Quand #RDVAncestral rencontre #52Ancestors :

Me voilà de nouveau partie à Versailles à la recherches de mes ancêtres. Je n’y suis pas allée depuis quelques temps déjà. Oui en vérité, cela fait même plusieurs années ! Il est temps que j’essaie de débloquer l’une de mes branches versaillaises. Quelle ironie de rester coincée sur des ancêtres de Versailles moi qui y suis née !

Ce matin, j’ai donc tout préparé mais j’ai surtout emporté mes petites notes afin d’éclaircir une branche bien précise. J’ai pris ma voiture et ai laissé mes filles chez mes parents qui nous hébergent pour les vacances et qui se feront un plaisir de les gâter. Arrivée sur le parking de la Grande écurie, en face du splendide château de Versailles, je sors vite de ma voiture, décidée à ne pas perdre une minute.

La Grande Écurie – Château de Versailles

Quelque chose me heurte et patatras je laisse tomber mes affaires ! Je ne peux m’empêcher de grommeler mon mécontentement ! Je ramasse rapidement les feuilles éparses et retrouve mon précieux crayon de bois qui a roulé sous ma voiture ! Je me redresse et là le soleil m’éblouit ! Enfin ce sont plutôt les reflets du soleil levant sur la somptueuse bâtisse qui me fait face ! Que c’est désagréable de ne plus rien y voir ! Quelques battements de cils et tout redevient normal. Enfin façon de parler ! Ce n’est plus le château que je connais qui se trouve face à moi mais un autre plus modeste ! Et plus aucune voiture autour de moi sur le parking qui était déjà si surchargé !

Vue du Château de Versailles – Israël Silvestre (1621-1691)

Je ne comprends pas ce qui se passe… Je ressors du parking, regarde autour de moi… Quelqu’un arrive en courant et le voilà qui m’interpelle ! Comment je suis en retard ? Il me rappelle que nous devons nous presser, nous sommes attendus Place du Marché, en courant ça ne nous prendra pas plus de 5 minutes ! Place du Marché ? Mais je connais très bien ; j’y suis venue tant de fois petite ! Je me souviens encore des poules à vendre dans des casiers en bois, une vraie fascination pour la petite fille que j’étais !

Il a l’air de savoir ce qu’il fait, alors ma foi je le suis. J’ai à peine le temps de regarder autour de moi avec de grands yeux ronds. Je n’y crois pas, ce n’est pas possible ! Aurais-je été transportée dans le passé ? Moi qui utilise cette approche ludique avec mes élèves de CM1, j’aurais été prise à mon propre jeu ? Alors là c’est trop fort mais est-ce vraiment possible ? Un millier d’idées traversent mon esprit mais nous voilà déjà à destination. Il entre dans une maison et je le suis. Tout un groupe de personnes est réuni dont une femme toute de noir vêtue, la quarantaine. J’entends, sans vraiment entendre, ce qui se dit. Mon attention est totalement prise par l’homme qui m’a amenée ici. Il regarde la femme avec une grande douceur mais aussi une grande compassion. Il me regarde et m’apprend que c’est sa bien aimée, Catherine. Je m’intéresse enfin à ceux qui m’entourent, des hommes de lois, des membres de la famille… J’apprends que nous allons procéder à l’inventaire des biens d’Edme Le Brun qui est décédé – “c’est moi” me souffle l’homme à l’oreille – et de son épouse Catherine Furet.

Comment ? Je n’en reviens pas ! C’est ce fameux couple qui me pose tant de soucis ! J’ouvre grandes mes oreilles et surtout mes yeux ! Nous montons à l’étage dans une chambre, sur le derrière. Un petit homme note sur un carnet tous les objets ayant une quelconque valeur avec le montant estimé par un homme plus grand au regard fouineur. Tout le monde les suit à travers la pièce.

Puis ils s’intéressent aux vêtements ! Que c’est étrange de les voir faire, j’ai l’impression d’être une intruse ! Je vois le lit tout simple où se tiennent serrés les trois enfants : Charles 7 ans et demi, Suzanne (MA Suzanne !) 6 ans et François 4 ans. Je vois le lit des parents plus ouvragé. Cette unique pièce du logement où ils dorment, mangent, vivent ensemble au jour le jour me fait découvrir leur intimité. Edme semble se rendre compte de mon malaise, il vient me rassurer: “Tu es à ta place ici, tu me rendras hommage, non ?
– Bien sûr !”

Je ne peux que m’y engager alors que je vis une telle expérience ! Catherine a les larmes aux yeux depuis qu’ils ont commencé à inventorier le linge de son époux. J’ai envie de la serrer dans mes bras et de lui dire que tout va bien aller. Je sais que dans un an elle connaitra à nouveau le bonheur auprès de son nouveau mari. Ils auront 3 enfants qui grandiront avec les 3 aînés. Mais je ne dois rien dire, il ne faut pas risquer de changer le passé !

Les rares vêtements sont suivis des linges de corps et linges de maison.

Ils ne possèdent vraiment pas grand chose. Quelle intrusion dans leur vie…

Oh vite, les voilà qui se remettent au travail ! Il ne faut pas que je perde le fil ! Ils commencent l’inventaire des marchandises. Bien sûr, Edme Lebrun est quincailler ferblantier comme je l’ai découvert dans les registres ! Oh mais quel bric-à-brac ! Ah je comprends mieux qui sont ces messieurs qui nous accompagnent depuis le début, ils ont l’air de s’y connaitre, d’autres quincaillers sans doute venus pour estimer la marchandise ! Que c’est long et en même temps intéressant ! Tous ces objets… Nous faisons une pause pour grignoter mais il nous faut la journée entière pour tout évaluer. Catherine Furet reste stoïque mais je vois son regard fatigué, presque éteint. Elle doit avoir hâte que cette journée se termine ! Tout ce qui fait sa vie depuis plusieurs années est livré aux regards de ces étrangers, son avenir dépendra aussi de cette prisée.

Nous nous transportons ensuite dans un grenier attenant où se trouvent encore nombre de marchandises puis allons voir la baraque sur la place du marché qui sert d’étal. Enfin lecture est faite du seul papier important, le contrat de mariage signé il y a 10 ans. Rien de très particulier ; d’ailleurs je le connais, je l’ai découvert il y a plusieurs années aux archives !

Maintenant Catherine doit parler des dettes de la famille, d’une voix étranglée par l’émotion. Ces gens la dévisagent, elle n’est guère à l’aise. Elle annonce le prix du loyer de sa maison, le fermage pour l’emplacement de la baraque puis les 18 livres pour les gages qu’elle doit à un nommé Moreau compagnon à son service…

Oh oh voilà qui m’intéresse, Moreau c’est son second époux ! Je me tourne vers Edme Le Brun, il regarde sa femme avec attendrissement. La nuit tombe on ne voit presque plus rien. Je ressors avec ces cinq messieurs laissant derrière moi Catherine et ses enfants dont Suzanne, mes ancêtres. Je ne vois plus Edme Le Brun, je cligne des yeux et ô surprise le château est face à moi ! Celui que je connais bien. Ma voiture est là… Je me dirige vers l’entrée des archives… Je sais par quoi commencer mes recherches : l’inventaire après décès de Edme Le Brun chez Me Mabile le 20 mars 1697 !

 


Quand #RDVAncestral rencontre #52Ancestors :
52 ancêtres en 52 semaines – Semaine 4 : près de la maison… dans les inventaires après décès

Ceci est mon premier Rendez-vous ancestral, un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante : Je me transporte dans son époque et je rencontre un aïeul. Le troisième samedi de chaque mois, retrouvez ainsi les belles rencontres que vous offrent les passionnés d’écriture :

J’ai pris plaisir à écrire ce #RDVAncestral. Comme je ne connais pas encore les nouveaux locaux des A.D. des Yvelines, j’en suis restée aux Grandes écuries… J’ai profité de cette occasion d’écrire pour utiliser le thème de #52Ancestors de cette semaine “Près de la maison” avec la difficulté supplémentaire que je me suis donnée cette année : utiliser les archives notariales. La semaine dernière j’ai évoqué l’intérêt des inventaires après décès pour les actes et papiers qui peuvent y être décrits, cette semaine j’ai abordé l’aspect de la vie quotidienne qu’ils nous fournissent.

Edme Le Brun était fils de vignerons bourguignons, il était né en 1663 à Goix, faubourg de Saint-Bris aujourd’hui Saint-Bris-le-Vineux en banlieue d’Auxerre. Au moins deux de ses sœurs étaient à Versailles avec lui. Comment sont-ils arrivés là ? L’énigme n’est pas encore résolue…

Source principale : inventaire après décès d’Edme Le Brun chez Me Mabile le 20 mars 1697, à Versailles.



52 ancêtres en 52 semaines – Semaine 4 : Près de la maison
Challenge de Amy Johnson Crow

4 commentaires

  1. Très sympa de retrouver les archives aux Écuries ! Ça ne me rajeunit pas Un bien joli rendez-vous.

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