Funeste foule affamée à Arleuf

Nom de la commune : Arleuf
Région : Bourgogne
Département : Nièvre (58)
Population : 683 habitants
Superficie : 59,77 km²
Altitude : 402 à 857 mètres

Bourrée d’Arleuf


Arleuf apparaît dans mon arbre avec Marie-Louise Gonthier qui y est née en 1898 comme précédemment expliqué à la lettre A du ChallengeAZ.

Roue montrant la branche d’Arleuf (Heredis)

C’est le 22 juin 1692 lors d’une distribution de pain qu’arriva une funeste faiblesse de la foule. Que s’est-il passé ? 24 personnes sont mortes : effet de foule, chaleur, famine. Tous les ingrédients étaient réunis pour ce drame…

Tous les ans avait lieu dans l’église, le dimanche avant la Saint-Jean d’été, une distribution de pain, grâce aux dons en blé de la confrérie du Rosaire. L’hiver de 1692 avait été si rigoureux que les récoltes n’avaient pas permis de tenir jusqu’à l’été. Les affamés affluèrent à Arleuf des paroisses voisines, cheminant des lieues sous un soleil de plomb pour avoir leur part de ce don si attendu et s’entassèrent dans l’église. La presse était telle que vingt-trois personnes, dont dix-sept étrangères à la paroisse, trouvèrent la mort dans l’église, étouffées dans la foule. Le curé termine ainsi la liste des morts de ce tragique dimanche : «tous les susdits nommés ayant esté étouffés par la g(ran)de quantité de personnes estant morts de faiblesse dans la douve d’arleuf à cause de la grande chaleur de ce jour et esté inhumés dans le cimetière d’arleuf le 22 juin 1692 qui estoient dans leglise pour recevoir lausmone qu’on y fait le dimanche auparavant le Saint Jean, à cause de la chaleur excessive de ce jour et de linanition où estoient réduits la plus part de ces pauvres pendant une année où il faisoit cher vivre
ont esté inhumés dans du l’eglize cimetiere d’Arleuf ensuite? du procès verbal les uns le 22 juin à la sollicita(ti)on des pauvres à cause de la corruption, les autres le 23 ensuite? du procès verbal en p(rése)nce de Jac(que)s Baillau et de Pierre Truchot».

Ce que le curé François Martin ne mentionne pas, tant la coutume est admise, c’est la pestilence qui devait régner dans l’église où les corps ensevelis en grand nombre en cette année de disette, reposaient sous une faible épaisseur de terre, les plus récents au dessus des anciens. Il aura fallu un édit de Louis XV pour mettre fin à cette pratique peu salubre d’enterrer les morts à l’église. A Arleuf, les années qui suivirent cette tragédie, on pratiqua la distribution de pain hors de l’église. Déjà en juin 1643, une fille était morte «étouffée en l’eglise d’arleuf et inhumee au porche de ceans», probablement dans les mêmes circonstances.

Arleuf double du registre 1692 – lien

2 commentaires

  1. Incroyable. Jamais je n’aurais pensé qu’il peut exister de tels mouvements de foule au XVIIe siècle. Cela résonne après le drame d’Halloween à Seoul le mois dernier

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