André Pierre Biron est né le 18 mai 1904 à Paris, 41 rue du Château-d’eau dans le Xe arrondissement de Paris. C’est donc dans cette maison, qu’on aperçoit ici à droite avec la boutique de gantier en rez-de-chaussée de son père, qu’il est né.
Il a ensuite été confié à sa famille paternelle en Lozère peut-être à Saint-Chély-d’Apcher ou aux alentours. Mais vers 3 ou 4 ans, il est de retour chez ses parents comme le confirme cette photographie prise à Paris. Ou cette autre qui le montre devant la boutique de son père au 15 avenue Victoria, dans le IVe arrondissement de Paris. Je le pense âgé d’environ 4 ou 5 ans maximum. Nous pouvons donc la dater d’environ 1908.
Je pense avoir trouvé son inscription à l’école 16 rue Renard dans le IVe arrondissement de Paris, malheureusement le registre d’inscription n’est pas parvenu jusqu’à nous, seul un répertoire alphabétique subsiste.
Plusieurs photographies familiales me permettent de le voir grandir. Le voici en chemise et pull blanc, avec un cousin semble-t-il, probablement âgé d’environ 6 ans. Et ici, un peu plus grand, 8 ans peut-être, dans l’entrée de leur immeuble sans doute, avec un jeu à la mode, le traditionnel cerceau et son bâton.
Je le retrouve en communiant. C’est donc une photographie de 1914 au plus tôt puisqu’il doit avoir minimum 10 ans. Il porte comme il se doit un costume noir avec cravate (nœud), un brassard et des gants blancs.
Son père part à l’armée se battre contre les allemands. C’est la Première Guerre mondiale. La photographie de la famille date sans doute de très peu de temps avant son départ le 20 février 1915. André Biron à donc moins de 11 ans.
Son père rentre sain et sauf de la guerre et reprend la boutique. André apprend le métier de gantier sans doute à ses côtés. Ils déménagent 8 Quai de Gesvres
Le 25 octobre 1924, il se marie assez jeune, à tout juste 20 ans, avec une jeune couturière de 19 ans, Germaine Alice Frantz.
Ils ont un fils André Baptiste Jean Biron le 4 août de l’année suivante qui nait 188 avenue de la Dhuys à Bagnolet chez ses grands-parents maternels et y est élevé tandis que ses parents demeurent au 3 rue Rampal dans le XIXe arrondissement de Paris. Le 19 mars 1932 une petite fille vient agrandir la famille, Jeanne.
Une carte d’électeur de 1933 et le recensement de 1936, donnent la famille habitant au 10 Place Séverine au Pré-Saint-Gervais. Cette Cité-Jardin a été conçue par Félix Dumail, comme réalisation de l’Office public d’HBM de la Seine, en 3 tranches de travaux sur un terrain d’environ 120 000 m². Les travaux débutent en 1928 pour se terminer en 1931 pour Le Pré-Saint-Gervais avec des pavillons crépis et des logements collectifs en brique entourant le stade. L’architecte organise la cité avec des places et squares très urbains et soigne particulièrement l’ensemble en choisissant les matériaux et apportant des détails aux immeubles en brique tels que les portes d’entrées, balcons et loggias. (Source)
Dès 1935, l’arrivée du métro à proximité (Porte des Lilas-Châtelet) favorise les déplacements de ses habitants. C’est à la fenêtre de ce logement que l’on voit les deux enfants de la famille avec leur mère sans doute vers 1938.
Survient alors la Seconde Guerre Mondiale et avec elle le départ d’André Pierre Biron au front. Il était maréchal des logis de la compagnie automobile de transport (train) 350/22. C’est un grade de sous-officier, entre le maréchal des logis-chef et le brigadier-chef correspondant à sergent dans d’autres régiments. Le grade se matérialise par le port d’un signe distinctif des droits et devoirs, dans le train ce sont des galons d’argent.
Plusieurs document m’apprennent qu’il a été fait prisonnier à Saulieu le 16 juin 1940, autrement dit lors de la bataille de Saulieu, qui a fait 37 morts chez les militaires français et 11 chez les civils. Cette journée avait été marquée par l’arrivée massive des soldats allemands et notamment par le bombardement et l’incendie de l’hôpital, et l’enfermement de 200 soldats dans l’église Saint-Saturnin, dont sans nul doute mon arrière-grand-père. Le poste de commandement arrière de la 3e division cuirassée a été anéanti dans Saulieu. De nombreuses carcasses de véhicules calcinés et les corps des soldats tombés lors des combats jonchent les rues de la ville conquise par la 3e Panzerdivision.
Sa capture est publié dans la Liste officielle n°28 des prisonniers de guerre français du 9 octobre 1940 puis dans la n°37 du 5 novembre 1940.
Il est donc emprisonné au Frontstalag 192 à Laon, Aisne, camp ayant été utilisé de juillet 1940 à mars 1941. Il y arrive sans doute à son ouverture en juillet et en part avant le 4 octobre car à cette date il est en Allemagne au Stalag XI B prisonnier n° 66 530. Il est ensuite transféré au Stalag XI A le 20 avril 1941 avant d’être libéré cette même année (source ICRC). Il rentre en France et part en convalescence à Lourdes.
Toute la famille a quitté Paris et se trouve à Saint-Front-la-Rivière en Dordogne pour le reste de la guerre. Je ne sais pas précisément à quel moment ils ont quitté Paris mais leur fils, mon grand-père, y est scolarisé dès 1939 et passe son certificat d’études primaire le 31 juillet 1940 à Saint-Pardoux-la-Rivière. Certaines photographies familiales datent de 1944.
Après la guerre, ils rentrent à Paris ou André Pierre Biron reprend sa profession de gantier qu’il exercera jusqu’à sa mort en 1984. J’ai découvert un courrier de 1951 du secrétaire d’état à l’enseignement technique, à la jeunesse et aux sports, qui le convie à une commission en tant que “membre de la sous-commission “Ganterie” de la Commission Nationale Professionnelle Consultative des cuirs et peaux.
Il décède à 80 ans suite à un accident de voiture survenu alors qu’il était à Saint-Junien (87). Il s’y rendait régulièrement pour acheter gants et peaux. Il s’y était rendu cette fois-ci pour revendre son stock tant en gants qu’en peaux, son épouse Germaine Frantz, qui tenait le magasin, étant décédée depuis deux mois… Il est transféré à Limoges où il succombe le 19 août 1984.
Félicitations pour cette restitution de la vie de votre arrière-grand-père !
Toutes ces photos qui illustrent le récit lui donnent chair et âme (Quelle chance de disposer de ces photos qui marquent chaque étape importante de sa vie !).
C’est une source d’inspiration pour le jour où je me lancerai, et assemblerai les éléments jusqu’à ce jour épars.
Reconstituer le parcours militaire de mon grand-père en 1940 me paraît de loin le plus difficile, tant les sources sont dispersées.
Aucune occurrence trouvée dans les listes de prisonniers…
Merci bien.
En commençant à écrire, on cherche et on trouve des choses qu’on ne soupçonnait pas 🙂