Des métiers de verrerie

À Paris, en 1809 naît la petite Marie Jeanne Adèle Soels.

Son père, âgé de déjà 65 ans, est un belge installé à Paris depuis plus de 35 ans. Garçon tailleur d’habits, il épouse la fille de son défunt patron en 1774 et prend la suite de son beau-père. Sept ans plus tard, ils se séparent et divorcent au tout début de la Révolution, dès que cela leur est possible.

Il se remarie en l’An IV. A nouveau divorcé ou veuf, il se remarie avec Monique Blandin. Qui était-elle ? Tout reste à découvrir. Avec sa dernière épouse il a donc une fille puis deux ans plus tard un fils. Il meurt à 73 ans alors que ses enfants n’ont que 8 et 6 ans.

(source : Heredis 2019)

Marie Jeanne Adèle Soels exerce la profession d’émailleuse. Elle est mariée à 17 ans à un serrurier. De leurs sept enfants, seulement trois survivront. Le fils sera serrurier comme son père et la fille aînée, souffleuse de perle.

(source : Heredis 2019)

Mais qu’est-ce donc qu’une émailleuse ? Qu’une souffleuse de perle ? Voyons cela en détails.


Selon l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,

  • “L’émail est une préparation particulière du verre, auquel on donne différentes couleurs, tantôt en lui conservant une partie de sa transparence, tantôt en la lui ôtant.”
  • “Les émailleurs à la lampe font une infinité de petits ouvrages, tels que des magots, des animaux, des fleurs, des aigrettes, des poudres brillantes, etc.” Ce sont ceux-ci qui font les perles fausses.
  • “Dans un atelier de perles soufflées, les uns soufflent ou des perles à olives, ou des perles rondes; d’autres des boucles d’oreille, ou des perles baroques. Ces perles passent des mains de l’émailleur, entre les mains de différentes ouvrières; leur travail est de souffler la couleur d’écaille de poisson dans la perle; de sasser les perles dans le carton, afin d’étendre la couleur au-dedans de la perle; de remplir la perle de cire; d’y passer un petit papier roulé; de mettre les perles en collier, etc.”

L’émailleuse et la souffleuse de perle sont donc deux ouvrières qui façonnent de fausses perles. Ces perles factices ressemblent aux véritables perles par leur eau ou par leur couleur. Au XIXe siècle, on utilise une technique inventé par Mr Janin. Il faut utiliser les écailles d’un petit poisson appelé alba qu’on trouve dans la rivière de Marne. Elles ont tout le lustre des perles réelles. En insérant les écailles dissoutes dans la cavité d’un grain de collier, ou grain de girasole, on obtient une couleur proche de celle des perles réelles. Pour l’y faire entrer et l’étendre dans toute la cavité, la matière est soufflée avec la bouche puis la perle est remuée dans un panier d’osier protégé de papier. Pour en augmenter le lustre, les perles sont suspendues au plafond dans un mélange et chauffées par le bas l’hiver. L’ouverture est bouchée à l’aide de cire fondue également soufflée. Puis les perles sont percées avec une aiguille et enfilées en collier.

Voilà comment sont fabriquées les fausses perles. C’était donc le métier de ces deux ancêtres parisiennes.C’est semble-t-il dans ces conditions que l’émailleuse travaille.

L’intérieur d’une arrière-boutique ou d’un cabinet, dont tous les jours sont fermés par des rideaux, est le lieu de travail quotidien de l’émailleuse pour qu’elle puisse mieux voir la flamme de sa lampe.

L’émailleuse assise devant sa table, le pied sur la marche qui fait hausser et baisser le soufflet, tient de la main gauche l’ouvrage qu’elle veut émailler et conduit de la main droite le fil d’émail amolli par le feu de la lampe en formant des ouvrages avec une adresse et une patience également admirables.

Elle utilise un couteau d’acier pour trancher les pièces d’émail et les séparer du tube qui a servi à les souffler.Marie Jeanne Adèle Soels travaillait plus certainement dans un atelier obscurci avec plusieurs autres ouvrières.

Elle tenait certainement le rôle de l’émailleuse de droite. Celle qui tient la girasole pour la réduire en plus petits tubes et en faire ensuite des perles.

Sa fille quant à elle était souffleuse de perle, c’est le rôle que tient la deuxième ouvrière en partant de la gauche, celle qui souffle la girasole.A moins qu’il ne s’agisse de l’ouvrière de droite.

Tandis que l’ouvrière du fond écaille le poisson nommé ablette, l’ouvrière devant elle suce avec un chalumeau de verre la liqueur, dans laquelle l’écaille de l’ablette est dissoute. L’ouvrière assise en face, donc celle de droite, introduit en soufflant dans le chalumeau une goutte de cette liqueur dans la girasole ou perle fausse, qu’elle jette ensuite dans la corbeille qui est placée dans le sasseau qui est sur la table.

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