer qu’elle ait été une parente pauvre et ait travailler comme servante de sa parente Jeanne de Thorrenc du Lignon. Un domestique doté dans le testament de Jeanne de Thorrenc du Lignon est d’ailleurs sans doute aussi un membre de sa famille : Sr Claude de Thorrenc dit Blassat.
Les recherches sur son ascendance sont encore en cours…