Burgondes ? De la Burgondie à la Savoie !

Les Burgondes sont un peuple germanique originaire de la Mer Baltique et de l’Europe du Nord. Attirés par un empire romain qu’ils admirent, ils s’installent sur sa frontière, à cheval sur le Rhin.

Puis en 443, ayant perdu plusieurs batailles contre les Romains et les Huns, ils sont installés par les Romains en Sapaudia (pays des sapins) entre Jura et Alpes, sur les rives du lac Léman, l’ancien territoire du peuple celte les Allobroges.

Ils fondent un royaume qui se développera. Mais à l’origine ils s’établissent exclusivement sur le territoire de Genava (Genève), n’occupent pas les terres mais perçoivent des impôts des populations locales destinés à l’Empire qui les emploie. Ils gardent le contrôle sur deux grandes routes de l’Empire : celle qui mène en Italie par le col du Saint-Bernard et celle qui descend la vallée du Rhône. De cette manière, les Burgondes continuent de protéger des villes importantes de l’Empire romain. Ils vivent en bonne entente avec les gallo-romains à qui ils se mêlent alors qu’eux-mêmes étaient déjà très mélangés avec les Huns par exemple. Même après la conquête par les Francs, le royaume est conservé dans son entité ce qui mènera jusqu’à la Bourgogne actuelle. Et notre Sapaudia là-dedans ?

À l’intérieur de cet espace bourguignon, les terres des actuels départements de Savoie et de Haute-Savoie ne constituent qu’un espace marginal et hétérogène. Il n’y a pas de grand centre religieux, donc très peu de traces écrites le concernant au Haut Moyen Âge. Par le jeu des alliances, les aristocraties gallo-romaines, burgondes et franques ne forment plus qu’une. Cette aristocratie burgonde adopte massivement la loi Gombette des anciens Burgondes face au droit salique des Mérovingiens. Une nouvelle organisation sociale, fondée sur la prépondérance d’une aristocratie de sang apparaît. La langue parlée reste le gallo-romain avec quelques influences germaniques qu’on retrouve en particulier dans les toponymes comme les -inges du nord de la Savoie : Boisinges, Fillinges, Lucinges, Taninges, …

Charlemagne mentionne pour la première fois une Saboïa héritière de l’ancienne Sapaudia, qui s’étend de Nantua à l’actuelle Albertville, et du Léman au Grésivaudan. Les pagi sont établis et organisés quasiment comme au XVIIIe siècle : c’est la Maurienne, la Tarentaise, la Savoie-Propre, le Chablais, l’Albanais, le Genevois et le Faucigny.

La Savoie, comme le reste de l’Europe médiévale, est soumise au système féodal. Divers seigneurs y sont établis : les comtes de Savoie qui dépendent dès le XIe siècle du Saint-Empire romain germanique, les comtes et évêque de Genève, les Sires de Faucigny qui sont indépendants.

Petit à petit, la Maison de Savoie agrandit son territoire ! Le Comte de Savoie Amédée VIII devient duc de Savoie en 1416.

Pour la population de la Savoie, la vie ressemble au reste de l’Europe, elle est soumise au servage. La grande majorité des paysans savoyards sont des serfs mais leurs conditions s’améliorent tout au long du Moyen Âge et au-delà. Les seigneurs leur concèdent des tenures par un contrat à long terme : l’albergement. Il ne se distingue guère des censives et devient ensuite un bail emphytéotique.

Encore à la fin du XVIIIe siècle nombre d’albergements ont lieu, on les rencontre dans les archives notariales comme cet albergement des Révérends chanoines réguliers de Peillonnex au profit de mon ancêtre Louis Gevaux. Ce bail du domaine utile est à perpétuité sous réserve qu’il reste dans la famille et que la cense soit payée régulièrement sans manquement.

Ces albergements existèrent jusqu’à l’arrivée de la Révolution en Savoie. Mais contrairement à la France où l’abolition des privilèges sonna le glas des albergements, en Savoie ceux existants furent restaurés par la Restauration sarde de 1815 qui abolit le droit français intermédiaire de 1792-1815. Ils cessèrent d’être passés après l’annexion de 1860 mais continuèrent à être invoqués. Ainsi en 1901 un tribunal remonta jusqu’à un albergement de 1381 !

Mais nombre d’albergements avaient été rachetés par leur albergataire en 1771. En effet, les ducs de Savoie bien avant la Révolution française avaient prévu l’abolition des droits seigneuriaux. Et ce dès le XVIIe siècle.

Un édit de 1561 fixe les conditions pécuniaires de l’affranchissement et de la taillabilité personnelle, mais il n’est guère suivi de faits. Un édit de 1617 entraîne l’allégement général de toutes les charges. Le rachat des servis est étudié sérieusement par le gouvernement en 1632. Un projet est bâti en 1685 prévoyant le rachat pour une somme équivalente à vingt fois la valeur annuelle du servis. Mais ce n’est que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle que la politique d’affranchissement peut réellement commencer. L’édit du 20 janvier 1762 permet à Charles Emmanuel III d’affranchir gratis ses propres serfs. Le mouvement se développe à plusieurs niveaux. Des centaines de taillables obtiennent leur affranchissement par des accords directs avec le seigneur. Le processus est long et compliqué mais petit à petit il se met en place. À Viuz-en-Sallaz, le village de mes ancêtres, en vertu de l’Edit de 19 décembre 1771, certains se libèrent rapidement pouvant payer leur affranchissement, d’autres attendront l’affranchissement général. Monseigneur Biord, pour son mandement de Thyez fait un affranchissement général le 22 juin 1782 pour la somme de 61 mille livres de Savoie à payer par la communauté à savoir 20 milles livres dans 2 ans et le surplus avec intérêts.

Pour retrouver les affranchissements individuels de ses ancêtres, il faut chercher dans les registres des notaires grâce au tabellion dont je reparlerai…

Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants : L’abolition des droits seigneuriaux en Savoie: 1761-1793, Bruchet.

9 commentaires

  1. Je me sens comme chez moi dans ce challenge… C’est sans doute parce que mes ancêtres maternels (les discrets, égrèges, etc…) sont originaires de terres allant du lac d’Annecy à Samoëns – en passant par Taninges 😉
    Merci pour cette balade au pays : j’ai hâte de lire la suite.
    Mélanie – Murmures d’ancêtres

    1. Author

      Merci !
      Pas d’ancêtres sur Viuz-en-Sallaz ou les villages limitrophes ?

      1. Non (pas encore en tout cas !)
        Mélanie – Murmures d’ancêtres



Répondre à Rivet Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *