Mon arrière-grand-père Victor José Rahault (1893-1928) avait une automobile, et il n’était pas le seul dans la famille. Qu’en sait-on ?

Victor José Rahault est né en 1893 à Rio de Janeiro (voir ici). Il rentre en France avec ses parents au plus tard à l’âge de 5 ans puisqu’en 1899 il a un petit frère, Paul, qui nait à Paris 136 rue de Charonne. Ils y habitent au moins jusqu’en 1901.

Rue de Charonne, Paris

En 1902, c’est une petite fille, Angèle, qui agrandit la famille au Lilas, 14 Sente des Marchais. Avec le fils ainé, Eugène qui a 2 ans de plus que Victor, ils sont à présent 4 enfants.

Puisque cette semaine du défi 52 ancêtres en 52 semaines est une histoire de route, chemin, … Une “sente” est un petit chemin piétonnier desservant les jardins maraîchers, les vignes, les vergers et les maisonnettes. Elle est parcourue par les « messiers », gardes agricoles, qui surveillent les cultures en période de production.

Dans les 5 années qui suivent ils déménagent un kilomètre plus au sud, 11 rue des Bruyères. C’est là que le père de famille Landry Noël Rahault survient le 14 juin 1907. Eugène a 16 ans, Victor bientôt 14 ans, Paul 8 ans moins 2 jours et la petite Angèle préparait son 5e anniversaire pour le lendemain ! Leur mère, Ernestine Emilie Levêque, se retrouve donc veuve à 41 ans.

Les 3 garçons partent à la guerre :

  • le 2 août 1914 pour l’aîné, Eugène Marcel Rahault, qui malheureusement ne reviendra pas. Il décède un mois avant la fin de la guerre de bronchopneumonie grippale contractée au service ;
  • le 11 août 1914 pour le puîné, Victor José Rahault ;
  • le 15 avril 1918 pour le cadet, Paul René Rahault.

À leur retour, les 2 cadets ne tardent pas à se marier, avant même leur démobilisation. Ils convolent le même jour au même endroit, le plus jeune avec une belge et le plus âgé – notre Victor José Rahault – avec une fille de sa cousine-germaine, à moitié belge, dont j’ai déjà longuement parlé (ici).

Double-mariage des frères Victor et Paul Rahault

Victor José Rahault et son épouse Louise Joséphine De Boé ne tardent pas à avoir des enfants. Ils en ont 3 en un peu plus de 6 ans de mariage: en 1920, 1923 et 1926. C’est sans doute la mort accidentelle de Victor José Rahault en 1928 qui empêche la famille de s’agrandir davantage.

Entre son retour de la guerre fin 1919 et son décès en mai 1928, Victor José Rahault achète une automobile contre tout bon sens car il n’en a guère les moyens avec son petit salaire, le travail de blanchisseuse de son épouse et les petites bouches à nourrir.

À quoi pouvait bien ressembler sa voiture ? En 1920, ce sont pas moins de 330 000 automobiles qui sont en circulation, autant dire que ce moyen de transport se popularise !

Peut-être une Citroën 10HP type A ?

Quelle était alors la réglementation ? S’il a commencé à conduire avant 1922, il a eu besoin d’un certificat de capacité, délivré par le préfet du département de sa résidence, sur l’avis favorable du service des mines. Les limitations de vitesse sont de 30 km/h en rase campagne et 20 km/h en agglomération.

Après 1922, il fallait posséder un permis de conduire toujours délivré par le préfet mais sur l’avis favorable d’un expert accrédité par le ministre des Travaux publics. Et il n’y avait plus de limitations de vitesse ! Il était donc possible de rouler à la vitesse que l’on souhaitait, en dehors des agglomérations où il fallait conserver une allure “modérée” !

Je n’ai malheureusement que la mémoire familiale pour savoir qu’il a eu une voiture. Aucune photographie le concernant. Par contre, j’ai une photographie de son cousin germain Camille Rahault avec sa propre voiture dans les années 30. On trouve aussi sur la photo sa femme Jeanne et leur fille Ginette, sa tante Ernestine (mère de notre Victor) accompagnée de sa fille Angèle Rahault et du second époux de celle-ci, Gabriel Vanhoutte (encore un belge dans la famille !).

Famille Rahault

Et sur cette photographie, ce sont les parents de Camille : Adrien Eugène Rahault et son épouse Amélie. On y aperçoit un camion. Adrien Eugène était chauffeur-mécanicien, il est en tenue de travail.

Camille Rahault et son épouse

En étudiant la famille de près, on se rend compte que tous les hommes sont chauffeurs-mécaniciens, ajusteurs-mécaniciens ou mécaniciens. Derrière le terme de “chauffeur-mécanicien” il faut imaginer un ouvrier spécialisé dont le métier consiste essentiellement à alimenter en combustible une chaudière sur une installation immobile (par exemple la chaudière d’une machine à vapeur d’une fabrique) ou mobile (locomotive à vapeur, bateau, etc.) et qui connait les bases du fonctionnement de sa machine pour pouvoir la réparer.

Il n’a donc rien à voir avec le chauffeur d’automobile qui à l’origine était l’employé chargé de chauffer les bougies avant le départ ! À cette époque une voiture était un luxe pour gens aisés…

Mais il semblerait qu’au début du siècle, le développement de l’automobile est attiré nombre de ces chauffeurs-mécaniciens à se spécialiser dans l’industrie automobile.

Une photographie du frère de Victor José Rahault, montre que ce Paul René Rahault tenait un garage près de Nation à Paris ! Garage où l’on donnait des leçons de conduite !

Pour obtenir l’examen, le conducteur devait savoir démarrer une voiture, l’arrêter et la diriger, mais également connaître quelques notions de mécanique. Avant que les “auto-écoles” n’apparaissent en 1917, c’était aux constructeurs automobiles que revenait la tâche de préparer les élèves au certificat de capacité. Certains centres d’apprentissage étaient même installés dans des débits de boisson ! En 1925, les leçons de conduite sur la voie publique sont peu à peu réglementées et le dispositif de « double commande » est rendu obligatoire à Paris sur l’ensemble du territoire national le 5 juillet 1930.

Paul Rahault, sa femme et leur chien, devant leur garage


52 ancêtres en 52 semaines : Semaine 43 – Transport

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