Étymologiquement, Meissonnier ou Meyssonnier désigne un moissonneur. Ce patronyme est surtout porté dans le Sud-Est et particulièrement en Lozère et dans l’Hérault.
Toute cette histoire familiale que je vais vous dérouler se passe donc à Aumont dans l’Aubrac, aujourd’hui en Lozère.
Jeanne Meyssonnier
L’histoire commence avec Jeanne Meyssonnier qui nait le12 mai 1737 au bourg d’Aumont (Lozère). Elle est baptisée le même jour et a pour parrain et marraine un voisin Barthélémy Valentin et une tante maternelle Catherine Meyssonnier. Elle reçoit le prénom d’une sœur ainée décédée quelques mois plus tôt mais porte régulièrement aussi le prénom de Catherine.
C’est la 7e de 8 enfants mais en réalité au moment de sa naissance, ses parents n’ont plus que 3 enfants Catherine 12 ans, Valentin 6 ans et Marie 22 mois. Elle aura encore un petit frère François l’année de ses 4 ans. Malheureusement ses frères meurent assez jeunes sans descendance à 26 et 23 ans et ses deux sœurs meurent célibataires à 60 et 70 ans. Jeanne Meyssonnier se marie à 21 ans avec Vidal Gachon, un cultivateur de Rimeize dont est issue une nombreuse descendance. Mais je vais laisser cela de côté pour me consacrer à son ascendance. Notons qu’elle meurt à 61 ans à Rimeize.
Ses parents sont François Meissonnier et Louise Meissonnier. Voilà qui est original ! Et il faut être très prudent et ne pas confondre avec un autre couple Antoinette Meissonnier, demi-sœur de François Meissonnier et son époux autre François Meissonnier, d’une autre branche encore.
François Meissonnier
François Meissonnier a été baptisé le 5 août 1694, il était né de la veille fils d’Antoine Meissonnier et de Catherine Boissonnade.
Second fils de la famille il devient cordonnier comme son père. Il passe un contrat de mariage avec Louise Meissonnier le 3 avril 1723 et l’épouse le 20. Il est accompagné de son père Antoine Meissonnier, sa mère est déjà décédée. Ils ont 8 enfants entre 1724 et 1741 mais seule Jeanne aura une descendance. Louise Meissonnier décède en 1756 à 60 ans et François Meissonnier lui survit pour s’éteindre à 86 ans le 7 mars 1781. Il avait rédigé son testament le 20 mai 1777 faisant ses héritières ses deux filles célibataires, sa fille mariée ayant été suffisamment dotée.
Antoine Meissonnier
Antoine Meissonnier passe son testament le 2 février 1724 et meurt le 12. Il est alors muletier après avoir été cordonnier. Il est désigné Antoine de Gounet, selon le prénom de son père. Il fait ses héritiers particuliers ses deux fils Jean et François issus de son second mariage et les enfants de sa défunte fille Antoinette issue de son premier mariage. Son héritière universelle est sa fille de sa seconde union, Jeanne.
Sa première femme s’appelait Marguerite Brun. Ils ont passé leur contrat de mariage le 12 février 1675. Ils ont une fille Antoinette. Il épouse ensuite Catherine Boissonnade le 6 juillet 1679 après le passage de leur contrat de mariage le même jour. Ils ont 5 enfants dont les deux derniers semblent être décédés jeunes.
On apprend par un acte de 1663 qu’il était déjà né, et même avant 1656 semble-t-il. Ses parents étaient Gounet Meissonnier et Marguerite Chastang d’après ses deux contrats de mariage et son acte de mariage.
Gounet Meissonnier
Gounet Meissonnier est resté longtemps une énigme. Pourquoi ? Parce que son contrat de mariage avec Marguerite Chastang en octobre 1641 fait partie d’un registre qui a disparu et parce que je ne trouvais nulle part sa filiation. Heureusement, un acte de 1655 passé avec sa belle-famille a fini par me révéler son père ! C’est un autre Gounet Meissonnier ! Mais j’étais à nouveau bloquée car dans cette période il existe plusieurs Gounet…
C’est le partage entre les deux fils de Gounet Meissonnier le 11 avril 1655, François et Gounet jeune qui va me donner une partie de la réponse. Parmi les biens dévolus à Gounet jeune, il y a une maison “del Bary damon”. Et justement, Dauphine la fille de mes Gounet Meissonnier et Marguerite Chastang reçoit cette maison basse à son contrat de mariage le 24 février 1669 avec Claude Boulet !
Gounet Meissonnier et Gounet Meissonnier Jeune sont donc une seule et même personne ! Il est le fils de Gounet Meissonnier et de Cecile Lombart.
Finalement, il passe son testament le 28 avril 1690 et décède entre cette date et le 18 février 1692. Son épouse lui survit encore plusieurs années et meurt le 1er février 1697. Ils ont eu 7 enfants qui vécurent : 5 filles et 2 fils.
Gounet Meissonnier Vieux
Gounet Meissonnier Vieux est l’époux de Cecile Lombart dès avant 1619. Il agit régulièrement avec son frère François et sa sœur Jeanne d’abord épouse d’Estienne Sarrazin puis de Bernard Lombart. Leurs parents sont Antoine Meissonnier et Antoinette Ramadier.
Ils sont à leur tour les parents d’un François marié en 1645 à Anne Maurel, d’une Jeanne mariée en 1634 à Guillaume Paulet et de Gounet le Jeune marié en 1641 à Dauphine Chastang.
Gounet Meissonnier Vieux fait rédiger son testament le 1er mai 1654 dans lequel il fait son héritière sa femme Cecile Lombart qui devra rendre son hérédité à l’un de ses trois enfants tel que bon lui semblera. Mais dans son codicille du 23 octobre suivant il précise qu’elle devra rendre l’hérédité à leurs deux fils, François et Gounet, par moitié. Il meurt entre ce 23 octobre 1654 et le 14 mars 1655, date à laquelle ses fils se partagent ses biens.
Antoine Meissonnier
Antoine Meissonnier a dû naitre dans les années 1520-1540. Il s’est marié avec Antoinette Ramadier et en a eu 3 enfants : François, Gounet et Jeanne (mariée à Pierre Sarrazin puis à Bernard Lombard). Il existe plusieurs actes entre ses enfants qui fournissent la famille. Il était fils d’un Gounet Meissonnier.
Gounet Meissonnier
Né au début du XVIe siècle, Gounet Meissonnier est mort avant 1585. Il est le père d’Antoine, Jean, Ysabel et Marguerite. La famille est connue grâce au testament de Marguerite le 11 février 1587 car elle fait des legs à ses frères Jean et Antoine Meissonnier, à sa sœur Ysabel Meissonnier, à sa belle-sœur Antoinette Ramadier femme de son frère Antoine Meissonnier et à la femme de son neveu François Meissonnier, Dauphine Brunet.
Louise Meissonnier
Louise Meissonnier est née le 3 février 1696 et a été baptisée le lendemain. Ses parents sont Jean Meissonnier et Jeanne Boucharenc.
Elle passe un contrat de mariage avec François Meissonnier le 3 avril 1723 et l’épouse le 20. Elle est accompagnée de son parâtre Pierre Dalle, ses parents sont déjà décédés. Ils ont 8 enfants entre 1724 et 1741 mais seule Jeanne aura une descendance. Louise Meissonnier décède en 1756 à 60 ans et François Meissonnier lui survit pour s’éteindre à 86 ans le 7 mars 1781.
Jean Meissonnier
Il est né dans les années 1660 et était déjà marié en 1689 avec Jeanne Bouscharenc. Je n’ai pas encore trouvé son contrat de mariage. Ils ont eu 3 enfants un fils François (1698-1707) et deux filles Catherine, née en 1693 et mariée à Valentin Trocellier, et notre Louise.
C’est son testament le 6 octobre 1699 qui me fournit son ascendance. On y apprend qu’il est tisserand et fils de feu François Meissonnier. Mais on y apprend aussi qu’il a une sœur Marie Meissonnier fille de sa marâtre Marguerite Monteil.
Il décède le 13 juin 1700 laissant sa veuve en charge de leurs trois enfants mineurs. Jeanne Bouscharenc se remarie le 28 février 1702 avec Pierre Dalle, marchand d’Aumont. Il s’agit du frère de Antoine Dalle le mari de sa belle-sœur Catherine Meissonnier. Elle teste le 22 octobre 1721 et meurt le 5 décembre suivant.
François Meissonnier
Il est né après 1618, année de l’union de ses parents Gounet Meissonnier et Antoinette Chastang. Il s’est marié avec Agnès Rampan ils ont passé leur contrat le 24 février 1658. Diverses quittances dans les années 1660 concernent la succession Rampan. C’est un accord passé entre lui et son père en 1669 qui donne sa filiation et son union. Cet acte est passé pour éviter un procès entre Gounet Meissonnier (et son fils du second lit Jean Meissonnier son donataire contractuel) et ses enfants du premier lit au sujet de la succession de leur mère Antoinette Chastang. On y apprend que leur mère est morte en 1631, que leur père s’est remarié en 1632 et que les enfants n’ont pas vécu dans sa maison.
François Meissonnier et Agnès Rampan ont eu une fille Philippe, filleule et légataire de sa grand-mère maternelle Philippe Brunet en 1665, mais elle est morte avant 1695. Sinon ils ont eu 3 enfants leur survivant : Jean, Catherine et Jeanne. François Meissonnier s’est remarié avant 1689 à Marguerite Monteil dont il a eu une fille Marie. Il meurt entre 1689 et 1695.
Gounet Meissonnier Vieux
Il est né à la fin du XVIe siècle. Et le 29 janvier 1618, il passe son contrat de mariage avec Antoinette Chastang, une fille du notaire Bertrand Chastang. Évidemment, l’acte est chez le notaire Allo. Fils de François Meissonnier et d’Isabelle Prieur. Son père lui fait don de la moitié de ses biens mais en garde l’usufruit, ils vivront ensemble.
Antoinette Chastang apporte en dot divers biens qu’on retrouve dans des reconnaissances de dot :
- 300 livres de droits paternels et maternels (13/05/1618 : 180L – 11/11/1618 : 60L – 28/11/1619 : 60L )
- 140 livres et 3 robes dues pour les restes de la constitution de douaire faite à sa défunte mère (une robe pour femme de couleur 28/11/1619 – 100L le 2/5/1623)
- 2 “chazal” de maisons ayant appartenu à feu André Boignon
- 1 robe drap de maison de la couleur qui plaira (une robe de couleur 11/11/1618)
- 2 couvertes (une de Montpellier le 13/05/1618)
- 2 linceuls (le 13/05/1618)
- 1 paire de taureaux de 2 ans (de 27L pour leur prix le 11/11/1618)
- 3 brebis (le 11/11/1618)
Quatre enfants naissent de cette union et Antoinette Chastang décède en 1631. Gounet Meissonnier se remarie avec Antoinette Planes, contrat du 19 septembre 1632 chez son beau-père. Un conflit a dû alors survenir. C’est un accord du 18 septembre 1669 passé avec François Meissonnier son fils de sa première union qui le révèle. On y découvre que les enfants qu’il a eu avec Antoinette Chastang n’ont pas été élevés dans la maison de leur père. Cet accord vise à arrêter le procès en cours sur la succession de leur mère.
Gounet Meissonnier prétend que les fruits des biens de sa première femme et le supplément que ses enfants ont reçu des héritiers de leur grand-père maternel, doivent lui appartenir en usufruit. François Meissonnier et ses sœurs, au contraire, considèrent qu’ils doivent leur appartenir comme restitution de dot de leur mère puisqu’ils ont été émancipés le 10 juillet 1647. De plus le supplément doit être considéré comme “biens adventifs et paraphernaux” (en droit ancien : acquis par la femme après son mariage, en manière paraphernale, sans possibilité de cumul avec la dot) car reçu après le décès de leur mère de la succession de leur aïeul maternel. Le 4 juin 1668, la Comté de Peyre leur a donné raison et a condamné leur père à leur restituer 440 livres, 40 livres pour une paire de taureaux et 3 brebis et encore 120 livres plus les intérêts depuis 1658, les frais juridiques s’élevant à 40 livres et encore 25 livres pour les honneurs funèbres de leur mère. Les enfants doivent vérifier les réparations que leur père dit avoir fait dans un chazal de maison constitué à leur mère. Gounet Meissonnier a fait appel en la Cour du sénéchal de Nîmes mais il a été débouté le 6 novembre. Il a renouvelé son appel en la souveraine Cour de Parlement de Toulouse mais voyant qu’il ne peut subvenir aux frais, il a renoncé à l’appel le 10 janvier 1669 et a reconnu n’avoir fait aucune réparation à la maison n’y payer la constitution faite à son fils François dans son contrat de mariage. En conséquence il a été décidé par la Cour du sénéchal de Nîmes que ses biens seraient vendus aux enchères publiques pour payer ses créanciers. François Meissonnier et ses sœurs ont fait procéder à la saisie générale des biens et fait assigner leur père et ses créanciers en la Cour du sénéchal de Nîmes. Appréhendant à nouveau les grands frais qui s’ensuivraient, leur père Gounet Meissonnier et ses enfants du second lit s’accordent avec les enfants du premier lit qui s’en inquiètent aussi. Gounet Meissonnier abandonne à son fils François Meissonnier et à ses filles la maison, mais il conserve la moitié des biens dotaux de leur mère. Il ne sera pas tenu de payer à François les 100 livres promises dans son contrat de mariage. Mais il devra 458 livres. Il les payera en terres qui pourront être rachetées dans les 10 ans.
Il avait fait son testament avant l’accord, le 8 février 1667, léguant à ses enfants de sa première union avec Antoinette Chastang :
- à François 100 L en plus des 100L donné à son mariage,
- à Yzabel, Jeanne (femme Jean Rousset) et Catherine (femme Jean Vye dit Candalle) 100L chacune.
Il avait aussi légué à ses enfants de sa seconde union avec Antoinette Planes :
- à Louis fils ainé 400L mais fera ses honneurs funèbres,
- à Jean premier et Antoine 200L chacun,
- à Catherine, Anthoinette et Gabrielle 200L chacune,
- à Agnès, sa petite fille et filleule fille de Louis 30L,
- à Antoinette Planes sa femme 3 setiers de blé seigle mesure de Peyre chaque fête St-Michel, une robe drap de maison de 3 ans en 3 ans, une chemise toile chaque année,
- à Jean second son fils et donataire, héritier universel.
Il décède au plus tard en 1673.
François Meissonnier
Il est né vers 1560, fils d’Antoine Meissonnier et Antoinette Ramadier. Il est donc le frère de Gounet Meissonnier Vieux présenté dans la première branche Meissonnier.
Le 11 février 1587 il est l’époux de Philippe Brunet qui doit décéder peu après lui laissant une fille Catherine Meissonnier. Celle-ci se mariera en 1617 avec Guillaume Vye. Il se remarie par contrat du 29 décembre 1587 à Saint-Chélyd’Apcher avec Isabelle Prieur nièce de 2 Antoine Prieur de Saint-Chély-d’Apcher et veuve de Pierre Peytavin. Le couple a 6 enfants.
Il fait son testament le 28 janvier 1638 et est mort avant 1644.
Marguerite Meissonnier
Marguerite Meissonnier apparaît dans ma généalogie à l’orée du XVIIe siècle. Elle épouse Jean Sarrut vers 1590 et en a plusieurs enfants dont Isabelle Sarrut qui se marie par contrat du 3 février 1641 avec Jean Constans. Ils sont de mes ancêtres. Elle est la fille de Jean Meissonnier et de Marguerite Jouve.
Jean Meissonnier
Jean Meissonnier dit Gounet n’est autre que le fils de Gounet Meissonnier présenté comme Ancêtre des Meissonnier et des Meissonnier !
De sa première épouse Marguerite Jouve, il a eu 2 enfants : Marguerite et Pierre Meissonnier. Puis il s’est remarié avec Philippe Sarrut, veuve de Barthélémy Crouzet, et en a eu une fille Isabelle Meissonnier. Il avait été prévu de marier Pierre Meissonnier à la fille de Philippe Sarrut, Agnès Crouzet. Mais cela ne s’est pas fait et a engendré un conflit familial sur plusieurs générations malgré l’union entre Marguerite Meissonnier et Jean Sarrut, qui n’est autre que le frère de sa belle-mère ! Pierre Meissonnier a quitté la région pour s’établir à Lansargues dans l’actuel département de l’Hérault. Agnès Crouzet s’est mariée avec un autre homme, Balthazard Brunet. Il se trouve qu’il sont aussi mes ancêtres !
Je ne peux finir cet article sans vous parler du prénom Gounet. Il s’agit bien ici d’un prénom à part entière et non d’un diminutif.
Certains y voient un ancien nom de baptême germanique “Gonta” tandis que d’autres y voient plus simplement un dérivé affectif de Hugon, avec aphérèse (perte de l’initiale). Il a aussi une origine germanique, il est issu du radical hug qui signifie intelligence, esprit.