Les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

Dans cette fable de Jean de La Fontaine, les chiens et les chats sont ennemis, mais lorsqu’ils sont confrontés à une menace commune, les souris, ils se rapprochent et travaillent ensemble pour les vaincre.

Cela peut s’appliquer à de nombreuses situations dans la vie, où il est important de mettre de côté les différences et de travailler ensemble pour atteindre un objectif commun.

Aujourd’hui, je vais donc vous présenter Elisabeth Gérard une de mes ancêtres à la 12e génération.


Elisabeth Gerard est probablement née vers 1656 à Saint-Lô dans le Cotentin. Dans tous les cas, c’est l’origine qui lui est donnée dans l’acte de ses fiançailles avec Pierre Guillebert le 12 janvier 1680 à Avranches.

R.P. d’Avranches – Notre-Dame-des-Champs (A.D. de la Manche)

Elle se marie quelques jours plus tard le 16 janvier et l’acte fournit un certain nombre d’informations importantes.

R.P. d’Avranches – Notre-Dame-des-Champs (A.D. de la Manche)

Replaçons les événements dans l’ordre :

  • le 10 janvier 1680, Pierre Guillebert et Elisabeth Gerard passent leur contrat de mariage à Avranches (je n’en ai qu’un résumé),
  • le lendemain 11 janvier, la future épouse fait l’acte d’abjuration de l’hérésie de Calvin devant l’évêque d’Avranches, elle renonce donc formellement et solennellement à sa religion,
  • le 12 janvier, ils sont fiancés à Avranches,
  • le 14 janvier, les futurs reçoivent le Saint Sacrement de l’autel, sans doute une communion,
  • le 15 janvier, ils obtiennent une dispense de deux bans de l’officialité de Saint-Lô où un ban a été fait,
  • le 16 janvier, ils se marient à Avranches.

On remarque ainsi qu’Elisabeth Gerard était protestante. Elle a dû abjurer pour s’allier à un catholique.

Avec l’Édit de Nantes en 1598, le temps de la paix entre catholiques et protestants était venu. Mais depuis 1670, les protestants sont à nouveau persécutés et leurs temples détruits. Les brimades, la restriction de leurs droits, vont aller crescendo à partir de 1680 jusqu’à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

En épousant le catholique Pierre Guillebert,, l’ex-protestante Elisabeth Gerard rentrait à temps dans le giron de l’église catholique. Cette union a peut-être été arrangée par son frère Israël Gerard. En effet, celui-ci s’était marié dans la religion catholique à Avranches 5 ans auparavant. Il avait dû déjà abjurer car il n’y en a pas de mention dans l’acte.

La dispense de 2 bans pourrait s’expliquer de deux façons : les futurs auraient pu avoir une proximité avant le mariage qui obligerait à un alliance rapide ou bien ils craignaient une opposition du fait de l’ancienne religion de la future d’où une certaine précipitation dans l’enchainement des événements.

Comme souvent à l’époque, les protestants appartiennent à des élites de l’artisanat. La famille Gerard est orfèvre de père en fils. Les neveux d’Elisabeth Gerard, enfants de son frère Israel Gerard, sont orfèvres.

Leur père, un autre Israel Gérard, était peut-être déjà orfèvre à Saint-Lô où une église protestante est déjà bien implantée, et ce dès en 1562. Remarquons que le prénom Israel est plutôt porté chez les protestants que chez les catholiques ce qui suppose une appartenance à la religion prétendue réformée assez ancienne pour la famille Gerard.

Tant qu’à avoir un père se prénommant Israel, Elisabeth Gerard ne pouvait pas faire mieux que d’avoir une mère se nommant Dieu ! Israel et Elisabeth Gerard étaient en effet les enfants d’Israel Gerard et de Jeanne Dieu !

Si les Gerard sont aussi présents à Avranches, des Dieu protestants sont assurés à Saint-Lô. Malheureusement il reste peu de choses après les destructions en Normandie…


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